Troisième production de Gantz, cette démo, plus tout à fait démo et pas entièrement album, avec plus ou moins 8 titres est l'occasion pour certains de découvrir avec une oreille attentive et vierge l'émo de Gantz. Production homogène et regroupant des titres qui s'enchainent les uns aux autres comme par enchantement, un titre ouvrant les plaies que le précédent à refermé.
"Je ne penses qu'on doive vouer son existence à la contemplation morbide de soi" enchaîne sur "Les jours passent et ne se ressemblent plus" entrée en matière viscérale, guitare fluette, basse ronde et des cris qui volètent, la batterie s'embrasse, le tout s'amenuise, la guitare bruisse, s'accroche à un rêve, puis s'étouffe, le chant errant dans le brouillard -les morts sont partis, emmenant leur visage-, presque calme, puis chavire, glisse sur basse ondoyante, qui apporte beaucoup à la mélodie inscrite en filigrane, le tout devenant plus abrupte, plus radical, changement de tempo cahotique, qui se renverse et s'efface avec merveille pour laisser place à la complainte suivante. Intro pénétrante, intense, piano délicat, une douce rose fragile, un violoncelle en accompagnement, "La complainte de Ruteboeurf" déroule son chemin, une guitare égrainant un arpège avec délicatesse avant de s'illuminer sur des cris agréablement agrémentés par un gémissement de violoncelle.
Gantz n'a pas son pareil pour couper ses passages de cris intenses par des frasques rythmique à la saveur subtile, une guitare perdue dans le lointain, qui revient au premier rang sur une mélodie qui s'insinue indéniablement. Capable de déchaînement sonore violent comme sur le début de "Telliah" à la rage incontrolée, qui explose sur des cris effarants, exultants et une batterie pédalant à tout va, Gantz est capable de dissimuler dans ces vapeurs de distortions, de guitares noyés, de cymbales sifflantes, une mélodie discrète et au combien efficace ou un riff qui fait monobloc, avançant tout de go. Entre la violence de "Telliah", le sublime instrumental "Le prince du Danemark", l'aplomb de "Arkanoïd", la démo de Gantz tient terriblement la route.
"Arkanoïd" et sa poésie abstraite est une bombe, -Trop peureux pour être téméraire, Trop téméraire pour être fou-, où le chant semble un instrument à part entière, jouant avec une guitare qui s'affanchie et envoie des riffs subliminaux, en s'appuyant sur l'assise de la basse, le tout aux breaks insaisissables. Que dire de l'intense dernier titre, "Au coeur des ténébres", à part que l'on est réellement au coeur des ténébres, tempo lent, guitare doucement hurlante, textes brut, intense, marqué au fer rouge, -soldats le jour, rebels la nuit-.
Gantz livre là une démo d'une grande qualité, aux titres complémentaires et aux facettes différentes, à la découverte d'un courant émo intense et varié. Gantz et son intense screaming émo ne laisse pas indifférent, attise un brasier émotionnel avec une délicate fragilité et une conviction déconcertante.
Les jours se suivent et ne se ressemblent plus
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