Headcharger Sway n'est pas un des titres de l'album, pourquoi ce nom ?
Seb : Tu sais, quand c'est ton huitième album, il faut être certain que tu as encore des choses à dire et à proposer. On avait l'image de la flamme qui vacille. En effet, quand on a composé cet album, il y a eu des fois des questionnements, des coups de moins bien, mais aussi plein d'idées, de souffles positifs et surtout cette flamme qui nous tient...
Rom : Sway, comme vient de le dire Seb, signifie "vaciller"... En choisissant ce nom d'album, on a voulu sous-entendre la vie d'un groupe, avec les hauts, les bas, les moments de doute que l'on peut vivre pendant 20 années d'existence ! On ne voulait pas spécialement le nom d'un titre qui figure sur l'album, mais plutôt quelque chose qui parle de notre vie de groupe ! Quelque chose qui a réellement du sens pour cet anniversaire... c'est quand même notre 20ème année d'existence !

C'est le même groupe, la même équipe de production, le même label que pour l'album précédent, ça facilite les choses ?
S : Forcément oui, mais pas que... On a voulu que ce Sway forme une sorte d'unité autour de ceux qui bossent dessus. La production artistique a inclus peut-être encore plus le travail de Guillaume Doussaud du Swan Sound Studio. C'est réellement un membre d'Headcharger dans cette phase. Nous avons aussi écouté les conseils de notre label et enfin et surtout, nous nous sommes écoutés nous cinq. C'est certainement l'album de Headcharger où cette notion de groupe a été le plus respectée.
R : Maintenant, on se connait bien, et même très bien... On connait les points forts, mais aussi les points faibles de chacun ! Et on sait aussi ce que l'on veut, et ne veut pas ! Et ça, ça facilite vraiment les choses ! On gagne beaucoup de temps sur la composition des titres. Et comme notre maison de disque, le label At(h)ome, nous laisse carte blanche, on ne se prive pas, on fonce et on fait ce qu'il nous plait ! C'est une véritable chance d'être entouré par des personnes aussi compétentes, et qui ont une confiance sans failles en nous ! On peut bosser et créer sereinement.

Vous n'avez pas peur de voir s'installer une routine ?
S : Pas du tout. Chaque album a vraiment son histoire et clairement, nous sommes différents sur chacun d'entre eux. Faire vivre un groupe de rock en France est tout sauf routinier. Tu dois tout le temps t'adapter et c'est aussi tout le charme de ce métier.
R : On aurait arrêté depuis bien longtemps si cette routine s'était installée... Rien que le fait d'avoir intégré Antoine (batterie) et Dav (guitare) il y a maintenant 5 ans, nous a remis sur les rails pendant au moins 10 ans (rires). Ils nous ont remis une fraicheur et une envie de continuer encore longtemps ! Ça fait énormément de bien, et c'est surtout très motivant pour l'avenir !

Le fait de mieux vous connaître vous a permis d'aller plus loin dans le côté doux comme dans le côté saturé ?
S : Peut-être, en effet. Nous, le fait de mieux nous connaître nous a sûrement décomplexés et donc d'aller encore plus loin dans la manière dont on a composé ce Sway.
R : C'est toujours la même chose depuis les débuts du groupe... On a toujours été cinq entités assez différentes dans nos goûts musicaux ! Et c'est, je pense, ce qui fait notre force : on peut piocher dans les influences de chacun pour composer nos morceaux, et c'est ce qui nous permet de nous renouveler, et d'apporter toutes ces nuances musicales ! Et avec Antoine et Dav, on a pu encore plus pousser dans ce sens ! Ils nous ont confirmé que ce côté clair / obscur était vraiment l'essence de Headcharger.

J'ai l'impression que vous avez tous individuellement pu mieux vous exprimer grâce à la connaissance des autres...
S : C'était complètement l'idée. On voulait que cet album soit le plus cohérent possible tout en respectant nos individualités.

Les textes arrivent après la musique ? Est-ce qu'ils sont influencés par les ambiances ou les thèmes, pas toujours joyeux, s'imposent quelques soient les ambiances musicales ?
S : Tout dépend réellement de la musique et des mélodies. J'ai des images qui s'imposent à moi assez naturellement. En effet, ce n'est pas toujours joyeux, mais pas toujours triste non plus. En vérité, j'essaie de plus en plus de raconter des histoires. Ça reste toujours du 2ème degré parce que je trouve important que chacun laisse courir son imagination.

L'artwork est signé Jo Riou, un spécialiste de l'imagerie stoner, c'est vous qui avez demandé à ajouter cette dimension un peu spatiale ou futuriste ?
R : À la base, on avait une idée que l'on peut imaginer comme une sorte de concept ! On voulait mettre en artwork ce qu'est la vie d'un groupe ... ou juste la vie tout court, avec les hauts et les bas, la variété de chemins qui se présentent à nous... Pas aisé à tout mettre sur un artwork ! Il y a quand même beaucoup d'informations !!! Mais Jo a capté tout de suite l'idée : pour synthétiser, il a vu notre "concept" comme la naissance, l'apogée et le déclin de la vie ! Ce qu'il a décliné en trois cristaux... On a trouvé l'idée vraiment cool, et à partir de là, tout a coulé de source ! Il a rajouté tous les détails, comme les différentes routes que l'on voit en premier plan, qui schématise les multiples parcours de vie, les volutes de fumée qui symbolisent les obstacles à surmonter... On voulait la patte de Jo Riou, et on la retrouve à 100%. On aime les films de SF, on aime aussi l'imagerie des années 70/80... Donc, là, on est bien dans le thème !

Headcharger Le clip de "Wake up and run" reprend cette idée, il est en dessins animés, tout a été dessiné ou il y a un travail d'effets numériques avec du film ?
S : Nous avons confié les visuels et les supports vidéo à Brewster Studio pour cet album. Ils se sont baladés entre effets spéciaux normaux, AI. On leur a donné les grandes directions et ils ont sublimé nos idées.
R : À la base, on pensait juste faire une "lyrics vidéo" pour accompagner ce titre... Mais At(h)ome par le biais du Brewster Studio nous ont proposé de faire plus ! Évidemment, on a dit banco ! C'est toujours mieux quand la vidéo propose une histoire, et que pendant 3 minutes 30, les choses changent, évoluent... Là, où la lyrics vidéo propose simplement une image quasi figée !

C'est parce que le morceau est super catchy qu'il a été choisi pour être mis en avant ?
S : C'est surtout parce que c'est un titre assez direct et que l'on a trouvé ça intéressant comme manière de présenter Sway. Il marque aussi de manière notable le retour du chant saturé dans notre musique.
R : En effet, on ne voulait pas trop surprendre le public... On avait envie de montrer que Headcharger était de retour et que l'on avait remis aussi de la "teigne" dans notre musique... Ça, plus le fait que la mélodie fait partie intégrante du groupe, faisait que "Wake up and run" était tout indiqué pour être LE titre de notre retour sur le devant de la scène !

Celui de "The sand and the sky" est plus conventionnel, même s'il y a un beau travail sur les couleurs et avec les miroirs. Lequel préférez-vous ?
S : Entre ma mère et mon père, je ne saurais choisir ...
R : C'est vrai que tu nous poses une question où le choix est compliqué ! Alors, moi, comme Seb, je ne choisirai pas ! Les deux vidéos sont bien différentes, et les titres proposent une ambiance plutôt différente ! C'est complètement du Headcharger : on ne se pose pas de questions, on fait ce qu'il nous plait ! Les codes, en général, on ne s'en occupe pas ! On bosse avec des personnes qui nous proposent des choses, et on valide ou pas ! Là, on a survalidé, et le résultat nous plait à 100% !

Vous avez sorti quelques clips depuis les débuts du groupe, vous cherchez toujours à être original, comment vous vous organisez quand vous décidez de faire un clip ?
S : Tu sais, nous avons toujours été de grands fans du 7ème art. Composer pour un film serait vraiment un rêve pour nous. Nos moyens sont forcément limités, alors pour compenser cela, on s'est toujours efforcé d'avoir des idées qu'on espère un peu originales et qui ne répondent pas forcément aux codes du style.
R : Déjà, on a la chance de pouvoir en sortir deux en général, à chacun de nos albums ! Et c'est vraiment une chance... Car faire des vidéos représente un coût que tout le monde n'a pas l'opportunité d'avoir ! Finalement, l'important est d'être présent sur internet dans le format vidéo, donc c'est un passage obligé... Pas facile d'être original, ou alors, il faut, en général, un bon budget... Mais malgré tout, notre musique inspire les personnes avec qui on travaille, et il dégote toujours L'idée qui va faire que l'on aura un résultat souvent à contre-sens des codes du moment ! On cherche à marquer notre identité, mais ce sont plutôt les personnes avec qui on travaille qui nous proposent des concepts ! Bien sûr, on propose aussi, on peut mettre les bases, mais on se laisse porter ! On fait confiance à nos réalisateurs !

Vous avez sorti un vinyle collector, c'est un kiff personnel ou une demande des fans ?
S : Nous sommes et restons des grands fans de musique, donc forcément un peu les deux. On s'est appliqué avec At(h)ome pour que cet album soit le plus mis en valeur possible.
R : Et surtout, At(h)ome nous a offert la possibilité de le faire... On connait tous l'aspect "collection" que le vinyle véhicule, alors on savait que les fans allaient être intéressés !
Le prix d'un vinyle est aussi un budget, donc, autant qu'il soit le plus "beau" possible !
Et en tant qu'acheteur moi-même, c'est assez satisfaisant d'avoir "le sien" !!!

Pour l'an prochain, il y a quelques dates éparpillées, une tournée plus intense est dans les tiroirs ou il faudra s'en tenir à celle qui s'est déroulée en octobre ?
S : On bosse tous les jours sur le tour. C'est vraiment important pour nous de défendre cet album sur scène. Nous allons avoir plusieurs dates avec Madam, Lofofora... L'idée est déjà de faire vivre ce Sway pendant deux ans et ensuite, on ne se privera pas d'enregistrer des idées si celles-ci se présentent.

En 2022, vous aviez dépanné le Hellfest à quelques jours du festival, cette année, vous aurez le temps de vous y préparer ?
R : C'était une opportunité que l'on ne pouvait pas rater... C'est sûr ! Alors, même si on était en fin de tournée pour notre album Rise from the ashes, on s'est donné les moyens pour être prêts à 100% pour cette date ! Sincèrement, on préférerait être prévenu plus tôt ! (rires) Ça facilite les choses... Mais si ça doit arriver à nouveau, pas de soucis, on sera là, et même si on est appelé la veille !
S : Oui ! La veille pour le lendemain s'il le faut. On joue là où les conditions sont bonnes pour nous et donc pour le public. Je ne crois pas me tromper en disant que le Hellfest est une date toujours un peu spéciale sur une tournée.

L'album est sorti il y a quelques mois, vous êtes toujours focus dessus avec les concerts ou vous avez déjà commencé à vous projeter dans la suite ?
S : L'idée est de faire vivre cet album dans un premier temps, mais encore une fois, il y a plein de manières pour cela. Forcément le défendre sur scène, mais pas que. On prépare des choses qui montreront encore des facettes différentes de ce qu'est Headcharger aujourd'hui.
R : Il ne faut jamais s'arrêter... Et c'est notre mot d'ordre ! C'est cela qui nous motive. Penser à l'avenir et à tout ce que l'on peut faire de nouveau, c'est le moteur de Headcharger. Donc, bien sûr, recommencer à composer sera d'actualité... Mais avant, on va faire du live et manger de la route, car c'est là aussi que l'on se sent comme chez nous !