helmet_born_annoying.jpg Compilation sortie en 1995 par Amphetamine Reptile Records, alors que le groupe est signé depuis deux albums chez Interscope, Born annoying, réunit sur une seule galette tous les 45 tours produits par Helmet à ses débuts. L'intérêt d'un tel disque me direz-vous ? Tout simplement d'assurer une nouvelle livraison d'inédits du groupe entre deux album studios. On passe alors en mode flashback et on revient aux premières heures du groupe, avant même la sortie de Strap it on. On découvre l'éponyme "Born annoying", titre enregistré en 1989, année où le groupe s'est formé, et après quelques minutes, on a tout le loisir de mesurer le chemin parcouru par le gang de NY. Entre les titres les plus mainstream de Betty et ce morceau originel et presque fondateur, il y a des dizaines kilomètres. Distorsion à tout va, saturation oppressante, on revient au temps d'un Helmet furieusement underground, un Helmet à l'âpreté palpable, a la production approximative et à l'efficacité qui nous colle les deux genoux à terre... On s'enquille le deuxième titre dans les écoutilles : un "Rumble" exclusivement instrumental, en forme de véritable déflagration au tempo incroyablement élevé. "Shirley McLaine" ralenti le rythme mais et le groupe prend le temps de faire parler sa fureur, de déverser un véritable torrent de lave en fusion sur nos enceintes pourtant plutôt habituées au traitement de choc d'un "Fbla" ou d'un "Meantime". On en prend plein les tympans, on a toujours cette impression que l'album a été enregistré non pas dans un studio professionnelle, mais la cave de la voisine et pourtant le groupe a toujours ce truc, quasi indéfinissable qui fait que sa musique marque les esprits. Il faut une chaleur étouffante, tu veux penser à autre chose qu'à cette atmosphère moite qui semble t'enlacer dès que tu mets le nez dehors, les new-yorkais ont LA solution. T'administrer directement dans les écoutilles un "Your head", aussi expéditif que terrassant, une énième claque sonore qui achèvera bon nombre d'initiés au son des natifs de la Grosse Pomme. Et pour les survivants, les baroudeurs qui résistent à tout, Helmet a encore sous le coude deux petites reprises de haute volée : "Oven" des Melvins et "Primitive" de Killing Joke. Du premier choix donc, que le groupe se charge d'exécuter avec toute la maîtrise que cela suppose. En guise de petit dessert, Helmet nous file du rab de ce que l'on a déjà dégusté en hors d'oeuvre : "Born annoying", mais réenregistré en 1993. Un ultime morceau pour refermer cette compilation et nous démontrer avec force et pertinence à quel point le groupe a gagné en matûrité depuis ses débuts quatre ans plus tôt. Comme si on en doutait...