Hangman's Chair - Banlieue triste Pas habitué à faire du surplace, Hangman's Chair continue son chemin tout en conservant ce qui fait sa ligne directrice (une forme de détresse absolue) mais allège quelque peu son fardeau en même temps que le poids de sa musique.

Alors bien sûr ça reste du stoner/doom formidablement bien construit et écrit mais le groupe va encore plus loin dans la clarté. Entrevue sur certains passages de This is not supposed to be positive, la quête d'une certaine quiétude, ou pourquoi pas une sorte d'état se complaisant de la lassitude, la construction d'ambiances plus légères et lumineuses que sombres et pesantes illumine ce Banlieue triste qui les amène au plus proche des Mars Red Sky. Moins métallique, moins poisseux, moins étouffant, l'atmosphère libère de l'espace pour de l'écho, des notes de guitares claires, un chant plus doux (le somptueux "Negative male child"), des détails sonores qui accrochent l'oreille et rendent l'ensemble plus impressionnant encore tant tout est maîtrisé. Et quand le mode "old school" avec saturations grasses et riffs lacérant repointe le bout de son nez ("Naïve", "Tired eyes", "Full ashtray"), le contraste est encore plus excitant, donnant la (Hangman's) chair de poule. Les deux titres cités ouvrent d'ailleurs l'univers des Parisiens à deux invités particuliers, James (connu pour son projet Perturbator) vient déposer des nappes synthétiques inquiétantes sur "Tired eyes" alors que sur "Full ashtray", c'est l'esprit de Georges Bataille qui est invité puisqu'on nous fait la lecture d'un extrait de La conjuration sacrée, texte qui traite du sens de la vie et de la mort inéluctable, libératrice. C'est le dernier, long, morceau de l'album, morceau glacial et glaçant qui meurt peu à peu... et nous donne envie de relancer la machine pour ne pas rester sur cette sensation douloureuse. À noter qu'un autre invité, en l'occurrence Marc (Mucky Pup, bassiste chez Dog Eat Dog durant un temps, Mongolito, Wolvennest...) fait également une petite apparition sur "Sidi Bel Abbes", un des deux titres instrumentaux, celui-là est portée par une guitare déchirante, alors que l'autre, "Tara" est dominée par une rythmique étouffée.

Artwork intriguant imageant cette Banlieue triste qui n'offre que du gris aux hommes qu'elle entasse, décrépitude et sentiment d'abandon, Hangman's Chair offre toute sa noirceur en dix plages, qui, paradoxalement, sont les moins obscures que le groupe ait produites. Le groupe accepte cette fatalité, n'essaye plus de combattre, se laisse juste porter par sa mélancolie, faisant avec pour essayer de s'y habituer en évitant les heurts. À décrire, ça fait froid dans le dos, à écouter, c'est génial.