Ceux qui avaient découvert le groupe via le split avec Brume Retina savent de quoi je parle. En deux titres, les bisontins avaient carbonisé le platine à coup de hardcore screamo punk intense et abrasif et déjà marqué durablement les esprits. Pour ceux qui vont faire leur baptême "hiro-ïque" avec ce split présentement chroniqué et rangé dans un digipack classieux, on va faire court, simple et efficace : Hiro c'est la classe cinq étoiles. En trois claques, le groupe nous met à genou.
La démonstration débute avec "Refoulés" et prend fin sur "Demain ne mène à rien", au milieu des deux, "Le mépris" étant chargé de faire le liens entre les deux. Trois titres et autant de brulots incandescents marqué sous le sceau du hardcore, intensément émotionnel, magnifiquement corrosif. A la lecture des noms des morceaux, aucun doute, la musique d'Hiro n'a rien d'une ballade bucolique. Là n'était évidemment pas l'idée de départ. Le résultat n'en est que plus impressionnant. Après un petit sample d'introduction, "Refoulés" met les guitares en avant et envoie directement la sauce. Speedé et abondamment assaisonné en riffs acérés et section rythmique carnassière, le hurlement ravageur et la puissance de feu destructrice, le quartet bisontin frappe fort et nous scotche littéralement aux enceintes, notamment avec un final au piano majestueux. Un deuxième titre enlevé ("Le mépris"), plus hardcore-punk, moins compact mais tout aussi aguisé et le groupe s'offre un dernier tour de piste avec "Demain ne mène à rien". Le propos est lucide, le texte (en français) s'attaque à notre esprit jusqu'à nous rendre irrémédiablement addict. La fièvre au corps, Hiro se veut passionné, maîtrisant ses éclairs de rage foudroyante pour en accentuer l'impact quand il ne produit pas des atmosphères remarquablement désespérées. Un must absolu.
Après une telle claque, difficile de faire mieux et il faut bien reconnaître que les suédois d'Amalthera, s'ils ne déméritent pas, ont bien du mal à soutenir la comparaison. Et s'ils ne boxent pas dans la même catégorie, évoluant ici dans un registre plus émo/screamo rock, ne font pas oublier leurs prédécesseurs. Cela dit, après quelques écoutes attentives, on décèle dans l'alternance des vocalises (émo aigues et hardcore graves) et dans les mélodies uniques que distillent patiemment le groupe, ce petit "truc" qui fait qu'Amalthea sort efficacement son épingle du jeu. Certes, il faut se forcer à oublier quelques instants ce qu'à fait Hiro pour pleinement se plonger dans l'univers des scandinaves, mais une fois fois cet effort consenti, l'effet est quasi immédiat. Répondant aux trois titres des frenchies par une triplette chantées (ou hurlée) en anglais, les suédois dévoilent une musique à la puissance émotionnelle assez imprévisible et en évolution permanente. "We are comedians" est ainsi un modèle du genre quand "We smile in denial" fait appel à des orchestrations subtiles qui font ainsi constamment osciller Amalthea entre douleur vive et apaisement délicat. Un dernier titre ("We share laughter in torment") mélangeant complètement les genres, post-rock, screamo-core, indie-rock, pour mieux s'affirmer et les suédois referment ce split avec le sentiment du devoir accompli et l'assurance d'avoir révélé deux groupes déjà difficilement dispensables.
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