Helmet - Seeing eye dog Seeing eye dog, l'oeil du tigre et les crocs affutés, Page Hamilton et son gang sont "back to business" avec un album chargé de passer derrière le très bon Monochrome. Pas simple quand même. Règle de base immuable avant un nouvel album d'Helmet : black out absolu pour ne pas être tenté par les inévitables extraits audio qui filtrent plus ou moins légalement sur le web, on attend sagement... et on se jette sur le CD dès que celui-ci au courrier. Petit privilège du chroniqueur rock, c'était bien avant la sortie... Du coup, même en s'étant précipité dessus avec une voracité qui pouvait inquiéter le quidam lambda, on a quand même eu le temps de le digérer et de fait, de dresser un constat implacable : si beaucoup de "vieux" groupes déçoivent ses derniers temps, Helmet fait le boulot. Comme d'hab'...
Des riffs affutés comme le veut la tradition avec les auteurs de l'incomparable Betty (qui reste encore et toujours leur "master piece"), un assemblage metal alternatif qui fait vibrer les cloisons en même temps qu'il nous fait sauter au plafond, "So long" et surtout l'éponyme "Seeing eye dog" démontrent que le groupe n'a pas perdu grand chose de sa fougue juvénile, de sa propension à accoucher de titres aux guitares saignantes et au groove inflammable... et d'en mettre plein les enceintes. Quelques titres plus légers ("Welcome to algiers", "LA Water") pour varier un peu mais une bonne dose de compos au riffing aiguisé et à la section rythmique ardente ("White city") en guise de mise au point, Helmet n'a plus rien à prouver, ni aux critiques, ni à son public, ni à l'industrie d'ailleurs puisque Seeing eye dog sort via le propre label du groupe, Work Song. On n'est jamais mieux servi que par soit-même, surtout dans le disque...
En clair, Page Hamilton et ses gars font ce qu'ils veulent. Quand ils ont envie d'un titre pop, on a droit à un "And your bird can sing" sympathique au demeurant (normale, c'est une cover des Beatles en même temps), quand ils veulent envoyer du gras dans les enceintes et faire parler la poudre comme personne, c'est l'efficace et abrasif "Miserable" qui répond. Et là ça calme tout de suite les ardeurs. Parce que si on n'a pas compris, les gaziers en rajoutent une petite derrière avec l'imparable "She's lost" et son final bulldozer qui met tout le monde au pas. 10 titres parfois bien burnés, d'autres fois plus aérés, la maturité (et la liberté de choix) faisant gentiment son oeuvre peut-être, Helmet démontre qu'à l'heure de son septième album, il évolue, change, sans pour autant renier sa nature première, à savoir : servir un cocktail rock/metal alternatif des plus efficace, intègre et ravageur.