1991, après des études d'anglais et l'obtention de son diplôme, le jeune Jonah Matranga émigre vers Sacramento pour former le groupe Far avec d'autres musiciens : Shaun Lopez à la guitare, John Guttenberg à la basse et Chris Robyn à la batterie. Après deux démos (Sweat river et Live no lies) et deux albums (Listening game & Quick) sortis sur de petits labels indé, ils signent chez Epic / Immortal, alors fameux label de KoRn et Incubus. En 1996, le groupe sort Tin cans with strings et se fait remarquer grâce à des tournées incessantes mais c'est véritablement avec Water & solutions (1998) qu'il explose et bénéficie notamment du support de Chino Moreno qui lui offre de tourner en ouverture des Deftones. Leur renommée croît rapidement pour atteindre progressivement l'aura d'un groupe culte.
Far splitte en 1999 et les membres s'investissent dans différents projets. Jonah Matranga s'investi un peu plus dans son projet solo initié quelques années plus tôt OneLineDrawing tout en en lançant de nouveaux groupes : New End Original et Gratitude, qui connaîtront de beaux succès d'estime avant que leur leader ne s'en retourne à ses amours solitaires et une discographique fructueuse qu'il signe en son nom propre. Petite exception tout de même avec le projet I is Another produit avec Ian Love de Rival Schools. De son côté, le guitariste et co-fondateur de Far, Shaun Lopez, fait quelques répétitions avec Rival Schools, audionne avec les Foo Fighters avant de former le groupe Revolution Smile (deux disques publiés et quelques tournées à travers l'Europe et les Etats-Unis aux côtés notamment d'A Perfect Circle et des Deftones). Il est également le propriétaire d'un studio où il a enregistre des groupes tels que Giant Drag, les Deftones et Will Haven puis, se découvrant des intérêts communs toujours plus importants avec Chino Moreno (des Deftones) monte avec lui le projet Crosses. De son côté, le bassiste John Gutenberg se démultiplie au sein de plusieurs groupes indé américains : Ghostporn, Two sheds, et Jackpot alors que Chris Robyn, quant à lui, est devenu le batteur de Will Haven durant plusieurs concerts en 2000 avant de disparaître un peu de la circulation et de refaire surface une douzaine d'année plus tard au sein de Black Map (en compagnie de Mark Engles // Dredg notamment).
Entre-temps, le groupe s'est reformé (2008), pour quelques concerts au départ, puis avec l'objectif d'enregistrer un nouvel album. Ce sera At night we live, qui sort douze ans après Water & solutions en 2010 via Arctic Rodeo Recordings et Vagrant Records.
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Far / Chronique LP > At night we live
Fatalement, les musiciens du groupe ont vieilli et le nouvel album de Far allait forcément (deuxième adverbe en une phrase, promis, après je me calme...) décevoir : Water & solutions était déjà très différent de Tins cans with strings to you, ce nouvel album allait donc être très différent de Water & solutions. Et ça ne manque pas. Exit la production typée années 90 de Dave Sardy (Barkmarket, Hundred Reasons), welcome celle ultra-léchée de Shaun Lopez (Saturday night wrist, c'est lui...) et ça pique un peu les oreilles quand on écoute pour la première fois ce At night we live : le petit Far que l'on aimait bien, avec le cul entre plusieurs chaises, est devenu un groupe de big rock dans la lignée de 30 Seconds To Mars, Deftones et consorts.
Passé l'effet de surprise de cet attirail mainstream (la prod' clinquante, la voix de Jonah plus du tout reconnaissable flinguée car par une multitude d'effets...), il faut admettre qu'un titre comme "Deafening" s'en sort plutôt pas mal comme base introductive : c'est adhésif, voir même un peu collant mais ça fait son petit effet. Grosses guitares sous testostérones, voix chargée d'émotions, mélodies pas mal troussées, la recette est finalement pas si éloignée du Far d'avant. Le reste de l'album sera une suite de bons moments et d'autres plus nombreux carrément anecdotiques. "When I could see" lorgne vers du A Perfect Circle assez inspiré tandis que "Give me a reason" contient trop de sonorités radio-frendly qui laissent les oreilles bouchées par des kilos de mauvais sucres. "Dear enemy", la cinquième plage, est sans conteste l'un des meilleurs morceaux de l'album avec une alternance de rythmiques saccadées qui tabassent pas mal et de moments plus aériens : une belle petite réussite. Far revient dans nos petits papiers l'instant de quelques morceaux et continue dans sa lancée avec un "Fight song bla bla bla" assez cinglant et très enlevé. Malheureusement, l'illusion tient bien peu de temps avec un "At night we live" dont la mièvrerie se rapproche de Coldplay et une conclusion d'album toujours dans ce registre presque grossier qui convaincra pas du tout les vieux fans de Far. Peu de chroniqueurs ont mentionné la reprise du "Pony" de Genuine (R'n'b 90's plutôt merdique) qui vient à la fin du disque, on les imaginait déjà complètement largué par la tournure des choses, mais celle-ci s'avère plutôt amusante et décalée au final. Le meilleur moyen d'appréhender cet album selon votre humble serviteur, c'est de zapper le passé du groupe et de se mettre en tête que Far, c'est plus tout à fait la même bestiole ni les mêmes hommes : ce dont je n'ai pas été capable. Une déception et un album très moyen. Jonah et Shaun : don't fuck with W-fenec !
Far / Chronique LP > Water & solutions
Far, ou l'histoire d'un groupe atypique assimilé trop rapidement à une scène néo-métal alors effervescente. Il est vrai que les preuves s'accumulaient à leur encontre : un album précédent qui flirtait avec le genre, des tournées en première partie des Deftones et consorts, la signature sur le (désormais feu) label Immortal Records qui avait à l'époque une forte identité néo-métal aux travers de son écurie (KoRn, Incubus entre autres...). Pourtant, musicalement, sur Water & solutions, produit d'une lente maturation d'un groupe qui a su se forger une identité, il n'en est rien ou alors si peu. Far évoluait dans un univers bien distinct à la frontière entre la pop et un rock musclé presque métallique (à la manière d'un Helmet) à forte tendance cyclothymique avec pour chef d'orchestre un Jonah Matranga, maître de son art. Vocalement, celui-ci semble être un compromis entre la naïveté pop d'un Rivers Cuomo (Weezer), la délicatesse d'un Jeff Buckley et l'expressivité d'un Troy Von Balthazar (Chokebore), n'hésitant pas à aller sur des territoires extrêmes en terme de chant arraché (le refrain de "Bury White", le final hurlé de "The system"). Il offre avec cet album l'exemple d'un songwriting racé qui ne souffre ici d'aucune faiblesse : Water & solutions est une collection de morceaux tous plus incontournables les uns que les autres. "Bury white" et ses décharges "No ! Never !" sont une entrée en matière explosive terriblement jouissive "Really here" et "Another way out" viennent nous démontrer que les Far excellent également dans l'élaboration de titres mélancoliques alliant passages apaisés low-tempo et déchaînement de guitares en mode distorsion. "Mother Mary" et "The system" mettent les points sur les "i" quant à la capacité du groupe à proposer des tubes incisifs aux refrains incendiaires : mention "excellent". Le combo de Sacramento avait aussi l'intelligence de se remettre en question et d'explorer d'autres contrées avec des compositions plus étirées et étoffées en matière d'arrangements ("In 2 again" et "Waiting for sunday"). Cette direction aurait pu laisser présager un avenir qui s'annonçait intéressant si ce Water & solutions n'avait pas été leur ultime album. Comme avec la plupart des groupes prometteurs éteints trop tôt, c'est avec regret que l'on s'interroge sur ce qu'aurait pu produire un éventuel opus supplémentaire.
Un dernier mot sur la pochette qui n'a jamais été aussi pertinente et en adéquation avec la musique d'un groupe : des moments lumineux et des zones d'ombre(s), des nuances et des aspérités. Cela pourrait être un résumé de Far qui nous livre avec Water & solutions ni plus ni moins qu'une référence en matière de rock à haute teneur émotionnel : brillant et indispensable.