Fishing With Guns - The Night Fell Il y en a toujours un chaque année, c'est une sorte de rituel, immuable, malheureusement. Ce genre de groupe qui arrache tout sur son passage et qui faute de promo suffisante ou de stratégie de diffusion à la hauteur de ses ambitions et/ou talent ne parviendra pas à mettre à sac la scène hexagonale alors que le potentiel, incomparable, est des plus flagrants. Dommage. Car, pour faire court et arrêter les frais dès la troisième ligne de cette chronique : The night fell est une BOMBE. Du genre qui défragmente neurones et tympans comme pas deux, qui empile les influences pour les digérer et les livrer, compactées, à sa sauce, avec un feeling diabolique... étourdissant. Entre stoner brut de décoffrage, hardcore'n'roll bourrin et metal frondeur, Fishing With Guns nous envoie avec ce The night fell, une petite huitaine de titres accrocheurs façon sangsues, mortellement groovy et addictifs à souhait. Du fulgurant et atomique "Tom Selleck is a mustache" au fleuve et imparable titre éponyme de l'album chargé de boucler la boucle, le groupe arrose les tympans de riffs sulfuriques, domine l'assemblée avec une section rythmique pachydermique et quelques breaks mastodontes, une bonne rasade de stoner/hardcore des familles, quelques harangues guerrières en appui et une poignée de mélodies à la fois sauvages et abrasives. Là pas de doute possible, on tient peut-être The Next Big Thing en mode "french touch"... En attendant, il y a à fort à parier que FWG soit une sacrée tuerie en live, pourvu que les gaziers assurent au moins la moitié de ce dont ils sont capables en studio, et donc retourner une salle de concert en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ici monstrueux d'efficacité comme de puissance, le groupe scelle le destin de son album en quelques titres ("A new beginning (or not)", "Split" et ses choeurs féminin venant contrebalancer un temps l'extrême virilité foudroyante du reste), comme autant de parpaings sonores expédiés à la face de l'auditeur dans un sentiment d'urgence presque punk ou à défaut en toute sérénité, comme si les franciliens étaient après un seul "long-play", déjà sûrs de leur force. Et ils pourraient... mais prennent pourtant ça avec légèreté et une bonne dose de cool, en témoignent notamment certains morceaux aux titres savoureux ("Aouaneugaine amistoufly", "Supra patate", "Kurt Russel is a lover"...), comme si d'un bout à l'autre de The night fell (cf : "Mad" et sa hargne contaminatrice), Fishing With Guns se devait de faire un sans-faute quasi parfait. Bluffant...