Horseback | Locrian - New dominions Après les interminables mais très belles circonvolutions ambient/shoegaze/drone/noise/krautrock/psychédéliques de ses premiers opus (les deux premiers albums du projet ont d'ailleurs été réédités au premier semestre 2011 chez Relapse sous le titre The gorgon tongue: Impale golden horn + Forbidden planet), ponctionnées d'épisodes drone/black terrifiants et magnétiques, Horseback a livré A throne without a king, split remarqué puisque sorti chez Hydrahead Industries, à l'occasion duquel Jenks Miller partageait "l'affiche" en compagnie des énigmatiques Pyramids, puis Half blood, un album de rock psychédélique aux tentations stoner assumées et soubresauts doom/black atypiques du bonhomme, avant de s'offrir une nouvelle collaboration avec un split en compagnie de Locrian.

Le prolifique américain face à ses compatriotes, aussi productifs sinon plus, le choc expérimental est orchestré par Relapse et se fait dans l'harmonie la plus totale, les deux entités partageant bien des similitudes dans leurs approches créatives même si ce qu'ils faisaient chacun de leur côté, n'était pas forcément dans l'exact même registre. Mais cette fois, ils le font ensemble, ce split étant une réelle collaboration entre Locrian et Horseback, les deux livrant chacun une pièce individuelle tout en ayant co-signé les deux premières créations figurant en ouverture de ce disque. Lesquelles reposent sur un mélange d'ambient, de doom et de sludge dronisant, magnétique et minimaliste. Un alliage sonore hautement expérimental mais moins hermétique qu'il n'y paraît au premier abord. Sans être non plus des plus accessibles, la "faute" à ces vocalises black-metal qui viennent écorcher le polissage des compositions. Un mélange de fausse tranquillité hypnotique et de violence lointainement inexorable, latente ("The gift").

Une répétitivité volontaire dans le motif sonore ("Our epitaph" toujours composé à "2"), une ingénierie de pointe qui lorsque Locrian oeuvre, transporte l'auditeur sous un amas doom/shoegaze/metal envoûtant ("In the absence of light"), ou à défaut, vient ébrécher le calme apparent qui nappait jusqu'alors "Oblivion eaters". De nouveau, les effluves black malsaines chères à Horseback viennent larder de coups de poignards mentaux la tranquillité post-rock que Jenks Miller se plaît à instiller sur ses créations. Complétant ainsi, entre délicatesse nacrée et noirceur décadente, presque horrifique, la densité post-metallique insufflée par Locrian.