helmet_betty.jpg Nous sommes en 1994, lors des quatres dernières années, Helmet a posé deux bombes à fragmentation sur la scène metal/ rock internationale, au point d'en devenir après seulement deux albums, l'un des fers de lance incontournables. Dès lors qu'espérer d'Helmet après les impressionnants brulôts métalliques que sont Strap it on et Meantime ? Un nouveau disque de référence ? Une déception forécement consécutive aux trops grandes attentes que suscitera la sortie du troisième album des new-yorkais ? La question mérite d'être posée avant même de poser une oreille sur ce Betty a l'artwork franchement déroutant. Sérieusement; Helmet aurait-il viré mainstream, avec un visuel tout naïf et bien propret ? La réponse tient eu deux mots : "Wilma's rainbow" et une nouvelle grosse mandale assénée par un groupe toujours au sommet de sa forme et de son art. Steve Albini n'est plus là à la production et pourtant le son, plus lisse soit dit en passant, est absolument monstrueux, les riffs détonnant et la section rythmique en impose sévère. On est rassuré. D'autant que la suite est du même calibre, le dyptique "I know" / "Biscuit for smut" impressionnera jusqu'aux inconditionnels du groupe et donc habitués aux explosions de rage si chères à Page Hamilton et sa bande.
Entre fulgurance électriques, murs de grattes infranchissables et instrumentations gorgées d'effets (une première pour un groupe qui nous avait habitué à une musique assez sèche et brute de decoffrage...). Henry Bogdan à la quatre cordes s'éclate comme un gamin sur "Milquetoast" et ses lignes de basse omniprésentes. Page Hamilton est plutôt en forme et à son aise, lui que beaucoup considèrent comme peu charismatique... et il nous gratifie au passage de quelques passages de gratte bien couillus. Quant à John Stanier, que dire sinon qu'un batteur humain et normalement constitué devrait en chier grave pour tout rentrer toutes ses parties de batterie de la sorte, mais que lui semble faire ça sans trop forcer. En tous, cas, sur CD, c'est l'impression qu'il laisse. L'addition de ces trois zikos plutôt pas manchots avec leurs instruments et désireux d'en découdre, ça donne en gros : "Tic" et "Rollo". Deux hits absolus que le groupe nous jette en patûre avec une puissance démentielle. Malheureusement, Bettyest également un album de major, Helmet ayant signé chez Interscope Records avant Meantime. Et si son précédent effort aurait pu sortir sur n'importe quel label indépendant tant sa rage était intacte, ce troisième album tent par moments à basculer vers un metal/ rock plus lisse et calibré ("Vaccination"...). Et si jamais, Helmet était en train de rentrer dans le rang et des céder définitivement aux sirènes des charts ? Heureusement, adepte du redressement in-extremis, le groupe nous gratifie d'un déroutant "Beautiful love", entre intro blues jazzy et divagations métal noisy qui partent dans tous les sens. Et les américains d'enfoncer définitivement le clou avec les massifs et mélodiques "Speechless" puis un "The Silver Hawaiian" au groove sidéral à l'efficacité comme toujours avec le groupe, à tomber raide. Betty est sans aucun doute l'album de tous les dangers pour Helmet, le groupe s'en sort finalement plus qu'avec les honneurs, malgré quelques difficultés à tenir la distance.