Trois groupes, six titres, un split, l'addition s'il vous plait. Feeding de la Rochelle, Stroll et ???? réunissent leurs forces dans un skeud. Trois groupes au métal si différent qui cultivent tout de même une même passion et un élément commun : la qualité. La qualité dans le son, irréprochable pour chacun. La qualité dans la composition, dans des créneaux différents mais indéniable. La qualité dans la présentation avec un livret étrange mais esthétiquement beau. Mais rentrons dans le vif du sujet.
Honneur aux provinciaux, et oui, avec les fantasques Feeding. Je connais ce groupe, Steeve et sa bande jouait l'an dernier en off des Franco dans l'excellente salle de la Casamance. Fatigué et enfumé, je n'ai plus d'images précises de ce concert, il en reste quelques lignes dans le review du festival. Mais à l'écoute des deux titres du groupe, je ne comprends pas comment j'ai pu les oublier comme ça. Car Feeding, ça a méchamment la classe. Deux titres, "Mute" et "Cocoon intro" pour se présenter, jolie carte de visite. Son nickel, belle technique, recherche de composition, je ne trouve rien à leur reprocher. Si, il n'y a que deux titres, et c'est frustrant de rester sur deux morceaux. Mais bon, j'en profite, et en écoutant plus précisément les morceaux, je m'aperçois que rien n'a été laissé au hasard. Fougue sanguinaire, puissance dévastatrice, Feeding joue avec les ambiances et le groupe se défend partout. Dans "Mute", Feeding exploite ses qualités de groupe mélodique et mélodieux, à la manière d'un Leto, avec une fougue émo frisant avec le hardcore. Le chanteur explore avec l'aide de ses comparses différents horizons parfaitement bien assimilés. C'est un réel plaisir d'écouter tout ça, et à la fin de ce morceau, on comprend tout de suite que Feeding dans la cour des grands. Et "Cocoon intro" et ses huits minutes démoniaques enfonce le clou. Feeding joue sans complexe, et au détour de quelques scratch, d'un chant rappé et de nappe guitaristiquement arabisante, le métal psyk(up)atrique des gars de l'Ouest atteint des sommets de plus en plus. Quelques mesures de funk plus tard, le rythme se veut lourd avec des expériences punk et hardcore. Génial ? Non, Feeding, tout simplement.
Deux titres, c'est court, mais suffisant pour attendre de pied ferme un groupe qui est incontestablement prêt pour l'album perso. Ne prenez pas trop de temps, les amis, car à ce rythme, vous allez devenir de plus en plus cinglé, quitte à vous faire interner. Mais c'est tellement bon. Le deuxième client de l'affaire qui nous concerne est Stroll. Changement d'ambiance, toujours du métal mais différemment exploité. Les parisiens ont aussi deux titres pour convaincre. Encore des morceaux en français, et ça c'est une bonne nouvelle. "Un adversaire de taille" est un titre complètement déstructuré avec une voix très proche du possee de Kabal. A la manière d'un The Ex métallique, Stroll ajoute un cran dans la folie de ce split. La première écoute déstabilise l'auditeur, les guitares sont lourdes, la rythmique envoutante, ça joue vite, ça ralenti, c'est dingue. Des instruments accordés trois tons en dessous de la moyenne, un chant adapté à la situation, pas le temps de comprendre de ce qui se passe. Effectivement, Stroll est un client de taille, suffocant et jazzy dans ses humeurs les meilleurs. "Nos vices à vie" n'arrangent rien, car même si on pense que le groupe est assagi en jouant un jeu plus clair et plus compréhensible, ce n'est que leurre. Le tableau est planté. Pas d'artifices, juste quelques doubles pédales par ci par là, des accords jazz et des notes ultra graves. Difficile à cerner mais tellement hors du commun. Un point d'interrogation qu'on aimerait explorer là aussi dans une production plus longue.
En parlant de point d'interrogation, en voici quatre pour terminer l'esprit barré de ce split. ????, c'est leur nom, sont eux aussi de la capitale, et là, le registre est beaucoup plus compact, direct dans ta face. Hardcore très dur et très déstructuré, ???? ne la joue pas dans la finesse. Le chanteur est envouté par le malin, ou alors, je n'y comprend rien. Brut de décoffrage, "Global" est dur, noir, écoeurant, ça fera certainement plaisir au fan du genre qui trouveront en ce quatuor de nouvelles émotions. On pourrait presque dire que le groupe est proche d'un Downset envouté et sous acide. Et dire que le groupe remercie dans le livret du split Brassens, LKJ et Pantera. C'est à n'y rien comprendre. Comprendre, c'est aussi une tache insurmontable à l'écoute de "Weapon tree", deuxième missile incontrôlable des parisiens. On sombre de plus en plus dans la noirceur, la brutalité, pas dans le tempo mais bien dans l'esprit général. Là encore, l'ombre d'un Downset violent et hardcoreux surgit. Le traitement des instruments est flagrant de malaise, tout est intense, plus rien n'a d'importance.
Bonne idée pour ces trois formations que rien ne semblait rapprocher. Mais les amateurs de brutalité et d'émotions dérangées y trouveront leur compte, et c'est sans contestation que je dois reconnaître que ce trio de formations dérangés et sans complexe a réussi un gros coup dans le paysage métalique de notre si bel hexagone. A bientôt Messieurs !!!
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Interview : Feeding, Steve Tornado