Metal Métal > Hangman's Chair

Biographie > Southern addicts on the chair


Hangman's Chair est né courant 2006 sur les cendres encore chaudes d'Es la Guerilla. Du metal brut de décoffrage, qui passait au napalm nos parts d'ombre pour en mettre en relief les vices, le groupe a notamment eu à son actif le puissant El dia de los muertos mais a vécu. Et c'est Hangman's Chair qui a pris la relève. Avec toujours le même état d'esprit, cette lourdeur presque malsaine et ce son crasseux si particulier, la différence se faisant au niveau du chant plus mélodieux et retenu. En mars 2007, le groupe partage un split CD avec Eibon, puis s'enferme au studio St Marthes sous la direction d'un expert ès déflagration sonore : Francis Caste (Draft, Lazy, Revok, Zuul FX, Sna-Fu et déjà Es la Guerilla...). Septembre de la même année : (A lament for...) the addicts sort dans les bacs via Bones Brigade.

Interview : Hangman's Chair, Hangman's Chair au Hellfest 2022 (juillet 2022)

Interview : Hangman's Chair, Hangman's interview (janv. 2016)

Hangman's Chair / Chronique LP > A loner

Hangman's Chair - A Loner Le groupe excelle en studio et ne l'est pas moins sur scène. Les queues pour entrer dans les tentes du Hellfest lors de leurs prestations soit "en solo" soit en mode "Regarde Les Hommes Tomber X Hangman's Chair" sont la démonstration du succès grandissant de la formation. Un peu plus anecdotique, le fait qu'ils aient été choisis pour représenter la scène metal lors des "Nuits Collectives" dans le cadre des Francofolies semble leur attribuer une place à part dans le paysage rock français. Depuis la première fois où je les ai vus sur scène en première partie de luxe de Mass Hysteria au Zénith - volant presque sans le vouloir la vedette à la tête d'affiche - j'ai beaucoup d'affection pour ce groupe et ce dernier opus n'est pas là pour me faire changer d'avis.

Les Parisiens de Hangman's Chair ont signé pour cet album un deal avec Nuclear Blast Records ce qui leur permet d'avoir plus de moyens tout en gardant leur liberté pour produire leur musique. Le résultat tient en neuf titres et moins d'une heure. L'arrivée dans l'écurie allemande semble leur donner plus de moyens comme ce single, le presque éponyme "The loner" dont le clip est un court documentaire réalisé par Kendy Ty autour de quatre protagonistes comme une plongée dans le cœur des banlieues parisiennes. C'est peut-être cela aussi qui rend le groupe si attachant, des banlieusards normaux qui produisent certainement la plus belle musique metal, presque inhumaine tant elle touche au plus profond. Le titre instrumental "Pariah and the plague" n'est pas là pour me contredire.

S'il fallait les classer dans un genre en particulier, il faudrait appeler cela du doom rock, mais leur musique est bien trop fine pour être cantonnée à un style et il faudrait certainement rajouter "Cold". La biographie nous les positionne par GPS à la croisée de Type of Negative, Life of Agony et Sisters of Mercy, je les vois plus comme des descendants banlieusards d'Alice in Chains tant la voix de Cédric Toufouti est superbe et rappelle celle de Layne Staley, non pas en copier-coller mais par ce qu'elle procure comme émotions. Les compositions du groupe sont toujours d'une finesse qui n'a d'égale que la lourdeur des riffs qui les accompagnent. Les compositions tirent leur essence des expériences réelles vécues par chaque musicien et c'est certainement ce qui bouleverse à l'écoute de ces titres. Julien, Cédric, Mehdi et Clément arrivent avec beaucoup de classe à retranscrire toutes leurs émotions purement humaines dans un metal pesant et vaporeux à la fois. Les neuf titres de l'album nous plongent dans l'obscurité avant de se transformer en quelque chose de mélancolique avec une lourdeur maitrisée. "Sombrement lumineux" ai-je pu lire sur un site de vente en ligne généraliste et je crois que c'est certainement la meilleure définition de leur musique. Du made in France, du made in banlieue qui marquera définitivement 2022 tant au niveau des classements d'albums que des meilleurs lives de l'année.

Il serait erroné de dire que le titre de ce nouvel album sied au groupe tant cet album nous plait à la rédaction. Pour ma part, il sera même certainement sur le podium des albums marquant de l'année. A loner donc... Et si j'osais, je dirais "a boner" tant il y a de la joie intense à écouter cet album. Conservons peut-être phonétiquement le mot "bonheur" en français dans le texte, le bonheur d'écouter un album magistral de bout en bout.

Publié dans le Mag #52

Chronique Compil : Hangman's Chair, R#XMS

Hangman's Chair / Chronique LP > Banlieue triste

Hangman's Chair - Banlieue triste Pas habitué à faire du surplace, Hangman's Chair continue son chemin tout en conservant ce qui fait sa ligne directrice (une forme de détresse absolue) mais allège quelque peu son fardeau en même temps que le poids de sa musique.

Alors bien sûr ça reste du stoner/doom formidablement bien construit et écrit mais le groupe va encore plus loin dans la clarté. Entrevue sur certains passages de This is not supposed to be positive, la quête d'une certaine quiétude, ou pourquoi pas une sorte d'état se complaisant de la lassitude, la construction d'ambiances plus légères et lumineuses que sombres et pesantes illumine ce Banlieue triste qui les amène au plus proche des Mars Red Sky. Moins métallique, moins poisseux, moins étouffant, l'atmosphère libère de l'espace pour de l'écho, des notes de guitares claires, un chant plus doux (le somptueux "Negative male child"), des détails sonores qui accrochent l'oreille et rendent l'ensemble plus impressionnant encore tant tout est maîtrisé. Et quand le mode "old school" avec saturations grasses et riffs lacérant repointe le bout de son nez ("Naïve", "Tired eyes", "Full ashtray"), le contraste est encore plus excitant, donnant la (Hangman's) chair de poule. Les deux titres cités ouvrent d'ailleurs l'univers des Parisiens à deux invités particuliers, James (connu pour son projet Perturbator) vient déposer des nappes synthétiques inquiétantes sur "Tired eyes" alors que sur "Full ashtray", c'est l'esprit de Georges Bataille qui est invité puisqu'on nous fait la lecture d'un extrait de La conjuration sacrée, texte qui traite du sens de la vie et de la mort inéluctable, libératrice. C'est le dernier, long, morceau de l'album, morceau glacial et glaçant qui meurt peu à peu... et nous donne envie de relancer la machine pour ne pas rester sur cette sensation douloureuse. À noter qu'un autre invité, en l'occurrence Marc (Mucky Pup, bassiste chez Dog Eat Dog durant un temps, Mongolito, Wolvennest...) fait également une petite apparition sur "Sidi Bel Abbes", un des deux titres instrumentaux, celui-là est portée par une guitare déchirante, alors que l'autre, "Tara" est dominée par une rythmique étouffée.

Artwork intriguant imageant cette Banlieue triste qui n'offre que du gris aux hommes qu'elle entasse, décrépitude et sentiment d'abandon, Hangman's Chair offre toute sa noirceur en dix plages, qui, paradoxalement, sont les moins obscures que le groupe ait produites. Le groupe accepte cette fatalité, n'essaye plus de combattre, se laisse juste porter par sa mélancolie, faisant avec pour essayer de s'y habituer en évitant les heurts. À décrire, ça fait froid dans le dos, à écouter, c'est génial.

Publié dans le Mag #32

Hangman's Chair / Chronique LP > Hope///Dope///Rope 2016

Hangman's Chair - HOPE​/​/​/​DOPE​/​/​/​ROPE Si tu étais passé à côté de Hope///Dope///Rope en 2012 (uniquement sorti en vinyle), Music Fear Satan a eu la bonne idée de le rééditer au format digipak et agrémenté de trois titres bonus. Et si sur cet album, Hangman's Chair n'est pas aussi ravageur que sur This is not supposed to be positive (le tempo de l'ensemble est bien plus doom), on retrouve leur goût pour les ambiances pesantes, malsaines et qui apportent le malaise. L'album ayant été chroniqué à l'époque, on va s'intéresser aux bonus (même si on pourrait revenir encore et encore sur "A scar to remember" ou le morceau éponyme). Le stonerisant "I am the problem", tu le connais déjà puisqu'il est sur le split avec Drawers, on passe donc à "The rest is silence..." et "Gallow's dance", tous deux parus sur le split avec Acid Deathtrip (en 2014 et en vinyle). Plus récent, le premier témoigne de l'évolution plus rageuse du combo qui n'hésite plus à accélérer les rythmes alor que le second, porté par les instruments, a une grande en partie en guitare claire. Les trois sont assez différents de la tonalité globale de l'opus mais c'est aussi du Hangman's Chair, à l'aise avec tout ce qu'il touche et qui a progressé, années après années, pour arriver au sommet l'an dernier.

Hangman's Chair / Chronique LP > This is not supposed to be positive

Hangman's Chair - This is not supposed to be positive Hangman's Chair fête ses 10 ans cette année avec un quatrième album intitulé This is not supposed to be positive, on savait le groupe peu optimiste dans sa musique et son imagerie, le split avec Acid Deathtrip de l'an dernier n'a pas vraiment coloré leurs idées, la guillotine ensanglantée n'est en effet pas un truc très positif... Et le mec au chapeau (Anatole Deibler, le plus célèbre bourreau de France) n'inspire pas confiance non plus même si les couleurs ambiance pastel nuancent le tout et rajoutent davantage de tension. Et si je passe autant de temps à disserter sur ce très réussi artwork (signé Dave Decat à l'origine, le même illustrateur que pour Hope///Dope///Rope), c'est qu'il est vraiment raccord avec la musique proposée par les Parisiens : un sludge toujours plus inquiétant que chaleureux malgré des teintes ultra agréables.

L'alternance de riffs ultra lourds et gras et de passages aussi lumineux que le soleil du désert (coucou Mars Red Sky) est toujours la règle de base pour construire des titres lancinants qui lézardent sur les rochers avant de, parfois, s'exciter quelque peu pour rejoindre une mare de vase. Entre le Nevada et la Louisianne, il y a quelques kilomètres mais les Hangman's Chair connaissent des raccourcis pour relier les deux et créer leur paysage sonore. Une ambiance qui vire au sublime quand ils calment peu ou prou le rythme, on obtient alors des morceaux de la trempe de "Your stone" ou "Flashback" qui sont juste "beaux". Et c'est déjà pas mal. Entre les éternelles références sludge (Down) et stoner (Kyuss), on peut ajouter une pincée de grunge plaintif à la Alice in Chains (pour le chant de "Requiem" ou les grattes hâchées et métalliquement plus claires de "No one says goodbye like me"). Si la voix (et ses nombreuses facettes) semble être un des éléments les plus accrocheurs de ce This is not supposed to be positive, les Parisiens démontrent avec "Les enfants des monstres pleurent leur désespoir" (tout un programme) qu'elle n'est pas indispensable pour composer un titre réussi d'Hangman's Chair. Ceci dit, quand ils répondent tous présents et jouent sur tous les tableaux, on a le droit à des morceaux d'exception comme ce "Cut up kids" de grande classe.

This is not supposed to be positive se révèle être un nouveau chef d'oeuvre. Peut-être plus mais pas moins.

Hangman's Chair / Chronique LP > Hope///Dope///Rope

Hangman's Chair - HOPE​/​/​/​DOPE​/​/​/​ROPE Le ciel de Paris semble toujours aussi sombre et déprimant aux yeux des Hangman's Chair. Après avoir essayé de purger le malaise par la fuite (leur précédent LP Leaving Paris) puis par la thérapie de groupe (le split avec Drawers sorti il y a quelques mois), les Parisiens sortent un nouveau manifeste plein d'un spleen étouffant et fataliste mais par instant lumineux : Hope///Dope///Rope.

La pochette de l'album annonce les couleurs avec son liseré bleu blanc rouge entourant une vue de Pigalle et de sa faune. Le groupe est resté fidèle à Jull à qui l'on doit un certain nombre des artworks du combo et qui a su parfaitement retranscrire l'ambiance de ce nouvel opus. Pas de singeries à l'américaine ou de substitution de culture ici, la musique est référencée US mais l'imagerie et les thèmes développés restent éminemment personnels mettant le groupe à part d'une bonne myriade de formations hexagonales interchangeables et sans goût. Les Parisiens puisent leur inspiration dans la noirceur de leur ville, de leurs vies, dans leur culture et leur fascination pour les artistes maudits et dérangeants magnifiant les aspects les plus noirs de l'existence pour essayer d'en sortir plus fort. Hope///Dope///Rope semble tracer le fil noir de vies où se succèdent les moments d'espoirs, d'illuminations et d'abattements, à l'issue étouffante et rarement sereine.

La musique sombre et lancinante du groupe transmet admirablement ce parti pris et ces émotions sans jamais tomber dans la mièvrerie ou la farce caricaturale et sachant par moment accordée quelques plages d'un répit salvateur ("December"). La voix de Cub comme tendue à la jonction de ses camarades trace superbement son chemin au milieu d'un maelstrom instrumental alternant les purs moments de doom ("The saddest call") et de longs arpèges évocateurs ("Alley's end"), le tout scandé par les pérégrinations d'une batterie lente et sinueuse comme une déambulation nocturne. Atténuant, amplifiant ou se fondant au contraire par nappe dans l'ensemble, cette voix par moment tragique, reste le fil directeur de chaque composition sans en atténuer la force brute.

Les quelques extraits de chansons, films et autres discours disséminés le long des 7 plages participent pleinement à l'ambiance qui suinte de la platine une fois le disque lancé, parachevant un travail déjà plus que convaincant de ce côté là. Hangman's Chair a encore frappé fort avec cet album intègre, personnel, par moment salvateur mais plongé jusqu'au cou dans le marasme et les obsessions de ses créateurs.

Hangman's Chair / Chronique Split > Drawers | Hangman's Chair

Drawers | Hangman's Chair Ce que donnerait la confrontation entre un groupe au riffing stoner/sludge métallique de mammouth et un autre présentant à peu près la même chose mais façon brontosaure, c'est un peu (on va développer) ce que présente, sur le papier, le tout jeune label MooDisordeR avec ce split 7'' réunissant Drawers | Hangman's Chair. Et si cette première sortie de la structure ne s'est pas faite non sans mal, notamment parce qu'il est apparemment désormais plus pertinent de faire presser des disques/vinyles en Tchéquie qu'en France (compétences/professionnalisme oblige en plus d'une rentabilité supérieure), le résultat valait largement le retard qu'a finalement eu ce split LP réunissant les deux groupes, présentant un titre chacun pour un résultat d'une homogénéité et efficacité redoutable. Malgré une petite surprise...

"Tears never come alone" par Drawers ouvre le bal et c'est une belle baffe stoner/southern rock bien graisseuse et épaisse façon Crowbar dégoulinant d'huile de coude. Le genre de truc que l'on ne digère pas comme ça si on n'est pas entraîné, mais qui par contre fait sérieusement du bien par où ça passe quand on maîtrise l'art délicat de la baignade dans un bain de boue par soirée d'automne un marais en compagnie d'individus peu recommandables. Un rock pachydermique, sombre et prégnant, mâtiné de sludgecore des familles, façon Kylesa bien velu, c'est gras, c'est lourd, donc c'est bien. A contrario et un peu à la surprise (quasi) générale, "I'am the problem" surprend. Pour ceux qui en étaient restés à (A lament for...) the addicts et sa séquelle immédiate (qui nous a snobé faute de promo efficace apparemment), le groupe a pas mal allégé la sauce au fil des années. Le résultat se lovant désormais dans un manteau doom-rock plutôt très classe mais simplement différent de ce à quoi on a l'impression d'avoir été habitué. Pas une mauvaise surprise au demeurant, juste une vraie curiosité tant la grosse majorité des groupes de ce registre ont généralement tendance à enfoncer le clou plutôt qu'à trouver un moyen de l'enlever. Pour le reste et à l'image de l'objet, c'est à découvrir d'urgence bien entendu.

[fr] Drawers | Hangman's Chair: Bandcamp (353 hits)  External  ]

Hangman's Chair / Chronique LP > (A lament for...) the addicts


hangman_s_chair_a_lament_for_the_addicts.jpg Hangman's Chair, c'est ce qu'on appelle du stoner metal... lourd. Très lourd même. Du stoner doom métallique donc, poisseux, moite et intense, le son du groupe évoque inévitablement celui de deux grosses machines du genre : Down et Corrosion of Conformity. Des références. Aux côtés de ces deux monstres, le combo francilien ne fait pas vraiment pâle figure en donnant toute sa mesure à une dizaine de compos graisseuses et écrasantes à souhait. Du riff tectonique qui débroussaille, une section rythmique à la puissance de feu démentielle, véritable machine à faire headbanguer les foules, du solo de gratte qui démonte et des murs de guitares infranchissables cernant de toutes parts quelques mélodies rock éparses mais terriblement bien gaulées. On la dit, Hangman's Chair, c'est massif et, comme le suggère l'artwork de l'album, ça fait mal aux cheveux. Mais Hangman's Chair, c'est également un groupe qui en a suffisamment sous la six cordes pour garder sa personnalité et ne pas trop se laisser influencer par le all-star band mené par l'ex-Pantera Phil Anselmo (Down pour ceux qui ne suivent pas...).
Au passage, après un morceau trois quart de déluge stoner doom métallique, les parisiens s'offrent un final complètement inattendu avec un sample de la "Sonate au Clair de Lune" de Beethoven... Et là, on n'est pas au bout de nos surprises, parce qu'en lieu et place d'une nouvelle déflagration stoner metal destructrice, le groupe s'offre en guise de troisième piste de l'album, un interlude acoustique, avant de renouer avec ce qu'il sait faire mieux, à savoir du gros son aux relents southern rock 90's qui dépouillent. Explorant les thématiques de l'addiction et de la dépression, Hangman's Chair démontre qu'il maîtrise son sujet, n'hésitant pas à insuffler une vraie personnalité à sa musique. Et si le résultat n'est pas forcément d'une originalité démentielle, la manière elle se révèle d'une efficacité carrément redoutable. Implacable. Un riffing de bûcherons, un groove intense qui tronçonne, des samples, du gros metal qui envoie du bois et un chant qui assure quelque soit le registre (mélodique ou plus rugueux), les franciliens se posent en véritable révélation du genre à l'échelle hexagonale voire au-delà. Avant d'arriver dans nos enceintes feneciennes, Hangman's Chair avait la réputation de défourailler à tout va autant sur scène que du côté de l'open bar, (A lament for...) the addicts vient apporter la confirmation musicale de cet écho largement positif, pour celui plus éthylique, ça reste à vérifier. A bon entendeur...