Helmet - Dead to the world Alors qu'on pensait Helmet revenu aux affaires pour reprendre une place de choix dans le paysage musical, le groupe a pris son temps pour tourner et se poser depuis la sortie de Seeing eye dog, voilà déjà 6 ans. C'est donc plus un rythme de sénateurs qu'une traversée du désert mais en même temps, Page Hamilton fait bel et bien partie de la caste des patrons. Côté changement, Dave Case est arrivé à la basse (poste qu'il occupe depuis 2010 mais c'est la première fois qu'il compose avec le groupe) et le combo a retrouvé un label, en l'occurence earMUSIC (label de pas mal de groupes des seventies mais aussi de Skunk Anansie ou KXM). Pour le studio, si Hamilton surveille de près l'intégralité du processus, les titres ont été travaillé par des habitués à savoir Toshi Kasai aux prises (Seeing eye dog mais aussi Red Sparowes ou les Melvins par exemples), Jay Baumgardner au mixage (déjà à l'oeuvre sur Size matters mais qui a aussi bossé avec Ugly Kid Joe, Sevendust, Coal Chamber, Spineshank...) et Howie Weinberg au mastering (Meantime, Betty et tout le gratin du rock : Garbage, Deftones, Jeff Buckley, Faith No More, Kyuss, Pantera, Nirvana, Rammstein, RHCP, Slayer...).

Ce Dead to the world est assez mélodieux, chargé en ballade plus ou moins tranquilles avec, au final, assez peu d'aspérités. Pour celui qui aime le Helmet tranchant et haché, il faudra se contenter de cette belle entame avec la grosse attaque que représente "Life or death" (sa version "slow" en fin d'opus n'apporte pas grand chose) et surtout "I love my guru", un des titres les plus énervés de l'opus avec "Die alone" et "Drunk in the afternoon" qui eux aussi correspondent aux critères de l'appellation d'origine contrôlée "Pure tradition Helmet". Page Hamilton sort alors les crocs, sa férocité vocale se transmet à sa guitare et à la rythmique, ça pulse comme il faut et ça fait plaisir à entendre. Pour le reste, c'est du Helmet très assagi, qui semble incapable d'être à fond plus de 30 secondes et cherche à prouver par des mélodies un peu sirupeuses qu'il peut être simplement rock. Parfois, ça passe, comme sur ce "Bad news" dont l'approche sonne très Foo Fighters ou comme sur "Green shirt" (une sucrerie pop sautillante) et "Expect the world" (dont les passages lourds donnent du relief). Ces ballades sont assez agréables, bien plus que les déceptions que sont "Red scare" (malgré un joli petit solo), l'éponyme "Dead to the world" (qui semble se perdre en route) et "Look alive" (là aussi, la guitare a du mal à nous sauver de l'ennui).

Si Helmet nous sortait un album tous les deux ans, on pourrait se contenter de 6-7 bons titres et 3-4 moyens, mais après six années de disette, on aurait aimé être totalement comblé. Ce qui fait l'intérêt du groupe, c'est bien son âpreté et son côté brut de décoffrage, si les sons deviennent lisses et travaillés, on perd quelque chose, on a davantage de mal à se replonger dans nos bons souvenirs et on devient déplaisant avec un groupe culte qui sort pourtant un album tout à fait honorable.