Metal Métal > Helmet

Biographie > Helmet la table?

Helmet 1989 : Page Hamilton monte Helmet. Musicien au talent fou, frontman charismatique, l'homme a pour but de bâtir un groupe de rock/ metal alternatif intense et particulièrement heavy. Un an suffit aux américains pour composer et enregistrer son premier album Strap it on, un disque qui sort chez le très respecté label indé Amphetamine Reptile Records et va se poser comme l'un des disques fondateurs du metal des années 90. Radical et brut de décoffrage, il vaut au groupe d'être signé chez une major, en l'occurence Interscope Records. La machine est lancée et Helmet va alors signer l'un des meilleurs albums de l'histoire du metal : Meantime (1992). Deux ans après, la roue commence à tourner dans l'autre sens pour le groupe de Page Hamilton et le nouvel album des américains (Betty) est très critiqué. Il faut dire que le groupe n'a pas voulu se reposer sur ses lauriers et a pris des risques. Mal lui en a pris. Il faudra trois ans au groupe pour pondre un disque avec Aftertaste, un excellent disque, mais qui n'aura pas le succès escompté, ce qui ronge un peu l'ambiance au sein de la bande. 1999, le groupe se sépare. Page Hamilton s'en va tourner à droite et à gauche, épaulant notamment Trent Reznor sur la tournée post-The Fragile de Nine Inch Nails, Helmet semble définitivement mort et enterré.
Et pourtant, courant 2003, la rumeur enfle sur la toile, le groupe va renaître de ses cendres avec un line-up tout beau tout neuf : Page Hamilton aux commandes (évidemment...) sera accompagné de Chris Traynor (qui avait déjà fait partie du groupe), Joe Tempesta (ex-Rob Zombie et Frank Bello (Anthrax). Dans le genre line-up qui a de la gueule, on a vu pire. Helmet new look se remet au travail et pond Size Matters. Un petit tour et puis s'en va ? Un disque pour jouer la carte de la réformation à but lucratif. Peut-être, peut-être pas... Quoiqu'il en soit, le groupe remet ça en 2006 avec Monochrome. Comme quoi, il semblerait que les grands groupes aient bien du mal à rester "six feet under".

Interview : Helmet, Interview à la Page (février 2017)

Interview : Helmet, L'interview casquée (sept. 2014)

Helmet / Chronique LP > Left

helmet left Pour être honnête, je ne me souvenais plus du titre du dernier album d'Helmet... Et même s'il remonte à 2016, ce n'est pas une excuse car les Betty ou Aftertaste ont su se faire un nom il y a bien plus longtemps. Dead to the world n'a pas grand chose pour lui ce qui peut justifier son oubli. La question qui se pose 7 ans plus tard avec ce Left, c'est : "va-t-il connaître la même trajectoire, celle d'une comète qui éclaircit le ciel puis retombe dans l'oubli jusqu'à son passage suivant (dans 7 ans ?) ?".

Avec "Holiday", ça part plutôt bien, le titre sonne et sa mélodie nous saute à la gorge dès les premières secondes, c'est raffiné et tout vole en éclat rapidement, c'est incisif, agressif, ça surprend à la première écoute, on s'en délecte ensuite. C'est clairement le meilleur titre d'Helmet au XXIe siècle ! Les relances, les breaks, le chant, les sons des grattes, le solo, ... tout est vraiment parfait ! Le reste de l'opus a bien du mal à s'élever à ce niveau ensuite, même si on retrouve un peu de hargne, de mélodies tranchantes et de rythmes saccadés. Plus qu'au Helmet des années 90, celui de 2024 ressemble à Therapy? (ce côté noisy assez brut qu'affectionne les Irlandais est présent sur "Gun fluf" ou "Bombastic") ou à Filter (le chant de Page Hamilton allant parfois sur les terres de Richard Patrick comme sur "Make-up" ou "Powder puff"). Ce n'est pas désagréable, mais ça a de quoi surprendre. Les New Yorkais n'hésitent pas à foutre le bordel dans nos têtes en ajoutant des titres qui sortent carrément de leur "ordinaire" (si tant est qu'ils en aient un) avec une "Reprise" instrumentale qui sert d'interlude (et de rampe de lancement à un assez bon "Dislocated"), un morceau acoustique qui fait honneur à l'origine du rock américain arrangé avec de jolies cordes ("Tell me again") et termine l'album avec un autre hommage, au jazz cette fois-ci, via une reprise de John Coltrane ("Resolution"), le morceau reste très jazzy et donc loin de l'univers distordu d'Helmet et assez éloigné aussi des autres covers que le groupe nous a déjà offerts (Black Sabbath, Killing Joke, The Beatles, David Bowie, Blue Öyster Cult...).

Belle pochette (qui me fait penser à l'univers de The last of us avec ces sentiments de désolation et de solitude), belle production (signée Jim Kaufman avec qui ils avaient bossé sur Size Matters et qui a travaillé avec Funeral For A Friend, Skindred ou Anti-Flag), mais un ensemble de morceaux assez disparates qui ont du mal à exister en bloc... Peut-être que les avoir écrit sur une trop longue période nuit à l'unité et au format compact que j'attends davantage de la bande de Page Hamilton. Cet avis, comme toutes les chroniques, est bien sûr discutable, mais tout le monde sera d'accord avec moi si je dis qu'il est dommage qu'il n'y ait pas plus de "Holiday".

Helmet / Chronique LP > Dead to the world

Helmet - Dead to the world Alors qu'on pensait Helmet revenu aux affaires pour reprendre une place de choix dans le paysage musical, le groupe a pris son temps pour tourner et se poser depuis la sortie de Seeing eye dog, voilà déjà 6 ans. C'est donc plus un rythme de sénateurs qu'une traversée du désert mais en même temps, Page Hamilton fait bel et bien partie de la caste des patrons. Côté changement, Dave Case est arrivé à la basse (poste qu'il occupe depuis 2010 mais c'est la première fois qu'il compose avec le groupe) et le combo a retrouvé un label, en l'occurence earMUSIC (label de pas mal de groupes des seventies mais aussi de Skunk Anansie ou KXM). Pour le studio, si Hamilton surveille de près l'intégralité du processus, les titres ont été travaillé par des habitués à savoir Toshi Kasai aux prises (Seeing eye dog mais aussi Red Sparowes ou les Melvins par exemples), Jay Baumgardner au mixage (déjà à l'oeuvre sur Size Matters mais qui a aussi bossé avec Ugly Kid Joe, Sevendust, Coal Chamber, Spineshank...) et Howie Weinberg au mastering (Meantime, Betty et tout le gratin du rock : Garbage, Deftones, Jeff Buckley, Faith No More, Kyuss, Pantera, Nirvana, Rammstein, RHCP, Slayer...).

Ce Dead to the world est assez mélodieux, chargé en ballade plus ou moins tranquilles avec, au final, assez peu d'aspérités. Pour celui qui aime le Helmet tranchant et haché, il faudra se contenter de cette belle entame avec la grosse attaque que représente "Life or death" (sa version "slow" en fin d'opus n'apporte pas grand chose) et surtout "I love my guru", un des titres les plus énervés de l'opus avec "Die alone" et "Drunk in the afternoon" qui eux aussi correspondent aux critères de l'appellation d'origine contrôlée "Pure tradition Helmet". Page Hamilton sort alors les crocs, sa férocité vocale se transmet à sa guitare et à la rythmique, ça pulse comme il faut et ça fait plaisir à entendre. Pour le reste, c'est du Helmet très assagi, qui semble incapable d'être à fond plus de 30 secondes et cherche à prouver par des mélodies un peu sirupeuses qu'il peut être simplement rock. Parfois, ça passe, comme sur ce "Bad news" dont l'approche sonne très Foo Fighters ou comme sur "Green shirt" (une sucrerie pop sautillante) et "Expect the world" (dont les passages lourds donnent du relief). Ces ballades sont assez agréables, bien plus que les déceptions que sont "Red scare" (malgré un joli petit solo), l'éponyme "Dead to the world" (qui semble se perdre en route) et "Look alive" (là aussi, la guitare a du mal à nous sauver de l'ennui).

Si Helmet nous sortait un album tous les deux ans, on pourrait se contenter de 6-7 bons titres et 3-4 moyens, mais après six années de disette, on aurait aimé être totalement comblé. Ce qui fait l'intérêt du groupe, c'est bien son âpreté et son côté brut de décoffrage, si les sons deviennent lisses et travaillés, on perd quelque chose, on a davantage de mal à se replonger dans nos bons souvenirs et on devient déplaisant avec un groupe culte qui sort pourtant un album tout à fait honorable.

Helmet / Chronique LP > Seeing eye dog

Helmet - Seeing eye dog Seeing eye dog, l'oeil du tigre et les crocs affutés, Page Hamilton et son gang sont "back to business" avec un album chargé de passer derrière le très bon Monochrome. Pas simple quand même. Règle de base immuable avant un nouvel album d'Helmet : black out absolu pour ne pas être tenté par les inévitables extraits audio qui filtrent plus ou moins légalement sur le web, on attend sagement... et on se jette sur le CD dès que celui-ci au courrier. Petit privilège du chroniqueur rock, c'était bien avant la sortie... Du coup, même en s'étant précipité dessus avec une voracité qui pouvait inquiéter le quidam lambda, on a quand même eu le temps de le digérer et de fait, de dresser un constat implacable : si beaucoup de "vieux" groupes déçoivent ses derniers temps, Helmet fait le boulot. Comme d'hab'...
Des riffs affutés comme le veut la tradition avec les auteurs de l'incomparable Betty (qui reste encore et toujours leur "master piece"), un assemblage metal alternatif qui fait vibrer les cloisons en même temps qu'il nous fait sauter au plafond, "So long" et surtout l'éponyme "Seeing eye dog" démontrent que le groupe n'a pas perdu grand chose de sa fougue juvénile, de sa propension à accoucher de titres aux guitares saignantes et au groove inflammable... et d'en mettre plein les enceintes. Quelques titres plus légers ("Welcome to algiers", "LA Water") pour varier un peu mais une bonne dose de compos au riffing aiguisé et à la section rythmique ardente ("White city") en guise de mise au point, Helmet n'a plus rien à prouver, ni aux critiques, ni à son public, ni à l'industrie d'ailleurs puisque Seeing eye dog sort via le propre label du groupe, Work Song. On n'est jamais mieux servi que par soit-même, surtout dans le disque...
En clair, Page Hamilton et ses gars font ce qu'ils veulent. Quand ils ont envie d'un titre pop, on a droit à un "And your bird can sing" sympathique au demeurant (normale, c'est une cover des Beatles en même temps), quand ils veulent envoyer du gras dans les enceintes et faire parler la poudre comme personne, c'est l'efficace et abrasif "Miserable" qui répond. Et là ça calme tout de suite les ardeurs. Parce que si on n'a pas compris, les gaziers en rajoutent une petite derrière avec l'imparable "She's lost" et son final bulldozer qui met tout le monde au pas. 10 titres parfois bien burnés, d'autres fois plus aérés, la maturité (et la liberté de choix) faisant gentiment son oeuvre peut-être, Helmet démontre qu'à l'heure de son septième album, il évolue, change, sans pour autant renier sa nature première, à savoir : servir un cocktail rock/metal alternatif des plus efficace, intègre et ravageur.

Helmet / Chronique LP > Monochrome

Helmet : Monochrome Deuxième opus pour Helmet depuis sa reformation pour Size Matters, cet album démontrera au moins deux choses : d'une que Page Hamilton avait vraiment envie de faire quelque chose de son groupe et non pas un petit one-shot commercial, de deux, qu'avec un artwork aussi moche, cette fois, c'est bon on sait que les new-yorkais font leur come-back définitif (cf : les pochettes de Born annoying ou Aftertaste sic). Problème, Size Matters, leur précédente livraison était plutôt un bon album de metal mainstream, mais pour un disque du calibre des premières oeuvres du groupe on était loin du compte. Alors quid de ce Monochrome, dont on ne sait plus vraiment quelle est sa vocation. Heureusement, Page Hamilton a la réponse, son effort précédent était une échauffement, cette fois, il est de retour et il n'est pas content. Et pour le faire savoir, le frontman du groupe a le choix des armes : un "Swallowing everything" eb forme d'attaque frontale contre l'industrie des majors (et notamment Interscope/ Universal que le groupe a quitté après Size Matters pour signer avec Warcon Enterprises) ou un "Brand new" en forme de rouleau compresseur metal rock oppressant. Après ces deux premiers titres, il est clair qu'Helmet a cette fois délaissé le metal alternatif mélodique pour nous compacter les tympans à coups de riffs tectoniques et de rythmiques implacables. Et nous voilà explorant une faille spatio-temporelle, le groupe semblant être revenu d'un coup aux grandes heures de Strap it on et Meantime. Rageur, gueulard même, le combo américain se fait plaisir en nous livrant quelques solo de gratte bien sentis et surtout exécutés avec une aisance à faire pleurer bon nombre de guitaristes de jeunes formations supposées "hype". Et dans l'intervale, entre les deux albums, le line-up du groupe a subi un petit ravalement de façade à l'occasion de ce Monochrome, Mike Jost et Jeremy Chatelain (pas celui des torchons people, l'autre...) débarquant au sein de la troupe aux postes de batteurs et de bassiste. La prod, sèche et limpide est encore une fois nickel (je le tente.... ok, je le tente, "chrome" donc...) et Helmet insuffle à son nouvel opus une énergie brute terriblement communicatrice. Helmet est redevenu ce groupe capable en n'importe quel instant de nous servir un morceau abrasif et hargneux comme on en fait plus depuis trop longtemps, d'autant que Page Hamilton paraît plus en forme que jamais et que ceux qui l'accompagnent sont à la hauteur du défi proposé. Car, quoiqu'on dise des performances de leurs prédécesseurs, ce qui est évident, c'est que, l'apport des deux petits nouveaux de la bande a donné un bon coup de boost au groupe qui accouche là, d'un album comme il n'en avait plus sorti depuis Betty, soit une bonne douzaine d'année... La suite au prochain épisode (?).

Helmet / Chronique LP > Size matters

helmet_size_matters.jpg Il y a des gens qui sont ce que l'on appelle affectueusement des die-hard fans, en gros des mecs qui sont tellement accrocs à un truc qu'ils ne voient même plus ce qu'il peut y avoir autours. Sept ans après la mise à mort du groupe, sept ans après un Aftertaste qui aura convaincu les amateurs de metal alternatif efficace et déçu les inconditionnels du son lourd, abrasif et rentre-dedans de ses débuts, Helmet nous fait le coup du phoenix. Revenant par là-même avec un line-up tout beau, tout neuf et qui a franchement de la gueule, du moins sur le papier, le groupe est sacrément décidé à en découdre avec les dieux du metal et ne se privera pas de le faire savoir. On écoute "Smart" avec une certaine appréhension (sept ans d'attente quand même !), la prod est bétonnée, les riffs sont lourds, tranchants, destructeurs, OK, Page Hamilton a pris option vocaux ultra-mélodiques pendant ses sept années de hiatus "Helmetien" passées notamment à faire mumuse aux côtés de Trent Reznor (NIN) et le changement a de quoi surprendre. La transition avec le pape du rock industrielle est toute trouvée, Danny Lohner ayant participé à la production de ce Size Matters, blindé niveau effets sonores et qui met parfaitement en valeur des titres taillés pour la scène ("Drug lord" notamment). Et pourtant, oui il y a un "mais", le groupe ne retrouvera pas ce qui en faisait l'un, sinon LE groupe incontournable de la scène metal rock alternative des années 90. On pense aux Foo Fighters pour évoquer le rock catchy des américains tant le son du groupe est plus moderne que jamais. En effet, l'aspect "roots fait à la maison" qui caractérisait l'hallucinant Strap it on a disparu. Définitivement cette fois... Ce Helmet new look serait-il rentré dans le rang ? Oui... et non. Affirmatif mon colonel parce que les compos sont calibrées pour exploser les fosses sans vraiment apporter de sang neuf à une scène metal alternative US qui ne manque pas de talentueux représentants ([Note de l'auteur : Page, si tu nous lis, les Deftones t'ont mis quelques longueurs d'avance... et les kids ont pris le train en marche]) ; non pas complètement mon p'tit, parce qu'à défaut d'une innovation de tous les instants, le groupe fait preuve d'une efficacité encore remarquable. Vous me direz, vu les CV des gusses, ce serait la moindre des choses. Soit, mais au final, les effets d'annonces, c'est une chose, réaliser un album qui, sept ans après le split du groupe, tienne la route, en est une autre. Aussi, certains fossoyeurs de groupes sur le retour attendaient avec une impatience non feinte d'enterrer Helmet pour mieux célébrer la nouvelle vague des combo metalcore estampillés "Roadrunner style", ils en seront pour leurs frais, le groupe ayant encore quelques beaux restes. Et ce n'est pas la suite qui nous donnera tort.

Helmet / Chronique LP > Aftertaste

helmet_aftertaste.jpg 3 ans après son dernier album studio (Betty), Helmet revient sur le devant de la scène avec Aftertaste. Son prédecesseur ayant été un succès commercial et artistique, les amateurs de rock/ metal saignant et incisif attendaient beaucoup de cette nouvelle offrande de la formation new-yorkaise. Et la deception, relative, est sans doute à la hauteur des espoirs placés en Aftertaste. Non pas qu'il s'agisse d'un mauvais album, loin de là, mais le groupe de Page Hamilton semble avoir perdu un peu de ce qui faisait son âme, à savoir, cette colère sourde qui ne demande qu'à éclater au grand jour, cette densité hors-norme... sur les deux premiers titre de cet album, on n'y est mais alors plus du tout. La prod est lisse, les riffs trop classieux pour un groupe tel qu'Helmet, on ne peut s'empêcher d'être un peu nostalgique de l'époque Meantime. Mais peu à peu, l'album gagne en puissance et du coup en pouvoir d'attraction. Entre la lourdeur d'un "Exactly what you want" ou la densité sonore de "Like I care", en passant par les quelques solos de gratte du meilleur cru "Driving nowhere". Le groupe est plutôt en forme mais les puristes, les fans hardcore de la première heure risquent d'en être pour leur frais, le virage mélodique pris par le groupe est à mille lieux des grosses mines aux tendances hardcores que composait le groupe à ses débuts. Certains apprécieront l'évolution, d'autres s'en iront rechercher Strap it on dans leur discothèque. Et en même temps, malgré l'évidente qualité du cocktail rock/ metal alternatif servi par Helmet sur ce nouvel opus, on ne peut que regretter que les nouvelles voies musicales explorées sur Betty aient été snobées de la sorte. Et pendant les trois années qui sépare les deux albums, le groupe a choisi d'assainir ses riffs, de lisser sa section rythmique et au final, malgré trois ou quatre très bons titres, de rendre un album un peu trop "sage". Un comble pour la formation new-yorkaise. Dès lors, les titres se suivent, se ressemblent (un peu trop parfois...) et sans que l'ennui n'en soit à pointer le bout du museau, on sent bien que quelque chose s'est peut-être rompu. Et là, le "truc" que l'on attendait plus vraiment, pensant que le groupe avait définitivement cédé, ou tu moins pour cet album, à la facilité d'un metal/ rock calibré pour les masses, Helmet renaît de ses cendres et nous offrent un "High visibility" puissant et mélodique, carré et parvenant à trouver cette efficacité qui a fait en grande partie la renommée du groupe. Et Page Hamilton de poursuivre en nous collant de force un "Insatiable" rageur et tout en aggressivité avant d'en conclure avec "Crisis king". Un excellent titre un peu foutraque, halluciné et hargneux... Un peu comme si Helmet venait de trouver une seconde jeunesse en l'espace de même pas trois titre. Malheureusement la suite nous donnera tort, le groupe mettant fin à ses activités. Du moins pour un temps...

Helmet / Chronique LP > Born annoying

helmet_born_annoying.jpg Compilation sortie en 1995 par Amphetamine Reptile Records, alors que le groupe est signé depuis deux albums chez Interscope, Born annoying, réunit sur une seule galette tous les 45 tours produits par Helmet à ses débuts. L'intérêt d'un tel disque me direz-vous ? Tout simplement d'assurer une nouvelle livraison d'inédits du groupe entre deux album studios. On passe alors en mode flashback et on revient aux premières heures du groupe, avant même la sortie de Strap it on. On découvre l'éponyme "Born annoying", titre enregistré en 1989, année où le groupe s'est formé, et après quelques minutes, on a tout le loisir de mesurer le chemin parcouru par le gang de NY. Entre les titres les plus mainstream de Betty et ce morceau originel et presque fondateur, il y a des dizaines kilomètres. Distorsion à tout va, saturation oppressante, on revient au temps d'un Helmet furieusement underground, un Helmet à l'âpreté palpable, a la production approximative et à l'efficacité qui nous colle les deux genoux à terre... On s'enquille le deuxième titre dans les écoutilles : un "Rumble" exclusivement instrumental, en forme de véritable déflagration au tempo incroyablement élevé. "Shirley McLaine" ralenti le rythme mais et le groupe prend le temps de faire parler sa fureur, de déverser un véritable torrent de lave en fusion sur nos enceintes pourtant plutôt habituées au traitement de choc d'un "Fbla" ou d'un "Meantime". On en prend plein les tympans, on a toujours cette impression que l'album a été enregistré non pas dans un studio professionnelle, mais la cave de la voisine et pourtant le groupe a toujours ce truc, quasi indéfinissable qui fait que sa musique marque les esprits. Il faut une chaleur étouffante, tu veux penser à autre chose qu'à cette atmosphère moite qui semble t'enlacer dès que tu mets le nez dehors, les new-yorkais ont LA solution. T'administrer directement dans les écoutilles un "Your head", aussi expéditif que terrassant, une énième claque sonore qui achèvera bon nombre d'initiés au son des natifs de la Grosse Pomme. Et pour les survivants, les baroudeurs qui résistent à tout, Helmet a encore sous le coude deux petites reprises de haute volée : "Oven" des Melvins et "Primitive" de Killing Joke. Du premier choix donc, que le groupe se charge d'exécuter avec toute la maîtrise que cela suppose. En guise de petit dessert, Helmet nous file du rab de ce que l'on a déjà dégusté en hors d'oeuvre : "Born annoying", mais réenregistré en 1993. Un ultime morceau pour refermer cette compilation et nous démontrer avec force et pertinence à quel point le groupe a gagné en matûrité depuis ses débuts quatre ans plus tôt. Comme si on en doutait...

Helmet / Chronique LP > Betty

helmet_betty.jpg Nous sommes en 1994, lors des quatres dernières années, Helmet a posé deux bombes à fragmentation sur la scène metal/ rock internationale, au point d'en devenir après seulement deux albums, l'un des fers de lance incontournables. Dès lors qu'espérer d'Helmet après les impressionnants brulôts métalliques que sont Strap it on et Meantime ? Un nouveau disque de référence ? Une déception forécement consécutive aux trops grandes attentes que suscitera la sortie du troisième album des new-yorkais ? La question mérite d'être posée avant même de poser une oreille sur ce Betty a l'artwork franchement déroutant. Sérieusement; Helmet aurait-il viré mainstream, avec un visuel tout naïf et bien propret ? La réponse tient eu deux mots : "Wilma's rainbow" et une nouvelle grosse mandale assénée par un groupe toujours au sommet de sa forme et de son art. Steve Albini n'est plus là à la production et pourtant le son, plus lisse soit dit en passant, est absolument monstrueux, les riffs détonnant et la section rythmique en impose sévère. On est rassuré. D'autant que la suite est du même calibre, le dyptique "I know" / "Biscuit for smut" impressionnera jusqu'aux inconditionnels du groupe et donc habitués aux explosions de rage si chères à Page Hamilton et sa bande.
Entre fulgurance électriques, murs de grattes infranchissables et instrumentations gorgées d'effets (une première pour un groupe qui nous avait habitué à une musique assez sèche et brute de decoffrage...). Henry Bogdan à la quatre cordes s'éclate comme un gamin sur "Milquetoast" et ses lignes de basse omniprésentes. Page Hamilton est plutôt en forme et à son aise, lui que beaucoup considèrent comme peu charismatique... et il nous gratifie au passage de quelques passages de gratte bien couillus. Quant à John Stanier, que dire sinon qu'un batteur humain et normalement constitué devrait en chier grave pour tout rentrer toutes ses parties de batterie de la sorte, mais que lui semble faire ça sans trop forcer. En tous, cas, sur CD, c'est l'impression qu'il laisse. L'addition de ces trois zikos plutôt pas manchots avec leurs instruments et désireux d'en découdre, ça donne en gros : "Tic" et "Rollo". Deux hits absolus que le groupe nous jette en patûre avec une puissance démentielle. Malheureusement, Bettyest également un album de major, Helmet ayant signé chez Interscope Records avant Meantime. Et si son précédent effort aurait pu sortir sur n'importe quel label indépendant tant sa rage était intacte, ce troisième album tent par moments à basculer vers un metal/ rock plus lisse et calibré ("Vaccination"...). Et si jamais, Helmet était en train de rentrer dans le rang et des céder définitivement aux sirènes des charts ? Heureusement, adepte du redressement in-extremis, le groupe nous gratifie d'un déroutant "Beautiful love", entre intro blues jazzy et divagations métal noisy qui partent dans tous les sens. Et les américains d'enfoncer définitivement le clou avec les massifs et mélodiques "Speechless" puis un "The Silver Hawaiian" au groove sidéral à l'efficacité comme toujours avec le groupe, à tomber raide. Betty est sans aucun doute l'album de tous les dangers pour Helmet, le groupe s'en sort finalement plus qu'avec les honneurs, malgré quelques difficultés à tenir la distance.

Helmet / Chronique LP > Meantime

helmet_meantime.jpg Comment décrire Meantime sinon commencer par dire que c'est sans doute le petit frère surdoué de Strap it on. Une sequelle discographique pour laquelle le groupe passe encore la vitesse supérieure en terme de puissance, de production et de maîtrise. Véritable hymne metallique et alternatif, tout en explosion de rage et desespoir à fleur de peau, "In the meantime" nous prend aux tripes, la puissance qui ressort d'un "Ironhead" fait exploser nos certitudes concernant Helmet. Oui le groupe peut faire mieux que son premier album (ce qui est déjà un sacré tour de force en soi), oui il peut bénéficier maintenant de moyens suffisant pour lui assurer un son à la hauteur de ses exigeances. Le son justement, c'est peut-être ce que certains puristes pourront regretter, il est plus propre, plus net et du coup moins "roots" que sur Strap it on... ce qui faisait par exemple la force démentielle de "Sinatra" par exemple. Mais le groupe a choisi d'évoluer, de se remettre en question, sans jamais perdre ce qui faisait sa spécificité. Ce talent hors norme pour enquiller des riffs simples mais tellement efficaces, ces tourments qui n'en finissent plus d'agiter les compositions du groupe, cette rage brute qui est l'une des marques de frabrique des américains. Dense ("Give it"), abrasif et salvateur ("Unsung"), massif ("Turned out"), Meantime bénéficie cette fois d'une production très haut de gamme puisque ce n'est autre que Steve Albini qui s'est chargé du second album d'Helmet. Petit défaut cependant, certains titres n'évitent pas une certaine redite ou alors sont délibérément jumeaux ("Turned out" et "He feels bad"), mais étant donné le plaisir que l'on a à réécouter encore et encore chaque morceau, on n'est pas fâché d'avoir dix titres plutôt que neuf. Ne boudons pas notre plaisir. A écouter lui aussi comme une oeuvre très compacte et coulée dans un seul moule, cet album est sans conteste une excellente alternative au rock calibré grunge 90's et qui vendait il y a quinze ans des millions de disques. En cela, Helmet est plus underground, cultive son radicalisme sans jamais délaisser les quelques solos imparables que nous réserve également Meantime ("You borrowed", la second "Fbla"). Parce que quoi qu'on en dise, entre éléctricité opressante et vocalises rageuses, Page Hamilton et ses gars nous offrent là un grand album de rock/ metal alternatif, rugueux, détonnant et foutrement couillu.

Helmet / Chronique LP > Strap it on

helmet_strap_it_on.jpg Aride, sans concession aucune, la musique d'Helmet déverse sa rage dès les premières secondes de "Repetition", premier titre du premier album de la meute guidée par Page Hamilton. Radical, brut de décoffrage, enregistré dans une logique d'économie de moyens assez impressionante en regard du résultat pondu par le groupe, Strap it on explose à la face de l'auditeur, ses riffs acérés comme des lames de rasoir nous entaillant la peau pour imprimer sa marque. Définitivement. Alternative à la scène de Seattle des années 90 (Pearl Jam, Soundgarden), Helmet se fait hargneux, cherchant sans cesse à se démarquer de ses contemporains tout en affirmant sa personnalité bien trempée. "Rude" puis "Bad moon" défilent et les américains ne se contentent pas de nous distiller des morceaux rugueux et agressifs, ils nous balancent des parpaings sonores sur la platine. Du genre qui va laisser des traces... et qui en laisse plus d'une effectivement. Le son est parfois un peu brouillon, (niveau prod, on fait ce que l'on peut avec ce qu'on a...) mais qu'importe, Helmet fait passer sa fureur, de grès ou de force. Ecouter pour la première fois le hit ultime "Sinatra", monstrueux climax de cet album, c'est prendre une grosse rasade de rmetal alternatif incandescent dans les conduits auditifs et ne jamais complètement s'en remettre. Implacable, la section rythmique semble être faite d'un metal inoxydable, la musique du groupe joue la carte de la répétition et des dissonances sans jamais égarer l'auditeur, celui-ci de toutes les façons accrochés comme un damné à ses enceintes. Et que dire de l'effet que procurent un titre en acier trempé tel que "Fbla" ou les riffs tectoniques de l'énorme "Black top". Des lignes de gratte trempées dans de l'acide sulfurique, un batteur qui peut et fait à peu près tout ce qu'il veut sans jamais en mettre une petite miette à côté, "Make room" et "Murder" en imposent et force le respect. Helmet est violent, ne fait jamais dans le demi-mesure et en Strap it on s'est trouvé un exutoire rageur et desespéré où le groupe lâche tout sans regarder derrière lui. Puissant, simple, d'une urgence effrayante et d'une efficacité hallucinante, on s'incline. Pas de doute, avec Strap it on, Page Hamilton et Helmet tiennent un album de référence. Monumental.