Hord - The Book of Eliot Après deux occasions ratées et pourtant autant d'albums plutôt remarqués sur la scène métallique hexagonale, revoici la Horde montpelliéraine qui vient tambouriner à la fenêtre du terrier avec son troisième effort : The book of Eliot. Laquelle progéniture a vu le jour, comme la précédente par le biais d'un label frenchy indépendant de plus en plus incontournable j'ai nommé : Send the Wood Music (Gnô, Hardbanger, Spinning Black Circle...), et qui, dès les premières secondes, annonce du lourd catégorie metal alternatif qui va pulser dans les éprouvettes avec son alliage particulièrement addictif d'influences djent, métalliques et progressives...

Impression qui se confirme dès l'introductif "Analepsis" : le décor est posé, les arrangements laissent entrevoir la tonalité générale de l'album et la mécanique vocale se met déjà en action alors que l'arsenal métallique se dégourdit encore les riffs... avant de laisser la place à un "Confession" qui met en branle les turbines de l'usine Hord. Rayon production, c'est impeccable, niveau créatif, c'est à la fois classieux et inspiré voire même légèrement innovant si l'on compare avec la production francophone actuelle. Un mélange de puissance brute de décoffrage et de mélodies ardentes mais qui ne font pas que verser dans la sauvagerie âpre, le groupe fait l'étalage d'un savoir-faire assez irréprochable mis en exergue par des ambiances particulièrement travaillées ("The sleepless journey"). On valide.

Une maîtrise redoutable mise au service d'une créativité et d'un propos qui ne triche jamais avec ses arguments sonores et trébuchants, Hord la joue guerrière avec un "At the gates" tout en virulence acerbe, en évitant soigneusement les clichés d'un métal bourrin ou marshmallow calibré pour les masses, et s'offre même un climax et quelques breaks de premier choix. On monte en pression et les Montpelliérains sonnent l'heure des bonhommes avec "Landscape with the fall of Icarus" pour lequel le quintet sort donc la grosse artillerie. Puissance de feu foudroyante, lessiveuse métallique activée et les vocaux qui balancent la tripaille. Ca ne rigole plus, mais alors plus du tout. Et si le groupe ménage quelques passages un peu plus mélodiques, histoire de ne pas verser dans la monolithique bêta, ça cogne pas mal et ça ne fait vraiment pas semblant ("The unwaverings").

Parce que The book of Eliot est plutôt du genre alpha (et parvient jusqu'à l'omega sans la moindre faute de goût), la preuve avec l'excellent "On collision course", qui témoigne de toute la qualité d'un groupe capable d'alterner, douceur et violence, éruption de rage et expression mélodique, sans jamais sacrifier sa cohérence ou son équilibre créatif. Un sentiment encore une fois confirmé des morceaux du très gros calibre d'un "Unleash the hermod" (séance de démolition live assurée), ou d'un "Kindermord" aux textures progressives et sauvages plutôt très modernes. Et ce n'est pas l'ultime "What the thunder said" qui viendra abaisser le niveau d'excellence général d'un album quasi irréprochable de bout en bout. Classe.