ghost - meliora Le défi était de taille. Après Infestissumam, fabuleux deuxième album qui a fait passé le groupe de révélation au statut de valeur sûre, Ghost n'avait d'autre choix que de produire un disque qui lui ouvrirait les portes du succès planétaire tout en ne froissant pas sa fan base pourtant acquise à sa cause. Et c'est chose faite avec le brillant Meliora, troisième LP paru en cette fin d'été.

Profitant d'un mini phénomène de mode (nombreux sont ceux qui se ruent à leurs concerts alors qu'ils trouvaient il y a encore peu que ce groupe n'était qu'une farce de mauvais goût), Ghost a mis les petits plats dans les grands en proposant un disque quasi parfait, s'imposant ainsi aux yeux de tous comme le seul représentant actuel de la pop métallique. La recette n'est pas nouvelle, mais le sextet a su la faire évoluer au fil des disques en créant son propre son désormais reconnaissable entre 666. Comme à son habitude, la première plage de l'album pose les bases d'une ambiance feutrée et dérangeante. Et dès les premières mesures de batterie et l'arrivée de cette basse rugissante, l'auditeur attentif ne peut que frissonner de plaisir à l'écoute d'une production puissante et sans faille. « Spirit » se révèle d'ores et déjà un chef d'œuvre de ce disque qui ne manque décidément pas de qualités. Les guitares se veulent plus vindicatives, les mélodies sont une nouvelle fois imparables, et la justesse de l'exécution frôle la perfection (ce pont à partir de la troisième minute est juste bluffant). Le groupe est mélodieux mais sait durcir le ton en proposant des riffs heavy rock comme avec le fabuleux « From the pinnacle to the pit » qui s'impose pour ma part comme LE morceau de l'album. Le groupe, tout en restant mélodique, a su durcir son jeu et s'aventurer dans les méandres des structures complexes et envoûtantes. « Cirice » ou « Majesty » sont les parfaits exemples du mélange des genres entre riffs pachydermiques et mélodies imparables.

La puissance développée par Ghost ne passe pas que par les guitares saturées. Preuve en est avec le fabuleux « He is », aux accents moyenâgeux et au charme redoutable (à la limite toutefois du cliché, mais n'est ce pas une marque de fabrique de ce groupe qui joue avec les stéréotypes visuels pour encore mieux marquer les esprits ?). N'empêche que pour moi, Ghost se révèle le plus percutant quand il plombe l'ambiance avec des mid tempo et la voix parfois dérangeante de Papa Emeritus, 3ème du nom. (« Mummy dust », l'énormissime « Absolution » qui donne également des frissons à en devenir un apôtre de Satan). Et quoi de mieux pour clôturer un album classieux qu'un titre classieux alliant grâce, volupté et refrains percutants (« Deus in absentia »).

Meliora, bourré de riffs lourds et tranchants, de mélodies puissantes et monstrueuses, et bénéficiant d'une production plus couillue que son prédécesseur, marquera un tournant dans la carrière de Ghost, dignement considéré par un public de plus en plus rallié à sa cause et synonyme de l'album de la consécration. Ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement d'un des disques de l'année, tout simplement. Victoria, cette chronique, elle est pour toi.