Alors que leur album est un des meilleurs sortis en 2015, c'est Julien - chanteur de son état - qui revient sur This is not supposed to be positive, de sa composition au choix de son artwork aux concerts à venir ou les projets de splits. Les sujets chauds sont tous abordés...
Pour ce nouvel album, vous avez retravaillé avec Dave Decat et utilisé sa représentation d'Anatole Deibler. Vous aviez flashé sur ce travail en particulier ou c'est lui qui vous l'a proposé ?
C'est un peu des deux finalement. Il avait déjà réalisé ce dessin pour une reproduction de journaux de faits divers du début de siècle type "Le Petit Journal", "L'œil De La Police", "Police Magazine" ou "Qui ? Détective"... qu'il avait appelé "Le Couperet". C'était sorti à très peu d'exemplaires donc assez confidentiel. On avait récupéré quelques exemplaires quand on travaillait sur la pochette de Hope//Dope//Rope et je pense qu'inconsciemment on a du garder ce dessin dans un coin de notre tête.
Lorsqu'on a commencé à réfléchir à la pochette de This is not supposed to be positive, on voulait une guillotine mais on pensait pas du tout à ce dessin. Quand on est parti chez Dave pour travailler dessus, il nous a ressorti "Le Couperet" et là on avait exactement ce qu'on voulait alors que c'était sous notre nez depuis longtemps !
Est-ce que vous avez eu des retours négatifs ?
Niveau chronique, pas à ma connaissance. Il y a comme un engouement qui s'est propagé. Le plus important pour nous c'est que le disque soit écouté. Je préfère une review d'un type qui n'a pas aimé et qu'il l'explique point par point, qu'une review positive où tu peux lire clairement que le mec n'a dû écouter qu'un extrait sur Youtube et recopié la chronique de New Noise. Par contre, des retours négatifs de labels, tourneurs et organisateurs, on en a eu avant la sortie et on continue d'en avoir.
Justement, j'ai l'impression que vous avez du mal à trouver des dates en France...
Voilà, c'est là où je voulais en venir. C'est maintenant où l'on se rend compte que malgré les belles chroniques, on a du mal à avancer sur les dates de concerts, à passer le niveau juste au-dessus. Depuis qu'on bosse avec notre manageuse, tout va mieux, on est beaucoup plus carré sur plein de points, mais sur les concerts il nous faudrait une structure derrière nous parce que tout seul, c'est tendu. C'est un métier à part entière. Les tourneurs ne sont pas forcément très intéressés, du coup les organisateurs non plus. Je pense que c'est à cause du fait qu'on ait le cul entre deux chaises, pas assez pointu pour les structures underground et pas assez vendeur pour les grosses structures.
Mais on ne s'inquiète pas trop, on a déjà pas mal de dates de bookées pour 2016, dont le Roadburn et le Hellfest. On vient juste de les mettre la première partie en ligne sur notre page FaceBook, ça devrait commencer à partir de fin février. Et puis, peut-être qu'entre temps on aura une réponse favorable d'un tourneur, on y travaille.
Vous allez donc participer au Roadburn Festival, ça représente quoi pour toi ?
Ça fait quelques années qu'on tourne autour, on connait des mecs qui ont toujours parlé de nous à Walter mais à l'époque ça ne l'intéressait pas et là ça tombe maintenant, un peu à la dernière minute. Donc on est très content et fier de participer à ce festival. Toujours très pointu et de bon goût.
Ce jour-là, quel concert vous ne voulez pas rater ? A part le vôtre bien sûr !!!
Perso, ce jour-là, j'irais voir avec intérêt Der Blutharsch et The Skull, j'adore Trouble mais le Trouble avec Eric Wagner, sans lui j'ai vraiment du mal. Alors on va voir ce que lui donne sans les autres.
On peut trouver beaucoup de références à l'écoute de vos albums, quelles sont celles qui sont communes à tous les membres du groupe ?
Clément, Mehdi et moi-même, on a grandi ensemble, on a le même passé dans la scène Hardcore, on a écouté les même groupe au début, Negative Approach, Bad Brains... puis on est passé à Sheer Terror, Disciplinary Action, Neglect, Confusion... à l'époque c'était les même cassettes 90 min qui tournaient et qui s'échangeaient dans notre cercle, on était raccord sur tout ce qu'on écoutait et c'est surtout ce qui nous a fait partager plusieurs groupes ensemble avant Hangman's Chair.
Avec Cédric, qui est arrivé plus tard, c'est différent, on n'a pas le même background mais on partage beaucoup de références communes comme Acid Bath et Alice In Chains par exemples.
Il y a de nombreux passages lumineux sur This is not supposed to be positive, est-ce que vous cherchez à équilibrer vos compositions au sein de l'album ?
Je ne dirais pas que c'est quelque chose de voulu. J'ai l'impression que ça vient assez naturellement ces alternances ombres et lumières Ça fait partie de notre ADN et de notre manière de composer. En tout cas, on ne cherche pas à contre balancer trop de noirceur par quelque chose de plus ouvert. C'est plus l'état d'esprit du moment et ce qu'on écoute pendant cette période qui prédominent. Par exemple, pour Leaving Paris on écoutait pas mal de Gov't Mule et ça se ressent je pense, alors que pour This is not supposed to be positive on était dans une ambiance plus dépressive.
En revanche, là on l'on cherche à équilibrer l'album, c'est dans l'intensité. S'il y a un morceau comme "Cut up kids", il est nécessaire d'avoir un morceau comme "Your stone" par la suite. C'est l'intensité qui doit être la plus équilibrée à mon sens.
Le track-listing ne laisse pas de place au hasard dans les enchaînements, vous avez une sorte de "plan" avant d'attaquer les compos ?
Les seuls morceaux qu'on avait décidé d'enchaîner bien avant d'enregistrer, c'était "Dope sick love" avec "Le rouge pour le sang..." et "Les enfants des monstres..." avec "Flashback". Sinon, le reste a été décidé pendant les pré-maquettes ou sur le moment. On réfléchit chaque album comme une entité en soi et qu'il puisse s'écouter d'un trait.
Donnez des titres en français aux instrumentaux, c'est juste pour la blague ou c'est réfléchi ?
C'est réfléchi dans le sens où ces phrases sont à l'origine en français, "Les enfants des monstres..." vient d'un documentaire sur Depardieu et la relation avec son fils et "Le rouge pour le sang..." vient des écrits d'Anatole Deibler. Elles auraient perdu leur force si on les avait traduites en anglais. Si c'était en allemand, on les aurait gardées en allemand aussi. C'est bizarre parce qu'on nous pose souvent cette question, pourquoi ce choix de titres en français et je ne comprends toujours pas ce que les gens trouvent de surprenant là-dedans.
Francis Caste est encore votre producteur. Vous avez entrevu l'idée d'enregistrer avec quelqu'un d'autre ?
Oui, on aimerait bien voir ailleurs pour notre prochaine sortie, ou du moins faire des tests. Ça doit bien faire 15 ans qu'on travaille avec Francis, 2 albums avec Es La Guerilla, 4 albums et 3 splits avec Hangman's Chair et on avait jamais ressenti le besoin de bouger. Le fait qu'on se connaisse par cœur, le fait qu'il soit sur Paris, ça facilite beaucoup de choses mais quand on est sorti de la session du dernier album, on s'est dit qu'il était temps de changer, que le cycle était terminé. Aussi la peur de tourner en rond. On a déjà quelques idées, on devrait être fixé rapidement parce que si on ne trouve pas mieux que Francis, on retournera chez lui naturellement.
Vous avez réalisé un clip "Dripping low", c'est pas un peu faute de goût ce trip psyché violet ?
Je suppose que ça doit être autant une faute de goût que le rose de la pochette ?
Vous appréciez les splits, après Eibon, Drawers et Acid Deathtrip, avec qui aimeriez-vous partagé une galette ?
On est justement en train de travailler sur un nouveau split, avec les japonais de GreenMachine. Ils viennent de se reformer et de sortir un EP. Notre connexion est assez improbable. On a rencontré un type au Japon qui les connaissait et qui nous a mis en rapport et on s'est tout de suite très bien entendu. De là est venu cette idée de split.
On planche aussi sur un split un peu plus expérimental avec nos amis de Mongolito et Wolvennest avec pourquoi pas une vraie collaboration.
D'ici là, il y a la re-sortie de Hope//Dope//Rope en version deluxe, vous pouvez nous en dire plus ?
On réédite Hope//Dope//Rope en version digipack avec 3 titres bonus qui sont présents sur nos splits avec Drawers et Acid Deathtrip, ces titres faisaient partie de la même session d'enregistrement de Hope//Dope//Rope.
Comme la première édition n'était sortie qu'en format vinyl + CD et à très peu d'exemplaires, ils sont vite devenus sold out. Et pas mal de gens ne voulaient que le CD, du coup c'était le bon moment pour le ressortir, 6 mois après l'album, ça nous fait une actu de plus avant le Tour 2016. Ça sort en février 2016 sur MusicFearSatan Records.
Merci Julien, merci aux Hangman's Chair et merci à Elo chez Dooweet !
Photo : Léo KS