Hacride - Back to where you've never been Quatrième album long-format pour Hacride et un changement de statut. En passant de Listenable Records (qui avait sorti les deux précédents opus) à la hype du moment Indie Recordings (Cult of Luna, Kvelertak, Shining...), le groupe ne se limite plus uniquement aux frontières continentales mais peut potentiellement faire comme son ex-voisin de label (Gojira) et conquérir le monde. Potentiellement on a dit.
Changement de line-up également, lequel s'est opéré dans l'intimité des frenchies puisqu'il n'a réellement été découvert que lors de la parution des photos promo et donc des premières annonces entourant la sortie de Back to where you've never been. Exit Samuel, welcome Luis (ex-Sinscale). Pour les explications on repassera.

Musicalement, parce que c'est ce qui nous intéresse au fond, Hacride pose une (trop ?) longue intro sur un "Introversion" qui prend trois bonnes minutes pour réellement ravager les enceintes. Mais quand la mécanique prog-metallique/post-hardcore se met en branle, cela se ressent tout de suite et l'album prend son envol. Pour planer à sa manière sur un "Strive ever to more" pour lequel le groupe développe un metal organique et extrêmement volubile qui distille des émotions subtiles en même temps qu'une maestria formelle plutôt étourdissante. Même si ses membres n'étaient pas connus pour être des manches (vanne facile) jusqu'alors, la formation poitevine assure. Résultat des courses, le contenu est d'une richesse mélodique notable et quelques plans prog' dopés par une intensité émotionnelle fracassante ("Overcome") font la différence.

Hacride est plus direct que jamais, démontant enceintes et conduits auditifs avec un sentiment de maîtrise formelle absolue, doublée d'une puissance de feu mastoc et des progressions harmoniques méphistophéliques ("Ghost of the modern world"). Sauf que l'ensemble cache en réalité quelque chose de plus répétitif qu'il n'y paraît à la première écoute ("Synesthesia", "Edification of the fall") voire artistiquement égocentrique ("To numb the pain") dans le cheminement créatif. Les structures sont loin d'être simplistes, mais le groupe donne parfois l'impression de donner dans l'auto-recyclage dans les formules employées puis déclinées. Et si Back to where you've never been est sensé célébrer l'avènement d'un nouveau poids lourd de sa catégorie sur le territoire européen, on ne peut parfois s'empêcher de penser, qu'à l'instar de pas mal d'autres représentants francophones, Hacride pourrait être quelque peu surestimé. Pour le moment tout du moins. Même s'il ne peut s'empêcher de nous faire doucement mentir sur l'élégant "Requiem for a lullaby" concluant l'opus.