Hacride : Amoeba Quand Hacride donne sans complexe dans le metal dit moderne, ça pique les yeux, ça fait saigner les oreilles et bouger les cervicales. Suite d'une première production studio qui les avait menés sur les routes pour deux tournées, Amoeba est une véritable démonstration en 10 chapitres de la capacité qu'a le groupe de créer des ambiances complexes, malsaines, atmosphériques, le tout porté par des arythmies qui visent juste. S'arrêter sur toutes les influences qui traversent cet album serait un travail titanesque, mais comment ne pas ne pas s'attarder sur ces guitares hispanisantes, écho tranquille d'un métal sans condition ? Parfait exemple de cet oxymore musical, "Fate" aborde successivement des registres acoustiques, des rythmiques black-metal, et un riff qui joue avec les octaves. Pas de metal hispanique pour autant, ou tout autre sous genre qui catégoriserait Amoeba. Simplement Hacride propose là une musique violente, aux rythmes essoufflés, aux ombres prog et aux racines metal.
La première écoute est si chargée en surprises qu'il est parfois difficile de savoir ou donner de la tête. Malgré tout, le groupe offre quelques points de repères mélodiques, où le chant prend toute sa dimension, alors qu'en temps normal la guitare prend le dessus. "Perturbed" et son clip d'inspiration "Toolienne" est à ce titre un parfait exemple de maîtrise technique, où Meshuggah n'aurait pas fait mieux. La première moitié de l'album s'achève sur "Zambra", près de 7 minutes d'un mélange exaltant de musique hispanisante et de riffs massifs, une vraie baffe. La suite ne fait aucun doute, on repart de plus belle dans les sphères complexes après un interlude bienvenu ("Liquid"). Les attributs techniques du quatuor font des étincelles, broyant tout sur leur passage, à l'image d'un "Cycle" destructeur exploitant néanmoins quelques moments prog, que "Ultima necat" prolonge. Interlude comparable à "Liquid", il prépare à un dernier titre puissant qui rappelle les structures du début de l'album.
Tel un cycle, Hacride finit par ce qu'il avait commencé, avec l'impression pour les oreilles d'avoir fait un voyage à la fois épuisant et transcendant. Une vraie tuerie en somme.