Ghost - Prequelle Alors qu'un album live (Cremony and devotion) est paru il n'y pas six mois, Ghost enfonce le clou avec un quatrième album sobrement intitulé Prequelle. Le groupe, en plus d'enchaîner les tournées harassantes, se révèle productif et même si Meloria, précédent LP, est sorti il y quasiment trois ans, on ne peut pas vraiment dire que Ghost ait perdu son temps. J'ai même plutôt l'impression que la formation suédoise enchaîne pour ne pas perdre la dynamique qui l'anime. Bref, Ghost propose un nouvel album studio, et c'est bien cela qu'il faut retenir.

Ça et beaucoup d'autres choses. Et notamment une nouvelle entité au micro et sur le devant de la scène (exit la lignée des Papa Emeritus, souhaitons la bienvenue au Cardinal Copia) mais toujours Tobias Forge aux manettes (tant au niveau de la composition que de l'interprétation et de tout ce qui a trait à l'image du groupe, son groupe). Également, des musiciens renouvelés à l'aube d'aller conquérir le monde lors de longues tournées (qui seront à coup sûr triomphales). Et toujours le même état d'excitation au moment d'enfiler la galette dans sa hifi. Et une constante : Ghost, ça fonctionne toujours !!!

Alors que la pochette de ce quatrième effort se révèle esthétiquement la plus affreuse de l'ère Ghost, la montée en pression sur les réseaux sociaux s'est, elle, révélée haut de gamme, avec quelques mises en scène en forme de teasing efficaces diffusées à tout va, et une conférence de presse retransmise sur la toile pour présenter notre nouveau compagnon de jeu. Quant à la musique, la recette rock popisante (et non plus papisante, ok ?) des premiers disques est une nouvelle fois usée jusqu'à la moelle, avec des refrains qui défoncent la baraque (exceptionnel "Rats", majestueux "Dance macabre" et prenant "See the light" pour ne citer qu'eux). Les guitares sont toujours présentes ("Rats" et ses riffs tranchés dans la grande tradition des années 80, "Faith", "Dance macabre"), le quota de power ballades est respecté ("See the light", "Pro memoria"). Les futurs tubes se bousculent au portillon ("Dance macabre", "Witch image") et les arrangements sont léchés (et particulièrement pour "Rats", morceau que je qualifierai de parfait). On caresse le sublime, mais on frôle parfois les fautes de goût qui, paradoxalement, feront jubiler l'auditeur (l'instrumental "Heletesfontser" parfait à écouter dans les bois en faisant un jeu de rôles, et "Miasma", également un instrumental de plus de cinq minutes à la progression fantastique jusqu'à l'arrivée du saxophone so 80's !). Dix plages (sans compter deux covers de Pet Shop Boys et Leonard Cohen) riches en sensations et en émotions, avec toujours cette constance de magnificence et de perfection.

La production de cet album, léchée et dynamique, avec les multiples couches d'instruments et de voix, est plus que réussie, et rien n'est laissé au hasard pour faire mouche et conquérir le monde et un auditoire de plus en plus conséquent. Car la magie Ghost, c'est aussi ça : s'ouvrir à un public plus large tout en gardant son intégrité sonore des premiers disques plus "confidentiels", et tout en délivrant une musique plus riche et complexe. Du grand art. Je reste nostalgique de la période Infestissumam mais la nouvelle ère de Ghost s'annonce aussi fantasque et grandiloquente que couronnée de succès. Un succès amplement mérité.