Heirs - Fowl Il y a un an et demi on découvrait Heirs, quartet originaire de l'hémisphère sud qui, entre downtempo, ambient metal à tendance industrielle et postcore 4 étoiles délivrait alors avec Alchera un album de grande classe. Mais apparemment ça ne leur suffisait pas... alors les Australiens ont remis le couvert un an et demi plus tard, toujours chez l'inlassable et prolifique label qu'est Denovali Records (de Celeste à Mouse on the Keys en passant par Revok, Her Name is Calla, Omega Massif ou Les Fragments de la Nuit), avec un Howl au visuel pour le moins curieux. Ceci étant, vu la provenance de l'objet (qui plus est livré dans un digifile des plus élégants), on pouvait s'y coller les yeux fermés.
Et à raison. Ce, bien que le groupe ait semble-t-il décidé de jouer un peu avec ceux qui l'avaient découvert quelques mois plus tôt (ou même avant pour les plus chanceux...). De fait, on engage donc les hostilités le temps de quelques quatre minutes d'un ambient rock aux textures électro rythmées par une batterie sentencieuse jouant sur la répétitivité d'un motif mélodique réduit à sa plus simple expression. Le minimalisme revue et corrigé par ces Australiens-là, c'est quelque chose quand même. Puis... l'explosion rageuse avec l'entrée des guitares. Et là, Heirs fait sonner les guitares, ne change pas son tempo d'un iota, n'insufflant ici qu'une grosse louche de densité avec un aplomb qui ne supporte guère de contestation. Un "Dust" inaugural structuré à la perfection, démontrant ici que le groupe fait preuve d'un sens de la mise en scène et de la progression harmonique plutôt affûté.
On est déjà pas mal impressionné... et pourtant ça, ce n'était rien. Car c'est maintenant que les choses sérieuses débutent, avec l'éponyme "Fowl" et sa progression interminable dans les affres d'un postcore sombre et bruitiste à la violence discrète, masqué par une saturation omniprésente et un son assez heavy, magmatique et abrasif. Du lourd... que l'on imagine suivi d'une nouvelle descente aux enfers, ce qui évidemment incite le groupe a changer son fusil d'épaule pour proposer un "Burrow" post-noise lumineux et virevoltant (avec des synthés...) puis un "Tyrant" en forme de déferlante postcore aux vibrations indus et noise effervescentes. Plus affirmé dans son écriture que son prédécesseur, Fowl voit les Heirs radicaliser leur approche artistique et s'affirmer un peu plus tout en se distinguant de l'étiquette vaguement postcore que l'on était tenté de leur apposer ("Men"). Raisonnement simpliste..., bien trop pour un groupe qui se plait à mélanger les genres comme personne et a ainsi construire des morceaux aux architectures plus complexes qu'il n'y paraît ("Mother") avant un final en apothéose avec l'implacable et sur-saturé "Drain". Imparable.