Gno_Crass Palace Les aventures de Christophe Godin sont toujours à suivre d'un œil attentif. Le maestro stakhanoviste de la guitare, roi des masterclass qu'il affectionne follement, revient aux affaires avec Gnô, un an après le Brütal römance de Morglbl, le groupe qui l'a révélé aux mélomanes à la fin des années 90. Moins fourre-tout mais plus rock que ce dernier, Gnô passe la barre du troisième album, douze ans après son premier mais seulement deux ans après Cannibal tango. On sent à l'écoute de ce Crass palace que ce projet, à défaut d'être d'une originalité évidente (mais tout est relatif), est clairement récréatif tant les gars ont l'air de s'éclater (et de nous écoeurer au passage) en nous faisant bouffer de la technique instrumentale impressionnante. Pouvions-nous en douter lorsqu'on connaît les folies musicales de Mister Godin ?

Concrètement, ce nouveau disque baigne dans un rock métallisé de par les riffs exécutés par la guitare Vigier à 7 cordes de Christophe accordée en La, faisant penser par moment à du Meshuggah ("The scavenger"). Mais le trio allie notamment à son rock rentre dedans des chansons crossover au groove imparable ("The doll"), du hard-rock FM aux refrains entêtants ("Toy boy no more") et des ballades pop ("Fly free"). Aventureux et mêlant ambiances contrastées, Crass palace séduit au fur et à mesure que les écoutes s'étendent. Le chant de Godin s'adapte avec brio à toutes les situations même si on aurait aimé entendre de la grosse voix de métalleux endurci à la vue du contenu musical.

Ce nouvel album de Gnô confirme une nouvelle fois, mais fallait-il en douter, tout le talent de ce trio (sauf pour les artworks décidemment sans goût) et l'aisance de son leader à s'immiscer dans tout ce qui touche de près ou de loin au métal ou, devrions-nous dire, à la musique saturée, mais pas que ! Cet opus a d'ailleurs été qualifié par ses auteurs comme étant un croisement improbable entre Pantera et les Beatles. Ces derniers ont du coup été repris en fin de piste en version gros son avec le titre "Eleanor Rigby", une démo datant du début des années 2000, soit à la création du groupe. Rassurons tout de même ceux qui pourrait se poser la question : ce disque n'est pas de la branlette de manche de guitare à la Satriani. Voilà, c'est dit, vous pouvez disposer.