Gojira : The way of all flesh Le monde entier était prêt à en découdre avec Gojira, surtout que comme je l'écrivais à propos de From Mars to Sirius, il était difficilement réalisable d'aller encore plus loin. Le quatuor a donc fait "marche arrière", écrivant un album plus direct et moins "spatial" que le précédent, plus terrestre donc et fatalement plus proche de Terra incognita. Chronologiquement, il aurait peut-être fallu placer The way of all flesh à la place de The link pour avoir une évolution rectiligne entre la Terre et l'Univers. Où alors, il faut le considérer comme un voyage retour, un voyage plus intérieur, histoire de prendre la température de la chair et de faire une opération chirurgicale (ésotérique ?) et ce sans anesthésie (Pulling teeth ?).
Si Gojira a remis en avant ses côtés massif, dense, incisif et puissant, il sait désormais calmer le jeu sans perdre l'auditeur amateur de blast aux confins d'une autre constellation. Ainsi "The Silver cord" se place discrètement au coeur de l'album et ne dépasse pas les 3 minutes et l'intro de "The art of dying" est un modèle de montée en puissance destructrice alors que son outro permet à peine de récupérer un peu avant d'affronter le rythme effréné d'"Esoteric surgery"... Le repos des guerriers passe aussi par le traficotage de voix et le travail sur le son des guitares (le très beau "A sight to behold") ou par le passage de la course à la marche, sauf que là, les pas sont plombés et créent des secousses sismiques ("Wolf down the Earth"). "Oroborus", "Toxic garbage island", "All the tears" ou "Vacuity" raviront les fans du death sans concession et des plans techniques qui ébouriffent les oreilles.
Les petits frenchies jaloux de devoir partager le monstre lui trouveront peut-être des poux. Mais il est (encore) un peu tôt pour juger The way of all flesh qui, il ne faut pas l'oublier, succède à un chef d'oeuvre. A l'épreuve du temps et du live, il y a fort à parier que cette synthèse de Gojira nous marque autant que les précédents.