Metal Métal > General Lee

Biographie > General Lee (McBeal)

Après avoir évolué au sein de Murky, les membres de General Lee façonnent depuis 2000 leur griffe musicale, subtil mélange de rock chaotique sombre et torturé, de hardcore abrasif et de metal à haute teneur émotionnelle. En 2001, une première démo (éponyme) voit le jour. Le groupe fourbit ses armes, aiguise ses griffes musicales et deux ans plus tard sort un MCD baptisé The sinister menace, lequel est suivi en 2004 d'un split partagé avec As we bleed. Vient alors le temps de passer à l'étape de l'album long-format, une marche que le groupe mettra du temps à franchir puisqu'il faudra attendre 2008 pour que General Lee enfante d'Hannibal Ad Portas (Basement Apes Industries).

Review Concert : General Lee, General Lee à la cave aux poètes (nov. 2010)

Review Concert : General Lee, DirGeneRorcaLee (nov. 2008)

Interview : General Lee, General Lee et répond à nos questions (nov. 2015)

Interview : General Lee, l'interview du General (Lee) (mai 2009)

General Lee / Chronique EP > The shadows lengthen

Junon - The shadows lengthen Une quinzaine d'années à labourer les esgourdes, c'était suffisant pour General Lee qui rangeait la caisse au garage au printemps 2016. Mais voilà que cinq années plus tard, les mêmes gaillards pensent qu'ils ont encore des choses à dire et décident de se reformer... sans pour autant revenir avec leur vieux nom. Voulant se libérer de certains poids et repartir de zéro, c'est Junon qu'il faut désormais les appeler, c'est le premier titre de leur première démo, c'est donc un synonyme de commencement plus que de recommencement même si dans les sonorités, les ambiances et jusqu'à l'artwork, on retrouve pas mal d'éléments qui rappellent les débuts du General et en particulier Hannibal Ad Portas.

The shadows lengthen ne s'étend que sur un peu moins de 20 minutes et 4 pistes mais on retrouve des Nordistes qui n'ont rien perdu de leur mordant et se plaisent de nouveau dans des atmosphères lugubres et pesantes. De par la dichotomie riffs lourds vs sonorités claires, la tonalité d'ensemble est orientée post-hard-core (ce qui n'est pas pour me déplaire, désolé les gars de vous étiqueter encore comme cela) avec un travail assez fouillé sur les distorsions et les voix pour que le schéma ne soit pas trop "classique", on a du hurlé bien sûr mais on a aussi du chant clair, du spoken word, et pas mal de mélodies saignantes et comme chacun s'amuse à jouer sur ces registres (sons clairs / saturés ou rythmique lourde / éthérée), on obtient un ensemble d'une grande richesse malgré le peu de temps d'exécution, même un titre de moins de 4 minutes paraît "long" tant il apporte de sentiments. Sur cette base Neurosisienne (si si, ça se dit), ajoute quelques pointes de screamo et une grosse dose de rage "in your face" et tu comprendras pourquoi ce premier EP de Junon fait autant parler de lui. Il faut dire que le mariage est parfaitement réussi, et même si leur nom doit assez peu à la déesse romaine, il est bon de rappeler que la mythologie en fait la mère à la fois de Lucine (la lumière), Vulcain (le feu) et Mars (la violence).

"Sorcerer", "Carcosa", "Flood preachers" et "The bleeding", les noms des compositions offrent tout un programme et une fois ingéré le menu présenté ne déçoit pas, le malaise comme l'inquiétude hantent ces quatre titres où la souffrance l'emporte sur la luminosité de certains passages. Mais comme c'est grâce à cette dualité que le combo s'exprime le mieux, ce serait dommage que le combat prenne fin dès leurs nouveaux débuts...

Publié dans le Mag #46

General Lee / Chronique LP > Knives out, everybody !

General Lee - Knives out, everybody! Le General Lee nouveau est arrivé et il n'a pas fait les choses à moitié ! La mue amorcée avec Raiders of the evil eye est désormais achevée, au placard les longues séquences de riffs pesantes et les inspirations lunesques, le hardcore n' roll prend désormais toute la place. Si à leurs formidables débuts, les Nordistes faisaient traîner leurs idées, elles vont désormais à 100.000 à l'heure, en exagérant (à peine), il doit y avoir autant de coups de médiators dans "Fuel injected suicide machine" que dans l'intégralité de leur premier album. Ca mouline dans tous les sens, c'est du rock n' roll gesticulatoire version très véner et c'est juste jouissif.

Alors, les petits plats dans les grands, c'est quoi exactement ? Déjà, c'est un artwork de classe internationale puisqu'ils nous ont déniché l'illustrateur canadien Matt Ryan, un passionné de cinéma (comme eux), qui a déjà travaillé avec du beau monde (Cancer Bats, Every Time I Die et pas mal d'autres...) pour pondre un dessin ultra personnalisé (entre bagnole star, bikini, cascade, santiags, flingues, extra-terrestres et zombies). Côté son, c'est encore à Clément Decrock, le boss du Boss Hog (Tang, As we bleed, L'oeuf, Kill me this Monday, Errata...) qu'ils ont confié leur destin, et ça sonne méchamment bien (encore). Enfin, ils ont convié à leur sauterie quelques amis comme Manon (petite cerise sur le gâteau "Night chaser", dont la voix douce hante régulièrement le studio Boss Hog), Alex de The Prestige tout à fait dans le moule pour "The beast inside" et Vincent (AqME, The Butcher's Rodeo) qui, par sa clarté fugitive, allège quelque peu le tourbillonnant "Hellbound on VHS".

Et tout ça, ce n'est que du détail à côté du ressenti général : littéralement une grande claque dans la gueule. Même les trucs sur lesquels je suis plutôt réticent d'habitude deviennent excellents, le meilleur exemple sont les choeurs (j'ai vraiment beaucoup de mal avec ce procédé), ceux qui terminent "The conqueror worm" sont bouleversants d'utilité, impossible d'imaginer le titre sans eux. Si musicalement, la transformation est enfin aboutie, General Lee n'a pas changé d'humeur et allie souvent déconnade à références historico-cinématographico-musicales (je crois que c'est comme ça qu'il faut dire !), en témoignent des titres comme "Sergio Leone built my hotrod" (ou comment le maître du western spaghetti remplace le Jesus de Ministry) ou "Letter of Aaron Kominski from Hell" (ou comment l'un des potentiels "Jack l'Éventreur" se retrouve à écrire une lettre depuis l'enfer ... ou un film traitant de ladite histoire). Les jeux avec les mots sont aussi poussés que ceux avec les riffs, ça chauffe donc à tous les étages et devant la complexité des constructions, la façade est clairement kiffante. Plutôt que de sortir les couteaux, sortez les cartes bleues ou les biftons et chopez-moi cet album !

General Lee / Chronique LP > Raiders of the evil eye

General Lee - Raiders of the Evil Eye A l'époque de Roads, on avait pu reprocher à General Lee de ressembler un peu trop à Cult of Luna période Somewhere along the highway. C'est à croire qu'ils nous ont écouté puisqu'avec leur nouvel opus, les Nordistes délaissent un peu le postcore lourd et tellurique de leurs débuts pour quelque chose de plus orienté rock-hardcore-punk ("The witching hour"), avec quelques éléments post-rock et surtout une énorme dose de mélodies intensément salvatrices, déchirantes, portées par l'intensité palpable d'un "Medusa howls with wolves" qui fait toute la force de ce Raiders of the evil eye.

Disque de la maturité pour les General Lee, il est celui qui leur permet de ménager leurs effets et excroissances sonores ("Alone with everybody") pour mieux libérer leurs éruptions de rage brute. A l'image de cet "Overwhelming truth" qui maîtrise ses progressions narratives en préparant le terrain à un "The end of bravery" qui vient violenter nos conduits auditifs en prévenant de son arrivée tout en assumant sa venue. Un mélange de post-rock élégant et de noise-hardcore salvateur, les riffs vont et viennent, les hurlements sortent de la cage thoracique pour s'encastrer dans les enceintes, mais surtout le groupe dépose ici sur la platine le climax d'un album dont il a su parfaitement maîtriser les étapes. Comme l'imagerie visuelle et sonore d'ailleurs.

Laquelle avec "LVCRFT" visite donc des paysages mythologiques (d'où la "Medusa " du troisième titre et de l'artwork) et/ou lovecraftiens exhalant assez étonnamment une violence relativement plus contenue que ce à quoi l'on pouvait s'attendre, comme si une fois encore sur cet album, General Lee avait voulu repenser sa manière de composer, d'instiller douleur et tourments sur ses créations pour mieux en apprécier les pulsions libératrices ("Running with sharp scissors"). Le groove post-truc aussi, même si ce n'est plus forcément la clef de voûte d'une musique qui en a désormais plusieurs, ne se privant de la rendre plus organique que jamais. On appelle ça une remise en question créative pour laquelle le groupe s'est ouvert à de nouveaux horizons sans jamais trahir ce qui faisait sa griffe musicale originelle.

Si Roads avait pu être une légère déception ou tout du moins un album en deçà de ce qu'avait pu offrir Hannibal Ad Portas, le troisième album du General est donc celui qui fait basculer le groupe dans une autre dimension, celui-là qui démontre que cette fois, la formation nordiste est entrée chez les grands.

General Lee / Chronique LP > Roads

General Lee - Roads Il est de retour... Le General, qui avait sous les traits d'Hannibal terrassé l'empire à l'occasion de son premier album, revient maintenant conquérir le monde en se lançant dans un périple postcore des plus abrasifs. Sur sa route, ou plus "les" routes qu'il emprunte, il délivre neuf titres à la densité hors-norme, aux tourments insoupçonnés et paradoxalement d'une finesse rarement égalée dans le genre. Monument post-truc avec des machins en "core" dedans, General Lee est avec ce nouvel album fidèle à sa réputation (flatteuse) qui fait de lui l'un des plus âpres et fervents représentant de la lignée dans l'hexagone et peu à peu sur l'ensemble du vieux continent, mais fait dans le même temps évoluer sa musique vers des territoires plus "apaisés" qu'à l'accoutumée. Du moins sur le titre ouverture : "When the vultures descend to feed". Mais pas que...

Car dès le second titre, hargneux comme jamais, faisant cramer le bitume en se basant sur un socle musical d'influence rock et y plaquant par dessus des hurlements ravageurs ("Torches"), les nordistes font grimper la tension, sans pour autant oublier de soigner les atmosphères, presque propices à l'apaisement par instants, même si c'est pour constamment demeurer au beau milieu d'un champ de ruines émotionnelles. Ou presque. On l'aura compris, sur ce Roads, le calme est de courte durée et la maîtrise formelle absolue ("Control"), dopée par une production limpide (limite un peu trop...). Tout au long de l'album, le périple des General Lee se voulant autant un trajet à travers le postcore, le mid-tempo et le sludge metal qu'une une épreuve initiatique l'invitant à s'immerger dans les soubassements d'une musique hardcore toute à la fois catharsis et exutoire, envoie l'auditeur se frotter à des riffs toujours telluriques et un "chant" cinglant comme jamais.

Ici, il est ainsi littéralement happé par cette rage brute qui transpire de tous les sillons de ce disque et pourtant, peu à peu, le groupe se détache de la simple classification postcore/hardcore/sludge/rock pour livrer sur "Hunted ("Ashes by the dawn"), une ballade intimiste et dépouillée au chant clair et instrumentations fragiles... avant de revenir à ses fondamentaux hard avec "The red room" ou "Those of the unlight", expulsant des litres de haine à même l'asphalte, avant de lâcher sur la platine le climax de son album, le magnifique "In reverse". On se dit alors que General Lee a tout mis dans ce titre et pourtant, "This sea breathes evil" tend à démontrer que le groupe en avait encore sous la pédale au rayon postcore screamo éruptif... avant de boucler la boucle sur l'instrumental éponyme "Roads". Une conclusion tout en douceur pour un disque aux deux visages, tantôt tempétueux, tantôt plus apaisé, toujours excellemment exécuté... et finalement le seul bémol que l'on pourra ajouter à la partition du groupe, c'est tout simplement qu'il ressemble parfois un peu trop à Cult of Luna période Somewhere along the highway. Pour le reste, après un excellent Hannibal Ad Portas, les General Lee confirment tout le bien que l'on était en droit d'attendre d'eux et c'est déjà pas mal. Classe.

General Lee / Chronique LP > Hannibal ad portas

General Lee - Hannibal Ad Portas 211 avant JC, en pleines guerres puniques opposant Rome à Carthage, Hannibal, l'illustre général et brillant tacticien carthaginois fait trembler la capitale de l'Empire quand, dans une offensive un peu désespérée, il se présente avec son armée à quelques encablures de la cité romaine, suscitant l'affolement général et ce fameux Hannibal ad portas est (littéralement "Hannibal est à nos portes"), qui inspira General Lee au moment de trouver un patronyme à son premier album long format. Un titre qui entre parenthèses sied parfaitement à cet album, massif, guerrier, dévastateur, mais habilement orchestré... "Drifting" synthétise cette impression d'ensemble. Un océan de violence qui se déchaîne sous nos yeux, des lames de fond qui s'abattent sur nos tympans déjà en alerte, un véritable grand huit musical, qui entre séance d'équarrissage métallique et plages plus contemplatives, nous offre un numéro de haute volée, suspendu dans le vide. General Lee joue les funambules, dresse des murs de guitares et fait franchir à ses riffs éléphantesques des crevasses musicales aux profondeurs insondables. "Tyrant" se fait l'écho de ce cataclysme sonique et ses tourments métalliques nous jaillissent en pleine face.
Section rythmique qui pilonne, des hurlements qui déchirent l'horizon assombrissant un peu plus l'atmosphère, General Lee développe des mélodies vénéneuse à la fois poétiques et (post)chaotiques, des élancements épidermiques qui font d'Hannibal Ad Portas un monument de violence sur lequel les décibels s'entrechoquent sans fin dans des crescendo libérateurs avant un retour au calme qui évoque plus la désolation que l'apaisement. Rock sombre et torturé, hardcore abrasif, les deux "styles" ne font plus qu'un et le groupe enfonce le clou un peu à la manière de ce que fait Isis ou Cult of Luna, laissant de fait libre court à sa furie démentielle ("Our last struggle winter", "A dead issue"). Désormais maître des éléments, General Lee peut décider des déchaînements climatiques et ne se prive pas de purger les écoutilles de ses auditeurs à coup de riffs massifs qui font vibrer les soubassements de son édifice musical pourtant impressionnant ("Colossal rains"). Pratiquant la tactique de la terre brûlée, le groupe s'enfonce dans les ténèbres, ne semant que terreur, destruction et anarchie sur son passage... jusqu'à l'éponyme "Hannibal ad portas" et ses nappes post-rock apportant une petite lueur d'espoir dans ce chaos indicible. Le calme après la tempête, un silence de mort sur le champ de bataille alors que la terre des hommes vient d'être carbonisée...