Gojira - Magma "On n'est jamais mieux servi que par soi-même", Gojira, bien que devenu un des groupes stars du métal mondial, apprécie particulièrement cet adage... Et comme on leur laisse le temps de peaufiner leurs albums (il faut désormais compter 4 ans entre deux offrandes, histoire de contenter le maximum de gens avec des lives sur toute la planète), ils le prennent. Et pour être dans les meilleures conditions possibles, ils ont construit, eux-mêmes, leur studio. Bye bye les Landes, welcome New York City, c'est désormais le Silver Cord qui abrite le combo en mode boulot. Avec eux pour enregistrer et mixer, celui qui les connaît le mieux, Johann Meyer, leur ingé son depuis qu'ils ont croisé sa route (il tournait alors avec Kruger). Seule petite entorse au "Do It Yourelf", l'artwork qui, pour une fois, n'est pas signé Joe... Gojira a du talent, ils avaient du temps, il fallait juste être patient, mais il est là, chaud et bouillonnant : Magma.

"The shooting star" ouvre le bal, un titre pesant, assez peu "death" au final, il donne la tonalité de l'opus qui est bien moins violent que certains de ses prédécesseurs. Moins violent mais pas moins efficace, en témoigne le monstrueux "Silvera" qui déboule juste après. Et alors qu'on pense tenir le nouvel hymne imparable, le tube gargantuesque de facilité de l'album, il faudra en débattre quelques minutes plus tard parce que les hachures de "Stranded" sont plus qu'excitantes. Moins carnassiers, les Gojira ne nous envoient pas non plus totalement dans un trip spatial à la From Mars to Sirius même si sur "Yellow stone", l'ombre de Mars plane, mais c'est plus celle de Mars Red Sky... Le groupe s'essaye au stoner brûlant et joue avec les sons et produit alors un travail différent de celui de "Only pain" où comment saturations et distorsions peuvent changer l'âme d'un titre. Quand ce n'est pas avec les sonorités que le quatuor s'amuse, c'est avec l'altitude, "Pray" nous fait escalader, descendre et remonter les mesures, fait varier la pression, dans la lignée de "Magma", le morceau évolue en dehors des codes du métal et des jalons posés par Gojira dans le passé. La sensation que cet album est, contrairement à ce que peut laisser penser son titre, plus aérien et aéré que sous-terrestre et compact, est renforcée avec les deux derniers titres, la promenade sur les "Low lands" (avec deux jolies lignes en français) et l'outro "Liberation" où l'on ne trouve qu'une guitare acoustique et quelques percussions.

Cet album ne plaira certainement pas à tous, faute de conséquentes séquences de blast à tout va, mais ravira ceux qui, comme moi, s'éclate avec une musique réfléchie, ouverte, captivante autant que percutante.