The Gathering : Home Un retour au rock. Avec son dernier album en date, The Gathering change encore une fois de registre après un Souvenirs très orienté trip-hop. Et à l'occasion de "The shortest day" et "In between", les deux premiers titres figurant au tracklisting de Home, le changement de cap est flagrant, même si pas encore complètement convaincant. Des guitares ténébreuses, des mélodies très faciles d'accès, la formation néerlandaise joue les diesels et met en route sans se presser. Pour un apéritif, c'est déja pas mal, du moins en attendant la suite. La suite, justement, c'est le passage au niveau supérieur, des titres de pop mélancolique subtilement guidés par un piano ténébreux, le tout surmonté de quelques fulgurances rock du plus bel effet. Quelques discrètes textures indus, des nappes synthétiques suaves, on retrouve les velléités éléctro de The Gathering déjà apparues sur leur précédent opus, le groupe varie les genres sans jamais perdre sa ligne directrice : des mélodies pop sublimes, délicates, oniriques et d'une délicatesse rare ("Walking hour", "A noise severe"). On retrouve par instants l'influence "trip-hopisante" de Massive Attack, ces atmosphères, à la fois sombres et lumineuses, propices à l'apaisement déjà apparues sur Souvenirs ("Box") et ces mélodies empreintes d'une douce et nostalgique poésie ("The quiet one"). Evidemment, il y aura toujours cette voix, véritable don que la nature a si généreusement offert à Anneke Van Giesbergen, l'exceptionnelle vocaliste de The Gathering. Simple, vibrant, touchant, ce nouvel album, s'il reste moins intense, émotionnellement parlant, que son prédécesseur, n'en demeure pas moins un disque largement digne du reste de la discographie des néerlandais. Ceux-ci l'ont voulu moins expérimental et plus direct, immédiat, ils semblent avoir cherché à produire un disque revenant à l'essence de leur musique : à savoir, faire jaillir l'émotion par des mélodies d'une insondable profondeur et des arrangements fouillés. Opus de trip-rock voluptueux et intimiste, cet effort, malgré deux ou trois titres un peu convenus ou ordinaire, c'est selon ("Solace", "Your troubles are over"...), parvient à livrer quelques pépites du genre, de véritables chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie éléctro-pop aux inombrables facettes. Des morceaux tels que "Forgotten", aux vibrations transcendantes et à la sensibilité à fleur de peau, des compositions puissantes et aériennes, qui laissent à penser qu'encore une fois, quelque soit l'orientation prise par sa musique, The Gathering reste un groupe à part. Ce, jusqu'à "Forgotten reprise", longue ode rêveuse à l'innocence pure, savamment ciselée pour nous plonger dans un coma profond, sensoriel et intense, tout simplement à l'image de l'oeuvre hors-norme du groupe... rien que ça.