Hangman's Chair - HOPE​/​/​/​DOPE​/​/​/​ROPE Le ciel de Paris semble toujours aussi sombre et déprimant aux yeux des Hangman's Chair. Après avoir essayé de purger le malaise par la fuite (leur précédent LP Leaving Paris) puis par la thérapie de groupe (le split avec Drawers sorti il y a quelques mois), les Parisiens sortent un nouveau manifeste plein d'un spleen étouffant et fataliste mais par instant lumineux : Hope///Dope///Rope.

La pochette de l'album annonce les couleurs avec son liseré bleu blanc rouge entourant une vue de Pigalle et de sa faune. Le groupe est resté fidèle à Jull à qui l'on doit un certain nombre des artworks du combo et qui a su parfaitement retranscrire l'ambiance de ce nouvel opus. Pas de singeries à l'américaine ou de substitution de culture ici, la musique est référencée US mais l'imagerie et les thèmes développés restent éminemment personnels mettant le groupe à part d'une bonne myriade de formations hexagonales interchangeables et sans goût. Les Parisiens puisent leur inspiration dans la noirceur de leur ville, de leurs vies, dans leur culture et leur fascination pour les artistes maudits et dérangeants magnifiant les aspects les plus noirs de l'existence pour essayer d'en sortir plus fort. Hope///Dope///Rope semble tracer le fil noir de vies où se succèdent les moments d'espoirs, d'illuminations et d'abattements, à l'issue étouffante et rarement sereine.

La musique sombre et lancinante du groupe transmet admirablement ce parti pris et ces émotions sans jamais tomber dans la mièvrerie ou la farce caricaturale et sachant par moment accordée quelques plages d'un répit salvateur ("December"). La voix de Cub comme tendue à la jonction de ses camarades trace superbement son chemin au milieu d'un maelstrom instrumental alternant les purs moments de doom ("The saddest call") et de longs arpèges évocateurs ("Alley's end"), le tout scandé par les pérégrinations d'une batterie lente et sinueuse comme une déambulation nocturne. Atténuant, amplifiant ou se fondant au contraire par nappe dans l'ensemble, cette voix par moment tragique, reste le fil directeur de chaque composition sans en atténuer la force brute.

Les quelques extraits de chansons, films et autres discours disséminés le long des 7 plages participent pleinement à l'ambiance qui suinte de la platine une fois le disque lancé, parachevant un travail déjà plus que convaincant de ce côté là. Hangman's Chair a encore frappé fort avec cet album intègre, personnel, par moment salvateur mais plongé jusqu'au cou dans le marasme et les obsessions de ses créateurs.