General Lee - Hannibal Ad Portas 211 avant JC, en pleines guerres puniques opposant Rome à Carthage, Hannibal, l'illustre général et brillant tacticien carthaginois fait trembler la capitale de l'Empire quand, dans une offensive un peu désespérée, il se présente avec son armée à quelques encablures de la cité romaine, suscitant l'affolement général et ce fameux Hannibal ad portas est (littéralement "Hannibal est à nos portes"), qui inspira General Lee au moment de trouver un patronyme à son premier album long format. Un titre qui entre parenthèses sied parfaitement à cet album, massif, guerrier, dévastateur, mais habilement orchestré... "Drifting" synthétise cette impression d'ensemble. Un océan de violence qui se déchaîne sous nos yeux, des lames de fond qui s'abattent sur nos tympans déjà en alerte, un véritable grand huit musical, qui entre séance d'équarrissage métallique et plages plus contemplatives, nous offre un numéro de haute volée, suspendu dans le vide. General Lee joue les funambules, dresse des murs de guitares et fait franchir à ses riffs éléphantesques des crevasses musicales aux profondeurs insondables. "Tyrant" se fait l'écho de ce cataclysme sonique et ses tourments métalliques nous jaillissent en pleine face.
Section rythmique qui pilonne, des hurlements qui déchirent l'horizon assombrissant un peu plus l'atmosphère, General Lee développe des mélodies vénéneuse à la fois poétiques et (post)chaotiques, des élancements épidermiques qui font d'Hannibal ad portas un monument de violence sur lequel les décibels s'entrechoquent sans fin dans des crescendo libérateurs avant un retour au calme qui évoque plus la désolation que l'apaisement. Rock sombre et torturé, hardcore abrasif, les deux "styles" ne font plus qu'un et le groupe enfonce le clou un peu à la manière de ce que fait Isis ou Cult of Luna, laissant de fait libre court à sa furie démentielle ("Our last struggle winter", "A dead issue"). Désormais maître des éléments, General Lee peut décider des déchaînements climatiques et ne se prive pas de purger les écoutilles de ses auditeurs à coup de riffs massifs qui font vibrer les soubassements de son édifice musical pourtant impressionnant ("Colossal rains"). Pratiquant la tactique de la terre brûlée, le groupe s'enfonce dans les ténèbres, ne semant que terreur, destruction et anarchie sur son passage... jusqu'à l'éponyme "Hannibal ad portas" et ses nappes post-rock apportant une petite lueur d'espoir dans ce chaos indicible. Le calme après la tempête, un silence de mort sur le champ de bataille alors que la terre des hommes vient d'être carbonisée...