General Lee - Knives out, everybody! Le General Lee nouveau est arrivé et il n'a pas fait les choses à moitié ! La mue amorcée avec Raiders of the evil eye est désormais achevée, au placard les longues séquences de riffs pesantes et les inspirations lunesques, le hardcore n' roll prend désormais toute la place. Si à leurs formidables débuts, les Nordistes faisaient traîner leurs idées, elles vont désormais à 100.000 à l'heure, en exagérant (à peine), il doit y avoir autant de coups de médiators dans "Fuel injected suicide machine" que dans l'intégralité de leur premier album. Ca mouline dans tous les sens, c'est du rock n' roll gesticulatoire version très véner et c'est juste jouissif.

Alors, les petits plats dans les grands, c'est quoi exactement ? Déjà, c'est un artwork de classe internationale puisqu'ils nous ont déniché l'illustrateur canadien Matt Ryan, un passionné de cinéma (comme eux), qui a déjà travaillé avec du beau monde (Cancer Bats, Every Time I Die et pas mal d'autres...) pour pondre un dessin ultra personnalisé (entre bagnole star, bikini, cascade, santiags, flingues, extra-terrestres et zombies). Côté son, c'est encore à Clément Decrock, le boss du Boss Hog (Tang, As We Bleed, L'oeuf, Kill me this Monday, Errata...) qu'ils ont confié leur destin, et ça sonne méchamment bien (encore). Enfin, ils ont convié à leur sauterie quelques amis comme Manon (petite cerise sur le gâteau "Night chaser", dont la voix douce hante régulièrement le studio Boss Hog), Alex de The Prestige tout à fait dans le moule pour "The beast inside" et Vincent (AqME, The Butcher's Rodeo) qui, par sa clarté fugitive, allège quelque peu le tourbillonnant "Hellbound on VHS".

Et tout ça, ce n'est que du détail à côté du ressenti général : littéralement une grande claque dans la gueule. Même les trucs sur lesquels je suis plutôt réticent d'habitude deviennent excellents, le meilleur exemple sont les choeurs (j'ai vraiment beaucoup de mal avec ce procédé), ceux qui terminent "The conqueror worm" sont bouleversants d'utilité, impossible d'imaginer le titre sans eux. Si musicalement, la transformation est enfin aboutie, General Lee n'a pas changé d'humeur et allie souvent déconnade à références historico-cinématographico-musicales (je crois que c'est comme ça qu'il faut dire !), en témoignent des titres comme "Sergio Leone built my hotrod" (ou comment le maître du western spaghetti remplace le Jesus de Ministry) ou "Letter of Aaron Kominski from Hell" (ou comment l'un des potentiels "Jack l'Éventreur" se retrouve à écrire une lettre depuis l'enfer ... ou un film traitant de ladite histoire). Les jeux avec les mots sont aussi poussés que ceux avec les riffs, ça chauffe donc à tous les étages et devant la complexité des constructions, la façade est clairement kiffante. Plutôt que de sortir les couteaux, sortez les cartes bleues ou les biftons et chopez-moi cet album !