Avant-propos : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le hard sans jamais avoir osé le demander est sur Falling Down II, une double compilation, servie dans un élégant digisleeve, gorgé de quelques 26 groupes et non des moindres. Et last but not least, ce deuxième volume fait la part belle au matériel audio inédit. Que cela soit dit en préambule, tout bon amateur de hard qui tâche (mais pas que) se devrait de posséder cette compilation. Dont acte.

Across Tundras, premier à défiler sur la platine laisse entrevoir une petite évolution sur ce "Falling Down Volume II", plus psychédélique et "space-rock" que la première. Quand les Américains et leur rock psychotrope chamanique déverse leurs vagues instrumentales enfumées, le résultat, aventureux à souhait nous transportent bien loin des sphères postcore auxquels on a trop souvent affilié les groupes sélectionnés sur Falling Down. Une rupture donc... enfin, toutes proportions gardées, car si un début de questionnement était permis quant au contenu de ce volume II, la simple lecture du tracklisting ne laisse guère de doute. Et Monachus (ex-Icos) en profite pour saturer l'atmosphère bien comme il faut, aliénant notre esprit à coups de clavier tapant dans les aigus, contrastant avec des basses lourdes et pénétrantes (du grand art soit dit en passant) venues cisailler nos neurones, avant de laisser parler l'une des très belles découvertes de cette deuxième compilation : White Hills. Un titre éclatant de finesse, lumineux, en métamorphose permanente. Entre rock indie et post-stoner noisy, voici un groupe à suivre de très près, assurément. OCOAI, importation américaine découverte sur Falling Down épisode I, est de retour et c'est une énorme claque que l'on prend en pleine figure. Du rock psyché, mais lourd, incisif, passant les 70's au mixeur du XXIe siècle pour un résultat complètement ahurissant de maîtrise, croisement d'influences old-school et de modernité implacable. LA classe. Rien à redire, la scène indépendante nord-américaine se porte décidément très bien. Et le démontre encore une fois avec Farflung, combo spacerock punkoïde hargneux complètement inconnu dans nos contrés mais indéniablement brillant, bien barré... dément quoi. Retour sur le vieux continent avec une valeur sûre (ou pas) la "Cold fever" des Suisses d'Impure Wilhelmina. Verdict : sympathique pour du IW (private joke inside). Un petit coup de Time to Burn chaotique, mais pas trop non plus, dans les gencives et place à l'erreur de casting. Et oui, après deux compiles il en fallait bien une avec le machin ambiant/black/noise hype du moment : Gnaw Their Tongues. Faussement complexe, simplement malsain, fumeux, tordu... Atroce à écouter une seule fois en entier. Alors deux... La séance de rattrapage, elle sera avec The Poisoned Glass (Asva+Burning Witch) qui nous triture les tympans avec classe, en mode downtempo expérimental classieux et inventif ; puis la fracture temporelle ambient de Kalvria et un petit live signé US Christmas. En guise d'épilogue provisoire, Kingdom impose sa marque sans trop avoir à forcer quand KALKH-IN(JOY) Erode semble répondre à Kalvria. On aime...

Kongh, Tesa, Omega Massif, Kodiak... d'accord, là dit comme ça, tout de suite ça calme. Le disque I était ouvert aux défis casse-gueules (mais relevés sans ciller), aux tentatives un peu osées, aux découvertes de haute volées, le numéro II joue l'assurance tous risques et contrebalance les expériences et autres découvertes de son prédécesseur par la garantie d'imposer du gros son aux inconditionnels de baffes sonores monumentales. On n'est plus là pour rigoler. Pour mettre sur orbite la deuxième galette, les deux têtes pensantes de Falling Down ont opté pour du riff pachydermique bien béton qui nous arrive en frontal dans la figure et incendie les amplis. Lourds, gras, telluriques, les 4 premiers titres de ce deuxième CD colle parfaitement à l'esthétique de l'artwork : éruptif. Destructeur et volcanique avant d'être enseveli sous des torrents de lave en fusion, des kilotonnes de magma desquels seul un groupe hors-norme peut émerger. Et là, When Icarus Falls débarque. Pour faire court, on va répéter ce que le lecteur fidèle aura déjà pu lire dans ces pages à leur sujet, WIF c'est du postcore 5 étoiles, rien de moins. Intensif, sauvage, abrasif mais saisissant. D'autant que même si les petits Suisses ont mis l'assistance sur les rotules, il y a encore pas mal de monde qui presse déjà au portillon. Falling Down II, ça enchaîne. The Ocean, référence absolue du genre atomise tout sur son passage quand Kehlvin s'offre une reprise des plus élégantes du maître Leonard Cohen ("Who by fire") pour remplacer au pied-levé Dillinger Escape Plan, prévu au casting mais finalement obligé de décliner l'intervention suite à l'intervention (apparemment) peu élégante de son label, avant que Jucifer ne fasse admirer sa griffe si particulière et son chant complètement halluciné ("Marianas"). Falling Down II déroule sa bobine trop rapidement ? Ufomammut, spécialiste de renommée mondiale du "lento" va se charger de calmer tout ça, avançant à deux et demi à l'heure pour finalement poser quelques parpaings sonores histoire de faire comme tout le monde. Parce qu'une fois que la machine s'est mise en branle, il n'y a plus grand monde pour arrêter le sablier, pas même God is an Astronaut qui a misé sur une offrande post-rock des plus classieuses ("Astrodonaut") pour rallier les tympans délicats à sa cause. Et ceux qui auront loupé le train en gare vont en être pour leurs frais. Parce que ni Солярис, ni Taint vont jouer petits bras. Les premiers essaiment les pièces de leur puzzle post-rock/metal étincelant avec "Mirage", les seconds font étalage de tout leur groove hardcore'n'roll avec une version live de "Black rain", extrait de l'EP All bees to the sea. Plutôt efficace dans le genre. Et pour conclure, suspens ? Même pas : BOOOOOOOOOM, c'est Mumakil qui s'y colle en infligeant un "Dawn of slugs" en forme d'expédition punitive grindcore deluxe. Un seul titre oui, mais une guerilla sonore de tous les instants. Côté pile ça met tout ce que ça a dans les chaussettes, ça en envoie partout et quand ça s'arrête, c'est pour regarder le chaos droit dans les yeux. Côté face... et bien, on encaisse les coups tant bien que mal. En un mot... Hard (copyright suisse), à l'image de ce compilation Falling Down II, qui, on l'a dit, on le répète encore une fois, se révèle absolument indispensable.

Les musts absolus : OCOAI, White Hills, When Icarus Falls, Kodiak, Солярис...