Fuck the Facts - Die miserable Grindcore, j'adore. Avec un Die miserable au titre on ne peut plus lapidaire, les joyeux lurons canadiens de Fuck the Facts font ce qu'ils savent le mieux : semer le chaos et la désolation partout où ils posent leurs amplis. Intro toute en retenue malsaine et minimalisme menaçant, les instruments se jettent soudainement à l'assaut et le groupe fait parler sa technicité de pointe pour concasser les tympans de l'auditeur à la force du riff (carnivore) et d'une section rythmique qui éradique toute forme de vie sur son passage. Titre inaugural de l'album "Drift", c'est de la haine pure à 99% (le dernier petit %, c'est le petit soupçon de finesse qui fait toute la virtuosité du machin), bref de la violence paroxystique qui dégouline des enceintes pour s'immiscer en nous. Le choc thermique est frontal, les Fuck the Facts semblaient à fond ? "Cold hearted" vient nous faire comprendre qu'il n'en était rien. Tant pis pour les tympans sensibles.

La suite, c'est une séance de trépanation auditive sans anesthésie, une boucherie sonore sans nom où les ruptures de rythme ne sont là que pour permettre de changer l'épaisseur du foret avant de poursuivre l'exécution de la sentence. Triple pédale qui appuie là où ça fait déjà très mal, deux ou trois riffs chirurgicaux à l'incision et un groove aussi épiletpique que mastodonte, "Lifeless" suit la marque de ses prédécesseurs et enfonce un peu plus le clou dans la chair. La saturation monte à des niveaux déraisonnables, les garçons-bouchers canadiens en profitent et prennent cette fois tout leur temps avant de lancer une nouvelle expédition punitive. Celle-ci a pour nom "Census black" et si elle se révèle bien moins grind (voire pas du tout) que ce à quoi le groupe nous a habitué, elle n'en est pas moins impitoyable. Porté par une férocité primale, "Alone" va encore plus faire languir le témoin avant de l'exécuter froidement. D'un énième coup de blast derrière la nuque. Donkey Punch-like.

Sans le moindre égard pour leur victime, les Fuck the Facts ne lui laisse pas la moindre chance de s'en sortir. Et si après tout ça, il lui reste encore un dernier souffle de vie (comme sur l'éponyme "Die miserable" pour un prendre un au hasard...), le groupe l'achève froidement à coups de "A cowards existence" avant de passer consciencieusement au numéro suivant ("95"). Bourreau de bons nombre de ses contemporains en matière de grind/hardcore/metal brutal et frénétique, le groupe confirme encore une fois - comme si c'était nécessaire après une petite dizaine d'albums studios, quatre EPs et pas moins de 37 splits (vous avez bien lu) en quelques treize années de carrière - qu'il est l'exécuteur parfait, un docteur ès-démembrement auditif qui trouve son plaisir dans le dépeçage métallique des conduits auditifs et l'expression bruyante d'une rage brute, viscérale et contaminatrice. Un nihilisme aussi malsain que forcené doublé d'une sauvagerie technique sans pareil : Fuck the Facts, ou l'impression latente de se faire gueuler dessus pendant 36 minutes durant avant de se faire autopsier à la scie sauteuse. Mais autopsier vivant.