Le monastère d'Ezox est une bâtisse complexe, aux multiples pièces et dédales où la lumière ne rentre que par des vitraux aux effigies lugubres et aux idoles déclinantes. Au hasard des couloirs, au travers des murs, on peut percevoir des hurlements, des murmures d'effroi, des appels au secours, des gémissements. En approchant de l'édifice, nous sommes accueillis par "Esaïe 40:7" et ses cris sourds qui perforent quelques nappes électroniques. A l'ouverture de la lourde porte, un gros riff metalcore lumineux nous explose au visage pour alterner séquences sombres, entre ombre et lumière avec un "Jesus" bipolaire. A mesure que l'on progresse dans les méandres de l'édifice, chaque porte ouverte offre une nouvelle ambiance sombre et torturée. Le chant impose sa diversité en alternant clarté mélancolique, growl appuyé et death soutenu. Il se promène de salles en salles, accompagné de parties heavy, thrash, death, post-metal. "The crown of thorns" ou "Wake up ! (it's too late)" bien épais et violents, ou "Un gribouillage" qui commence par un appel au secours pour s'étirer vers une guitare qui y apporte son aide. Cette même guitare délurée et virtuose qui répond aux sanglots dans "Nothing answers my cries". Mais au fait, pourquoi un monastère ? Parce qu'Ezox questionne et disserte sur la religion, l'au-delà, Dieu, la foi, et tous les thèmes gravitant autour de notre éphémère existence terrestre. pour ce premier LP, (après un 5 titres en 2018), il y développe son exégèse sur les 10 psaumes de ce One last breath avec une densité et une inventivité dans le discours comme dans la musique. Quand certains groupes empilent des titres pour produire un album, Ezox assemble les siens pour nous offrir une œuvre. C'est là toute la différence.
Publié dans le Mag #40