HKY - HKY Building escape plans to the atmosphere... peut-on lire en introduction de leur page MySpace, les HKY cultivent un certain anonymat au-delà de la seule notion d'entité musicale qui les entoure. Mais au-delà de tout élément biographique relativement dispensable pour décrypter leur musique, on se contentera de dire que HKY et leur premier effort et qu'il sort chez Music fear Satan (One Second Riot). D'un point de vue strictement artistique, dès que l'on pose le disque dans le lecteur, on est tout de suite immergé dans ce magma sonore qui vient happer tout forme de vie pour lui faire expérimenter la puissance de ce metal downtempo aux contours sludge/doom dont le groupe se fait le maître d'oeuvre. Redéfinissant l'adjectif "massif", le groupe dresse devant nous un véritable monolithe métallique, gorgé d'une saturation qui ne nous lâchera pas une seconde. Nous voià prévenus.
Le son de la discorde, avilissant, brutal et écrasant : HKY fait parler la haine dans un élan de sauvagerie brute d'une rare intensité, ce en même temps que s'élèvent des profondeurs de l'Enfer, des riffs d'une lourdeur incommensurable, comme plombés par cette douleur insoutenable trop longtemps retenue et qui aujourd'hui, suinte par tous les pores d'un "Monument inversion" pachydermique. Le premier titre de ce disque sans concession est complètement dans la veine de ce qui va suivre. Des morceaux qui allient la puissance du metal à l'intensité du post-hardcore, le tout blindé de quelques samples industriels à la Godflesh. Les férus de comparaisons se laisseront tenter par AmenRA, Neurosis et Omega Massif, les autres, seront littéralement submergés par les flots de lave métallique que le groupe déverse sur "Curve and abundance", un deuxième titre à la tension paroxystique. Le groupe assène son propos avec force et maîtrise, il martèle ses compos d'une section rythmique de plus en plus lourde, façonnant son art dans la forge d'Hadès pendant qu'il liquéfie nos membranes auditives à coups de samples déviants et de hurlements écorchés vifs. L'abrasion sensorielle a un nouveau représentant de marque.
Dense et monobloc, HKY est un disque qui ne fait absolument pas dans la demi-mesure, le groupe y développant ici un son âpre et rugueux dont la noirceur n'est pas sans évoquer un Overmars ou dans une moindre mesure la référence Cult of Luna. Des élements instrumentaux qui se déchaînent sans fin et au milieu de tout cela, "Heaven sent anvil" qui expose ses arguments mélodiques afin de nous procurer des sensations fortes, celles-ci décuplées par le caractère oppressant de l'ensemble. On pense alors à Rosetta dans cette capacité à faire naître la lumière depuis l'obscurité qu'à HKY et c'est alors que celui-ci se laisse aller à conclure sa troisième piste dans un amas sonore ambiant et saturé qui nous laisse à penser que Justin Broadrick (Jesu) aurait très bien faire un petit détour en studio avec le groupe. Et pourtant il n'en est rien, car au milieu des prestigieuses influences que l'on essaiera un peu en vain de lui apposer, le sextet laisse parler le souffle d'une écriture personnelle qui se plaît à flirter avec les extrêmes et qui trouve son aboutissement dans le quatrième et denier morceau du disque : "In worship facing the ruins". Groove infernal, déflagration sismique, le groupe boucle avec une classe incomparable un disque tellurique aux vibrations destructrices. HKY : trois lettres marqués au fer rouge pour un groupe qui développe un metal downtempo matîné de postcore lourd, massif, presque doom, d'une sauvagerie parfois sans nom ou d'une beauté sans égal. (Grande) Classe.