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Biographie > Nathalie, fan de Ghost

Natalie fan de Ghost Je m'appelle Nathalie et je suis fan de Ghost. Tout a commencé en 2011, complètement par hasard, quand je suis allée voir In Flames à l'Olympia. Ghost, qui en était à ses débuts, faisait partie des quatre groupes ouvrant la bande d'Anders Fridén. Dans une ambiance de type "messe noire", et alors que la formation suédoise débarquait sur scène avec Papa Emeritus I flanqué de son fameux encensoir, je me suis dit que le public allait encore devoir assister à un énième concert d'un groupe de black ou de death pas très inventif. Mais je suis restée complètement interloquée, presque même hypnotisée, dès que le Pape chapeauté a commencé à chanter. Je ne comprenais pas ce mélange entre l'imagerie satanique, l'ambiance très lourde, et les titres sonnant "années 70", avec un Blue Öyster Cult qui aurait avalé ABBA au passage. Une fois le concert achevé, la seule idée que j'avais en tête était de rentrer chez moi pour en savoir plus sur ce groupe, non sans auparavant avoir dévalisé au passage le stand de merch à la sortie du concert, et sans naturellement imaginer que j'avais mis le doigt dans un engrenage qui allait changer ma vie.

Il faut comprendre que, pour ceux qui ont pu connaître Ghost à leurs débuts, du moins pendant le règne des deux premiers Papes, l'anonymat avait vraiment beaucoup d'importance et a apporté au groupe un côté attractif indéniable. Même s'il y avait de temps en temps quelques fuites, la plupart des fans respectait le concept et ne cherchait pas à savoir qui se cachait sous les masques. En plus du paradoxe imagerie/chansons, c'est ce qui a contribué à en faire un groupe à part, un groupe mystérieux, mystique, musicalement abordable par tout le monde malgré leur appartenance à la niche metal qui ne fait pas forcément l'unanimité en France. De plus, le fait de changer de chanteur à chaque album et d'avoir créé tout un univers étendu autour des personnages est vraiment quelque chose d'exceptionnel. À chaque album, il n'y a d'ailleurs pas qu'un changement de chanteur mais aussi un changement de style musical, un changement de voix, on ne sait jamais à quoi s'attendre quand un nouveau disque est annoncé, et le fait que le chanteur ne soit pas sur les réseaux sociaux renforce encore plus le mystère. Même si aujourd'hui tout le monde sait qui il est, il reste inaccessible et je trouve que c'est très intelligent et cohérent avec le marketing établi. C'est-à-dire qu'en somme, toute l'importance reste accordée aux personnages et non à celui qui est derrière le masque. C'est tout simplement parfait. En tout cas, cela me convient car la perte de l'anonymat a été un cap difficile à passer pour moi, j'avoue que j'ai même toujours du mal à l'intégrer.

J'ai eu l'opportunité de pouvoir participer à des after-show avant 2016... auxquels je ne suis pas allée pour justement ne pas voir les membres du groupe démasqués. Avec le recul, je crois que je le regrette un peu. Je pensais que j'aurai d'autres occasions car même si je sentais que le groupe allait grandir, je ne pensais pas que cela arriverait aussi rapidement et que les "meet & greet" gratuits et autres rencontres organisées dans les bars allaient rapidement devenir un vieux souvenir. Leur ascension fulgurante en a fait aussi un groupe à part.

Quoi qu'il en soit, depuis 2011, j'ai pu les voir très souvent en concert, en festival, et même assisté à leur première télé française. Je pense que le concert qui restera gravé à vie dans ma mémoire est celui de La Cigale, qui a eu lieu trois semaines après les attentats du Bataclan. L'ambiance était spéciale, lourde. Pour la première fois, je n'étais non pas au premier rang mais proche des sorties de secours, traumatisée par les évènements tragiques que l'on connaît. Papa Emeritus III a fait un magnifique discours en fin de concert, enroulé dans un drapeau bleu, blanc, rouge lancé par un fan. Un moment très émouvant. Le Hellfest 2013 était magique lui aussi. Le groupe, qui devait jouer sous une tente en début de soirée, a finalement joué le soir sur la Mainstage, avec un ciel noir pour décor et la pleine lune en fond, en cohésion totale avec le show proposé par Papa Emeritus II à l'époque. Tout simplement sublime !

Tout cela m'a poussé il y a quelques années à créer une fanpage, Ghost Addict France, présente sur tous les réseaux sociaux. J'avais envie d'apporter un véritable espace d'échanges entre fans, organiser des réunions hors concert, apprendre à nous connaître. J'ai fait de superbes rencontres par ce biais, noué de vraies amitiés (et même créé quelques couples !). J'ai également découvert des artistes passionnés du groupe qui dessinent, créent des costumes et des poupées à leur effigie. Cela m'a moi aussi poussé à réaliser des créations en laine : figurines, écharpe, bonnet... juste pour le fun ! C'est au final une aventure très riche.

Je me suis aussi laissée embarquer dans une collection de merch qui frise l'absurdité... pour exemple, j'ai presque 200 t-shirts, une cinquantaine de vinyles dont des coffrets, des bootlegs et des albums originaux en plusieurs exemplaires (mais de couleurs différentes), des médiators et baguettes attrapées lors de concerts, des centaines de goodies divers et variés, et même un "papadildo" officiel que j'ai pu faire signer au Cardinal Copia lors d'une rencontre épique. Je suis tout de même fière de certaines pièces très rares que je possède.

Dans l'euphorie, j'ai évidemment craqué pour quelques tatouages en rapport avec le groupe... Six au total. J'ai pu d'ailleurs faire une photo sympa avec celui que j'ai sur le bras avec le Cardinal Copia lors d'un "meet and greet" mémorable, au cours duquel j'ai dit au chanteur en guise d'au revoir :"If you see Tobias Forge backstage, tell him he is a genius" et il m'avait alors répondu "I don't know if I'm gonna tell him, he's kind of a megalomaniac and you know in fact : he's an asshole". Un de mes plus beaux fous rires de tournée. Le 7ème tatouage est en prévision. Ce sera sans doute une phrase tirée d'une de leur chanson : c'est encore en réflexion...

L'aventure Ghost est loin d'être finie ! [  [fr] Ghost Addict France: facebook (29 hits)  External  ]

Ghost / Chronique LP > Impera

ghost - Impera Tout n'a-t-il pas été dit à propos de Ghost et de son génial cerveau Tobias Forge ? Personnellement, je pensais avoir fait le tour de la question à propos de ce groupe dont mon premier (et inoubliable) souvenir remonte à un concert s'étant tenu un début d'après-midi dominical dans le cadre de l'édition 2013 du Sonisphere français. L'eau a coulé sous les ponts depuis, les albums et les tournées se sont enchaînées, avec leur lot de grandiloquence et de succès jamais remis en cause. J'ai un (gros) faible pour Infestissumam qui reste mon album de cœur, mais Meloria et Prequelle ont consolidé le statut de Ghost comme groupe incontournable et trouvent une place de choix dans ma rockothèque. Mais voilà, Impera, cinquième effort studio longue durée, est bien la preuve que le groupe, constant dans sa façon de composer des tubes qui trottent dans la tête, est encore sujet à surprises. De bonnes surprises même.

Avec Imperia à la cover rétrofuturiste impeccable (merci Zbigniew Bielak !), c'est le quatrième représentant de la destinée Emeritus qui succède au Cardinal Copia, reprenant le contrôle de ce mastodonte qu'est devenu Ghost. Et alors que le groupe tutoie les sommets avec sa pop métallique/satanique, Impera fait part belle aux compositions les plus heavy que le groupe de Tobias aient composées, le tout dans un registre de plus en plus progressif, bien aidé à cette occasion par Fredrik Åkesson (Opeth) pour les guitares et par les auteurs Salem Al Fakir et Vincent Pontare. Un pari osé, mais ne s'agit-il pas de la destinée de Ghost de faire évoluer ce monstre hors des sentiers battus ? Bien entendu, les ingrédients faisant le charme de la formation suédoise sont au menu de cette gargantuesque orgie musicale. Passé le romantique "Imperium" en guise d'intro, "Kaisarion" démarre sur les chapeaux de roue, les accents pop s'entrelaçant de fort belle manière avec le riffing appuyé des guitares aiguisées et le basse/batterie supersonique. C'est jouissif tellement c'est Malin. "Spillways" enfonce le(s) clou(s) comme pour mieux nous crucifier, et la modulation prog rock va finalement à ravir à ce groupe qui, une fois encore, réussit son coup. Tout au long de ce disque vont s'enchaîner les délices sonores ("Hunter's moon", le gigantesque "Darkness at the heart", le sombre "Call me little sunshine") et les uppercuts ("Watcher in the sky", "Griftwood"), avec tout de même quelques fautes de goût ("Twenties" sans saveur ou l'incompréhensible envie de thrashiser l'ambiance). Après une écoute qui n'a pas été des plus rassurantes du fait d'une indigestion d'informations à appréhender, je dois quand même reconnaître qu'après plusieurs lectures, ce disque est réussi.

Ghost peut (une nouvelle fois) conquérir le monde avec cet Imperia qui, malgré sa complexité, pourrait lui faire atteindre les sommets Et même si, visuellement, je serai toujours nostalgique des deux premiers opus et que je regrette le coté grand guignolesque des dernières productions scéniques, Ghost reste et restera à jamais un groupe qui comptera pour moi (surtout depuis que je viens de découvrir en écoutant ce disque qu'un des Nameless Ghoul n'est autre que Chris Catalyst du Ginger Wildheart Band/Ugly Kid Joe/Eureka Machine !).

Publié dans le Mag #51

Ghost / Chronique LP > Prequelle

Ghost - Prequelle Alors qu'un album live (Cremony and devotion) est paru il n'y pas six mois, Ghost enfonce le clou avec un quatrième album sobrement intitulé Prequelle. Le groupe, en plus d'enchaîner les tournées harassantes, se révèle productif et même si Meloria, précédent LP, est sorti il y quasiment trois ans, on ne peut pas vraiment dire que Ghost ait perdu son temps. J'ai même plutôt l'impression que la formation suédoise enchaîne pour ne pas perdre la dynamique qui l'anime. Bref, Ghost propose un nouvel album studio, et c'est bien cela qu'il faut retenir.

Ça et beaucoup d'autres choses. Et notamment une nouvelle entité au micro et sur le devant de la scène (exit la lignée des Papa Emeritus, souhaitons la bienvenue au Cardinal Copia) mais toujours Tobias Forge aux manettes (tant au niveau de la composition que de l'interprétation et de tout ce qui a trait à l'image du groupe, son groupe). Également, des musiciens renouvelés à l'aube d'aller conquérir le monde lors de longues tournées (qui seront à coup sûr triomphales). Et toujours le même état d'excitation au moment d'enfiler la galette dans sa hifi. Et une constante : Ghost, ça fonctionne toujours !!!

Alors que la pochette de ce quatrième effort se révèle esthétiquement la plus affreuse de l'ère Ghost, la montée en pression sur les réseaux sociaux s'est, elle, révélée haut de gamme, avec quelques mises en scène en forme de teasing efficaces diffusées à tout va, et une conférence de presse retransmise sur la toile pour présenter notre nouveau compagnon de jeu. Quant à la musique, la recette rock popisante (et non plus papisante, ok ?) des premiers disques est une nouvelle fois usée jusqu'à la moelle, avec des refrains qui défoncent la baraque (exceptionnel "Rats", majestueux "Dance macabre" et prenant "See the light" pour ne citer qu'eux). Les guitares sont toujours présentes ("Rats" et ses riffs tranchés dans la grande tradition des années 80, "Faith", "Dance macabre"), le quota de power ballades est respecté ("See the light", "Pro memoria"). Les futurs tubes se bousculent au portillon ("Dance macabre", "Witch image") et les arrangements sont léchés (et particulièrement pour "Rats", morceau que je qualifierai de parfait). On caresse le sublime, mais on frôle parfois les fautes de goût qui, paradoxalement, feront jubiler l'auditeur (l'instrumental "Heletesfontser" parfait à écouter dans les bois en faisant un jeu de rôles, et "Miasma", également un instrumental de plus de cinq minutes à la progression fantastique jusqu'à l'arrivée du saxophone so 80's !). Dix plages (sans compter deux covers de Pet Shop Boys et Leonard Cohen) riches en sensations et en émotions, avec toujours cette constance de magnificence et de perfection.

La production de cet album, léchée et dynamique, avec les multiples couches d'instruments et de voix, est plus que réussie, et rien n'est laissé au hasard pour faire mouche et conquérir le monde et un auditoire de plus en plus conséquent. Car la magie Ghost, c'est aussi ça : s'ouvrir à un public plus large tout en gardant son intégrité sonore des premiers disques plus "confidentiels", et tout en délivrant une musique plus riche et complexe. Du grand art. Je reste nostalgique de la période Infestissumam mais la nouvelle ère de Ghost s'annonce aussi fantasque et grandiloquente que couronnée de succès. Un succès amplement mérité.

Publié dans le Mag #33

Ghost / Chronique LP > Ceremony & devotion

Ghost - Ceremony & devotion Il aura fallu attendre trois (savoureux) albums studios et deux (formidables) EP pour que Ghost s'affaire à proposer à ses fans de plus en plus nombreux un album live. Et comme à chaque nouvel arrivage du groupe (?) suédois, je suis tout excité à l'idée de passer un bon moment avec ces apôtres de Lucifer. Comment pourrait-il en être autrement ?

Ceremony & devotion est donc un album live en forme de joli best of capté lors d'une dernière tournée US du "Popestar Tour". J'avoue toutefois avoir encore du mal à comprendre pourquoi ce disque n'est pas agrémenté d'un DVD ou d'un Blu-Ray, et ce au présumé grand dam des amateurs du groupe. C'est d'ailleurs très étonnant, l'aspect visuel étant un atout fort et puissant (pour ne pas dire une marque de fabrique) de Ghost. Contentons nous donc du son.

Un best of live donc, qui offre à l'auditeur le meilleur (sans blague !) des cinq productions du groupe (quatre en fait, If you have ghost n'étant pas représenté dans la set-list). Les "déjà" standards de Ghost sont interprétés à la perfection par un ensemble de Ghouls véritablement à l'aise avec leurs instruments. Le talent de composition du groupe n'est plus à prouver, et ce disque se révèle être un excellent résumé de la jeune mais déjà prolifique carrière d'une des sensations rock de la décennie. Comment, en effet, ne pas succomber au terrifiant "Absolution", au satanique "Year zero" et au génial "Ritual" ? Et même si le chant n'est pas toujours juste (on a l'impression que Papa Emeritus accentue son mauvais accent anglais du fait de prêcher la bonne parole sur le territoire de l'oncle Sam), c'est quand même un réel plaisir d'entendre des versions plus "heavy" mais toujours popisante (ou papisante, comme tu veux !) des joyaux composant la quasi parfaite discographie des hérétiques. D'autant plus que le mix homogène est fidèle aux prod' studio du groupe, et le son de ce live peut être trop bon pour être honnête (entendez par là authentique).

Mais (car il y a toujours un mais), depuis les "révélations" sur l'identité des musiciens et la levée du voile sur le véritable fonctionnement du groupe (qui est en fait une poignée de zicos réunis autour du seul véritable membre de Ghost, à savoir le chanteur), la magie n'opère plus vraiment de la même manière. Au même titre que le coté "communicatif" et "théâtral" quelque peu exacerbé sur scène depuis la sortie de Meliora qui, de ce fait, atténue le côté maléfique des prestations live données jusque là. Difficile bien évidemment de retranscrire sur disque, mais les versions précédentes de Papa Emeritus en imposait bien plus par leur "silence" que la version actuelle qui se révèle, par ses postures et son tour de chant, des ambitions de crooner. Mais je ne vais pas faire le coup du vieux con qui affirme à qui veut bien l'entendre que c'était mieux avant, car au final, ce n'est (à l'avis d'un certain nombre de fans) certainement pas vrai.

Avec les tournées mondiales qui ont suivi la sortie de Meliora, Ghost s'est imposé comme un futur grand de la scène rock mondiale. Tant auprès de la communauté métal qu'auprès de la large sphère des amateurs de musique électrique et éclectique. Et qu'importe au final s'il ne révèle n'être qu'un projet mené d'une main de maitre (et de fer) par un individu qui a déjà tout planifié (c'est pas moi qui le dit, c'est lui), Ghost demeure une machine de guerre, un rouleau compresseur invincible en constante évolution. Et je ne vois pas ce qui pourra l'arrêter.

Publié dans le Mag #32

Ghost / Chronique LP > Meliora

ghost - meliora Le défi était de taille. Après Infestissumam, fabuleux deuxième album qui a fait passé le groupe de révélation au statut de valeur sûre, Ghost n'avait d'autre choix que de produire un disque qui lui ouvrirait les portes du succès planétaire tout en ne froissant pas sa fan base pourtant acquise à sa cause. Et c'est chose faite avec le brillant Meliora, troisième LP paru en cette fin d'été.

Profitant d'un mini phénomène de mode (nombreux sont ceux qui se ruent à leurs concerts alors qu'ils trouvaient il y a encore peu que ce groupe n'était qu'une farce de mauvais goût), Ghost a mis les petits plats dans les grands en proposant un disque quasi parfait, s'imposant ainsi aux yeux de tous comme le seul représentant actuel de la pop métallique. La recette n'est pas nouvelle, mais le sextet a su la faire évoluer au fil des disques en créant son propre son désormais reconnaissable entre 666. Comme à son habitude, la première plage de l'album pose les bases d'une ambiance feutrée et dérangeante. Et dès les premières mesures de batterie et l'arrivée de cette basse rugissante, l'auditeur attentif ne peut que frissonner de plaisir à l'écoute d'une production puissante et sans faille. « Spirit » se révèle d'ores et déjà un chef d'œuvre de ce disque qui ne manque décidément pas de qualités. Les guitares se veulent plus vindicatives, les mélodies sont une nouvelle fois imparables, et la justesse de l'exécution frôle la perfection (ce pont à partir de la troisième minute est juste bluffant). Le groupe est mélodieux mais sait durcir le ton en proposant des riffs heavy rock comme avec le fabuleux « From the pinnacle to the pit » qui s'impose pour ma part comme LE morceau de l'album. Le groupe, tout en restant mélodique, a su durcir son jeu et s'aventurer dans les méandres des structures complexes et envoûtantes. « Cirice » ou « Majesty » sont les parfaits exemples du mélange des genres entre riffs pachydermiques et mélodies imparables.

La puissance développée par Ghost ne passe pas que par les guitares saturées. Preuve en est avec le fabuleux « He is », aux accents moyenâgeux et au charme redoutable (à la limite toutefois du cliché, mais n'est ce pas une marque de fabrique de ce groupe qui joue avec les stéréotypes visuels pour encore mieux marquer les esprits ?). N'empêche que pour moi, Ghost se révèle le plus percutant quand il plombe l'ambiance avec des mid tempo et la voix parfois dérangeante de Papa Emeritus, 3ème du nom. (« Mummy dust », l'énormissime « Absolution » qui donne également des frissons à en devenir un apôtre de Satan). Et quoi de mieux pour clôturer un album classieux qu'un titre classieux alliant grâce, volupté et refrains percutants (« Deus in absentia »).

Meliora, bourré de riffs lourds et tranchants, de mélodies puissantes et monstrueuses, et bénéficiant d'une production plus couillue que son prédécesseur, marquera un tournant dans la carrière de Ghost, dignement considéré par un public de plus en plus rallié à sa cause et synonyme de l'album de la consécration. Ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement d'un des disques de l'année, tout simplement. Victoria, cette chronique, elle est pour toi.

Ghost / Chronique LP > Infestissumam

Ghost B.C - Infestissumam Ghost B.C. est-il toujours un phénomène à la mode ? Alors que Infestissumam, deuxième album des encapuchonnés suédois, arrive dans les bacs en ce printemps, tout laisse à penser que ce groupe aux accents satanistes et aux relents rock 70's gorgés de pop sera une nouvelle fois la sensation de l'année. Ou plus exactement que la formation nordique, après un premier album surprenant, marquera encore des points.

Ghost B.C., c'est avant tout un visuel marquant, avec Pappa Emeritus "II", leader sataniste et charismatique crevant l'écran avec sa voix mélodieuse et envoutante, et ses Nameless Ghouls, disciples tout droits débarqués des entrailles de Lucifer pour envoyer la sauce derrière. Les prestations scéniques de Ghost B.C. sont une expérience unique, mais après un premier album unanimement salué par la critique, les Suédois avaient-ils les ressources suffisantes pour offrir, musicalement parlant, une deuxième offrande digne de Satan ? Je peux d'ores et déjà vous dire que le défi est relevé haut la main. Ce décalage entre les textes « pro sataniques » et la musique douce et délicieuse délivrée par Ghost B.C. est savoureux. Servis par une production parfaite, les hymnes glorifiant le Malin ont pour dénominateur commun l'harmonie et la pureté, là on pourrait attendre le chaos et une orgie sonore.

Après une intro en latin à glacer le sang (alors que paradoxalement, les lignes de guitares sont incandescentes), le groupe s'en va emprunter les chemins lugubres et clandestins d'un heavy metal lourd et pesant (et presque dérangeant) avec notamment des joyaux comme "Per espera ad inferi", "Secular haze" ou "Jigolo har megiddo", titres puissants avec toujours cette voix apaisée et mélodieuse, offrant un contraste saisissant. "Ghuleh / Zombie queen" offre le temps de quelques minutes une respiration malsaine, avant que le tourbillon ne reprenne la main. S'en suivra le monstrueux "Year zero" résumant en un titre tout ce que Ghost est en mesure d'offrir avec ce deuxième opus : riffs puissants, mélodies exquises et troublantes, textes dérangeants, beauté des arrangements et richesse des sonorités. Un bon moyen d'être transporté au delà des chants hargneux et des productions coup de poing. Car c'est bien là l'un des atouts de ce disque : le traitement du son est riche et léger à la fois, puissant mais pas agressif, chaud et généreux. Autre tubes en puissance, "Body and blood" au refrain inoubliable et aux guitares touchantes et "Depth of satan's eyes" aux riffs très Black Sabbathiens et aux mélodies percutantes. L'assaut final est donné avec le ténébreux "Monstrance clock", titre génial, maléfique et fédérateur.

On ne ressort pas indifférent de l'écoute d'Infestissumam. On peut crier au scandale en invoquant une bête de foire et des morceaux mous du genou. On peut, au contraire, se réjouir d'écouter un disque qui sort de l'ordinaire et qui sonne admirablement bien. Pour ma part, et n'ayant pas pris part à la première messe noire datant de 2010, je ne peux être qu'envouté par tant de finesse et de mélodie. Comment Diable ce groupe a-t-il pu réussir à me faire chavirer de la sorte ? Les voix de Lucifer sont impénétrables. Amen.