Hiro | Who Needs Maps? Hiro vs Who Needs Maps?, deux représentants d'un certain esprit noise-hardcore-punk sulfurique - et en mode "French DIY-touch" - qui entrent en collision le temps d'un split LP fatalement attendu au tournant, ça laissait supposer une jolie séance de concassage des tympans. Et c'est le cas. Orchestrée par toute une flopée de labels indé dont les toujours excellents Impure Muzik (Jack and the Bearded Fishermen, Membrane, Sofy Major, Tesa...), Moment of Collapse (Ausstôt Mort, Selenites...) et autres Orchidscent plus inconnus, cette "rencontre" gravée sur un élégant vinyle rouge marbré marque également le dernier témoignage discographique des furieux mais trop rares (et accessoirement excellents) Hiro. Donc on en profite une petite dernière fois avant le baisser de rideau définitif.

Et le groupe aussi, lui qui déclenche les hostilités d'entrée de jeu avec une volée de titres bien saignants (moins surpuissants et monstrueusement massifs que par le passé cependant), mais plus crus, acerbes et hargneux que jamais. Quatre titres pour enterrer l'auditeur avant de se saborder la tête haute, Hiro fonce dans le tas et dégaine deux premiers morceaux qui incendient les enceintes sans prévenir. Une combustion spontanée dont les principaux responsables sont des riffs sol -air qui arrosent les conduits auditifs au napalm, mais également une exécution chirurgicale et une rage particulièrement expressive qui fait de jolis dégâts dans la tuyauterie ("L'errance", "La tentation"). Le scénario est parfaitement rédigé : une attaque en piqué, une expédition noisecore punitive qui laisse des traces et des guerilleros franc-comtois qui calment le jeu avec un troisième morceau destiné à laisser parler son efficacité insidieuse et subversive plutôt que de donner dans le contact outrageusement frontal. Malin.

Le résultat n'est pas calme pour autant même si l'on s'attendait à quelque chose de plus salement violent. L'impression qui ressort ici est celle d'un chaos savamment contrôlé, une maîtrise absolue que le groupe laisse exploser une dernière fois, bien outillé qu'il est avec ses guitares imparables, ses quelques éléments mélodiques de premier choix et toujours ce cocktail hautement addictif de noise, de hardcore et de rock'n'roll... Là où par contre, sans guère de transition, Who Needs Maps? prend le relai pour faire joyeusement sauter la boutique. 4 pistes sans titre distillant un emo-hardcore-punk qui pistonne sec, c'est roots as fuck, ça transpire la sauvagerie pure, ça passe les neurones dans la lessiveuses et ça fait parler la poudre jusqu'à réduire les amplis à un tas de cendres. Intense et corrosive, la mixture sonore ici proposée, ne s'embarrasse pas des convenances. On oublie les présentations et on rentre directement dans le gras, le batteur frappe comme si sa vie en dépendait, le riffing est saignant, la basse... volubile, les vociférations vocales âpres absolument sans concession : en clair Who Needs Maps? est une claque que l'on prend violemment en pleine face et dont on attend impatiemment les prochains méfaits.