H-Tray : Suspend the hour Comment engendrer un digne successeur à Distressing Report? Telle est la question qu'on dut se poser pendant pas mal de temps les H-Tray après un opus toujours gravé dans les mémoires, passant en rotation régulière obligatoire, garantissant du même coup une claque à chaque écoute à jeun. Difficile donc de se remettre en question et de trouver la formule qui marchera cette fois ci. Impossible de reprendre les mêmes plans et attitudes que précédemment, l'effet de surprise est passé et tout le monde à évolué depuis ; tout l'intérêt, au contraire, consiste à évoluer et à progresser. Qu'en est t-il donc pour ce Suspend the hours qui s'est bien fait attendre?

Cette nouvelle cuvée a puisé son inspiration de façon un peu plus large, avec des ambiances et des tempos plus cosmopolites que par le passé, comme sur "Kick some ass" ou "The sun of your misfortunes". Avalanche de notes sur "Straddle the horizon" avec une ambiance synthée en (tré)fond sonore, format court mais format intense, vidage de magasin en moins de deux minutes, tout compris. Pas le temps de souffler sur "Suspend the hours" ou encore "Builded our decline" à la verve intrinsèque ; le premier notamment avec cette petite touche électronique que l'on retrouve sur Bug, Super Fudge Chunk ou même Mass hysteria. "Poverty's not metal beggary", trouve un autre souffle avec des breaks plutôt efficaces et bien placés, le tout saupoudré d'un passage atmosphérique où la pression monte progressivement avant cet assaut final pas piqué des hannetons. "Deathblow to your ego" est quant à lui dopé à l'adrénaline, avec une guitare qui presque sans sourciller, délivre des courtes rafales de triple-croches de manière régulière avec un petit air détaché.

"As a dust in the complex mechanic", est-il un petit clin d'oeil à Distressing Report ou une chute du précédent effort ? En tout cas, une dose de Meshuggah est en filigrane sur l'intro, mais se fait vite gicler à coup de grosse caisse qui s'applique sans discontinuer. H-Tray reste tout de même fidèle à lui-même avec "Feelings storm between...", et ce riff de guitare assez typique qui fait un peu la signature du groupe, mais cela serait sans compter sur ces petits passages où le groupe explore d'autres dimensions et étend son horizon musical, un peu hardcore old-school, un peu jazzy aussi. H-Tray est à l'aise dans le processus de création, se fait plaisir sur la plupart des morceaux, petit clin d'oeil par ici, petit vibrato par là, avec une approche un peu moins chirurgicale que sur le précédent effort. Le chant aussi à évolué et expérimente désormais avec des nuances très subtiles. H-Tray réussi surtout ici à se réinventer tout en se recyclant, de façon à avancer tout en gardant ses acquis précédents, bref, surement pas une révolution musicale n'exagérons pas, mais un groupe dont l'on ne va pas se fatiguer de si peu.