Far - At night we live Fatalement, les musiciens du groupe ont vieilli et le nouvel album de Far allait forcément (deuxième adverbe en une phrase, promis, après je me calme...) décevoir : Water & solutions était déjà très différent de Tins cans with strings to you, ce nouvel album allait donc être très différent de Water & solutions. Et ça ne manque pas. Exit la production typée années 90 de Dave Sardy (Barkmarket, Hundred Reasons), welcome celle ultra-léchée de Shaun Lopez (Saturday night wrist, c'est lui...) et ça pique un peu les oreilles quand on écoute pour la première fois ce At night we live : le petit Far que l'on aimait bien, avec le cul entre plusieurs chaises, est devenu un groupe de big rock dans la lignée de 30 Seconds To Mars, Deftones et consorts.

Passé l'effet de surprise de cet attirail mainstream (la prod' clinquante, la voix de Jonah plus du tout reconnaissable flinguée car par une multitude d'effets...), il faut admettre qu'un titre comme "Deafening" s'en sort plutôt pas mal comme base introductive : c'est adhésif, voir même un peu collant mais ça fait son petit effet. Grosses guitares sous testostérones, voix chargée d'émotions, mélodies pas mal troussées, la recette est finalement pas si éloignée du Far d'avant. Le reste de l'album sera une suite de bons moments et d'autres plus nombreux carrément anecdotiques. "When I could see" lorgne vers du A perfect Circle assez inspiré tandis que "Give me a reason" contient trop de sonorités radio-frendly qui laissent les oreilles bouchées par des kilos de mauvais sucres. "Dear enemy", la cinquième plage, est sans conteste l'un des meilleurs morceaux de l'album avec une alternance de rythmiques saccadées qui tabassent pas mal et de moments plus aériens : une belle petite réussite. Far revient dans nos petits papiers l'instant de quelques morceaux et continue dans sa lancée avec un "Fight song bla bla bla" assez cinglant et très enlevé. Malheureusement, l'illusion tient bien peu de temps avec un "At night we live" dont la mièvrerie se rapproche de Coldplay et une conclusion d'album toujours dans ce registre presque grossier qui convaincra pas du tout les vieux fans de Far. Peu de chroniqueurs ont mentionné la reprise du "Pony" de Genuine (R'n'b 90's plutôt merdique) qui vient à la fin du disque, on les imaginait déjà complètement largué par la tournure des choses, mais celle-ci s'avère plutôt amusante et décalée au final. Le meilleur moyen d'appréhender cet album selon votre humble serviteur, c'est de zapper le passé du groupe et de se mettre en tête que Far, c'est plus tout à fait la même bestiole ni les mêmes hommes : ce dont je n'ai pas été capable. Une déception et un album très moyen. Jonah et Shaun : don't fuck with W-fenec !