L'Esprit du Clan - 2016 Vous étiez en pause faute de motivation, qu'est-ce qui a créé le déclic pour votre retour ?
En ce qui me concerne, j'ai perdu mon père l'année dernière. Et ça peut paraître cliché, mais dans ces moments là, tu te dis que la vie est courte et qu'il faut faire les choses que tu aimes maintenant, qu'il ne faut pas perdre du temps, revenir à l'essentiel. J'ai ressenti une grosse envie de refaire du son avec mes potes d'enfance, de profiter d'eux, de rire ensemble, de refaire de la route et de la scène. Ça me manquait grave.

Vous avez tous d'autres projets musicaux, qu'est-ce que l'EDC a en plus ?
Le passé commun. Rien ne peut remplacer toutes ces années passées ensemble. Je pense qu'on ne se fait plus de vrais amis après un certain âge. Tu peux apprécier et faire de nouvelles rencontres toute ta vie, bien sûr, mais jamais tu ne pourras lutter contre ce sentiment qui place tes potes d'enfance au dessus du reste en terme de relations amicales et créatives. Avec Ben et Chamka, artistiquement, on se comprend presque parfaitement maintenant, on a un vocabulaire commun, tout va beaucoup plus vite qu'avec d'autres musiciens. On connaît aussi nos qualités et nos limites, pour composer, c'est du luxe.

Vous avez insisté pour récupérer tout le monde ou pas ?
Insister, bien sûr que non, l'envie et le plaisir personnel doivent être la base du truc. Mais effectivement, ceux qui sont restés voulait repartir avec la même équipe. Il a fallu recréer une dynamique, c'est vrai. Mais Julien et Vince sont tellement de bons musiciens et facile à vivre que ça s'est fait plus rapidement que je n'aurais cru. On sent un vrai coup de frais, on a hâte d'enchaîner les dates.

Vous avez laissé une petite place à Shiro, comment ça s'est fait ?
Le plus logiquement du monde. Sur une discussion, comme ça, je lui ai demandé s'il était chaud de faire un morceau sur cet album. Il était chaud.

Vous aviez recherché un autre chanteur ?
Oh non. Il n'en a jamais été question.

Dans quelles conditions avez vous écrit "Paname" ? Vous saviez en l'écrivant que ce serait un titre plus fort que les autres ?
Chamka et Ben ont pondu le morceau. C'était un morceau un peu trashy, moins hardcore que le reste de l'album, et limite on ne savait pas trop quoi en faire. Et puis j'ai posé ce "Paname" à répétition sur le refrain. Et quand j'ai eu le retour des mecs, par leurs réactions, j'ai tout de suite senti qu'elle sortirait du lot. Par la suite, on s'est tous demandé pourquoi on n'avait pas ressenti direct que c'était un titre fédérateur, comme "Reverence" à son époque.

Vous avez déjà sorti 3 clips pour cet album, les trois sont assez similaires puisqu'on retrouve le groupe en sujet principal avec des décors différents, ils sont très jolis mais aussi très classiques. Personnellement, je trouve qu'un clip comme celui de "Le jour des saigneurs" est bien plus fort et marquant...
Pourtant "Le jour des saigneurs", ce ne sont que des images d'archives, ce n'est pas un clip à proprement parler. On veut produire le maximum de clips possible sur cet album, parce que mettre un album en image est aujourd'hui un moyen de promotion énorme. Ça se fait beaucoup dans le hip-hop, très peu dans le métal. Et comme par le passé, on a été déçu par certains de nos clips à scénario, on s'est dit qu'il fallait rester sur un délire visuel avant tout pour les premiers clips. Quelque chose de léché, simple et efficace. Mais je pense qu'on va se lâcher un peu plus sur ceux à venir... on réserve quelques surprises.

Vous étiez estampillé "groupe de banlieue" au départ. Maintenant, vous êtes un "groupe de Paris", vous avez vu cette évolution ?
C'est dur de se mettre à la place des autres. Je ressens surtout qu'avant on avait peut être une image de petits cons, et qu'aujourd'hui, l'âge avançant, on nous prend peut être un peu plus au sérieux. Je ressens plus les choses comme ça. Paris, sa banlieue, pour moi c'est la même chose à l'échelle du monde, je traîne autant en banlieue qu'à Paris. C'est un non sujet.

L'Esprit Du Clan - Chapitre VI L'album n'a pas de sous-titre, pourquoi ce choix ?
Parce qu'on ne voulait pas résumer l'album à un titre ou une idée forte. Le message de l'album, c'est tout ce qu'il comporte. Ça nous emmerdait de faire un trip métaphorique utilisé mille fois ou alors un truc qui marque notre retour. On veut juste que les gens sachent que l'Esprit Du Clan a écrit un nouveau chapitre.

Idem pour l'artwork, alors qu'on était habitué à des images assez évocatrices...
C'était dans le même but : ne surtout pas résumer cet album à une simple image. Il nous semblait important de laisser l'auditeur se balader, de retenir ses propres idées fortes, de se faire lui-même un bilan après écoute.

Le producteur de l'album est un quasi inconnu, pourquoi l'avoir choisi lui ?
Sylvain Masure n'est pas un inconnu pour nous puisqu'il est aussi l'un des ingénieurs son en tournée, et qui plus est un très bon ami. Il est actuellement en tournée avec Mass Hysteria, il est donc bien connu pour ses capacités dans notre milieu. Il a monté un studio d'enregistrement à Reims qui regroupe tous les avantages d'un studio ultra pro et moderne. Notre choix fut plus que logique en fait.

L'album est sorti chez Verycords, vous avez galéré pour trouver un deal ou c'était évident pour eux comme pour vous ?
La plupart des gens qui bossent chez Verycords étaient chez XIII Bis à l'époque, le label où nous avons sorti nos précédents albums. Chamka manage Black Bomb Ä, qui est aussi signé chez Verycords. On était donc resté en contact avec eux. C'était évident pour tout le monde. On a même pas cherché ailleurs en fait. On a jamais eu autant de moyens, on est très heureux de faire cet album dans ces conditions.