Eyeless : The game of fear Quand un groupe de la trempe d'Eyeless veut s'offrir une bonne prod, il peut regarder du côté des producteurs hexagonaux (genre Francis Caste qui avec AqME, Dysby, Lazy ou Zuul FX a déjà montré qu'il savait y faire dans le genre). S'il veut du très gros son, il n'a qu'à jeter une oreille du côté de la Suède où des producteurs comme Daniel Bergstrand (In Flames, Meshuggah, SYL, Scarve, Seethings) ou Tue Madsen (Sick of it all, The Haunted, Mnemic, Born From Pain...) n'ont plus grand chose à prouver en matière de prod qui défouraille. Eyeless a bien compris l'idée et s'est donc assez logiquement adressé à Madsen pour lui confier les clefs du son de The Game of fear, un disque sur lequel tout ou presque est dans le titre. Ici on va donc causer de metalcore qui tabasse et qui n'hésite pas à soutenir brillamment la comparaison avec ses homologues scandinaves. Chez Eyeless, pas de temps pour les discussions ou autre vague échauffement, on rentre immédiatement dans le vif du sujet avec un "My tale" qui pose les bases d'un album puissant, brutal, sauvage et clairement rentre-dedans.
Section rythmique qui matraque les écoutilles, grosse cargaison de riffs bûcherons, "Serial numbers" puis "Hate over me" (tout est encore dans le titre...) joue la carte de metalcore thrashisant, heavy et mélodique au mix cinq étoiles. Au niveau vocal, ça gueule (entre hardcore et fulgurances death metal) et ça gère les passages les plus légers avec aisance. Rien à redire et comme l'ensemble est porté par une maîtrise instrumentale de tous les instants, Eyeless s'impose en quelques titres comme l'un des plus sûrs représentants hexagonaux du genre. On ne le dira jamais assez, mais quand un groupe de cette trempe veut être vraiment crédible, le fait d'avoir des compos aussi solides et une prod béton aident considérablement à imposer sa marque au fer rouge. Et comme si c'était encore nécessaires, les frenchies passent alors à la vitesse supérieure, alignant les hymnes au headbang comme d'autres enfilent les perles (l'éponyme "The Game of fear", "Enemies inside of me"), à un tempo particulièrement élevé. "Sample of yesterday" ou "Cursed" (avec en guest Jacob Bredahl de Hatesphere), les démolisseurs montpelliérains s'en donnent à coeur joie et n'hésitent pas à appuyer là où ça fait mâl(e) pour alourdir un peu plus la note. Un "Experience" puis un "Crushing my enemies" plus tard... Eyeless met en terme en douceur avec l'acoustique et intimiste "Forgotten" à un disque par ailleurs métallique et destructeur à souhait. Un bref instant de douceur dans cet univers de brutes. Rien à ajouter. La grande classe...