Les albums partagés sont souvent l'occasion pour chacun des groupes d'y trouver leurs comptes... L'idée étant souvent de partager son public et pourquoi pas de l'élargir en rencontrant celui du (ou des) autre(s) combo(s). Quand on reste sur du local ou national, c'est également un moyen de montrer ses affinités et de construire un projet avec des potes croisés sur la route ou du même coin. Quand c'est un split international, c'est un bon cheval de Troyes pour passer outre les frontières, L'esprit Du Clan a déjà fait le coup en 2006 avec les Polonais de Schizma, un format court où ils plaçaient 3 titres extraits de leur Chapitre 2 : révérence. En ce début 2019, c'est vers le Japon que nos oreilles se tournent avec trois morceaux inédits et un nouveau compagnon de jeu en la personne de Cherish.
Sans même écouter l'EP, on sait tout ce que peut gagner l'EDC à charmer le pays du soleil levant. Car si on est marqué par leurs textes, on n'oublie pas la puissance de leurs compos et l'universalité de leur musique. L'écoute du skeud laisse par contre très dubitatif sur l'intérêt des Nippons... Malgré ses 8 ans, Cherish n'a jusqu'ici sorti qu'une démo (2012) et un split (2013) avec Primal Age et xMostomaltax, split sur lequel leur son était déjà très moyen (et moins bon que sur leur démo), ici, de nouveau l'écart de production est gigantesque et rend difficile l'appréciation des 3 titres débridés. Beaucoup trop sourd, l'enregistrement ne fait honneur qu'au chant (et encore) donnant l'impression d'écouter un groupe métal amateur des années 90' ! Musicalement peu inspirés ("Lost request" repose sur 2 riffs) et peu tranchants (on tourne toujours en rond mais sans le circle pit), leurs morceaux ne font pas de vague et ne donnent pas spécialement envie de les connaître davantage. Tant pis pour nous, tant mieux pour les Franciliens qui vont mettre une grosse claque à l'archipel.
Nos Tontons Flingueurs donnent un avertissement "Faut reconnaître... C'est du brutal !" mais pas certain qu'il soit compris par les Japonais qui prennent cher dès "Bomaye" (encouragement scandé pour Mohamed Ali qui signifie "tue-le"), L'esprit Du Clan continue son histoire, rappelant "L'esprit reste haut / Le clan évolue / Depuis Chapitre 0...", sans que l'on sache si le remplacement de Ben (guitariste) par Fabio (As They Burn) était déjà connu au moment de l'écriture ou si le clin d'œil n'est adressé qu'à Nicolas (batteur parti chez Dagoba) remplacé par Vincent (Darkness Dynamite) après la sortie de Chapitre VI. Le titre est (up)percutant mais mon préféré n'arrive qu'après, c'est "Atlas" et ses paroles coups de poing qui contrastent avec les mesures qui alternent passages ultra speed et moments posés propices au headbang et au déchirement des guitares. Titanesque. Jouant aussi sur tous les registres, "Asphalte" est très bon aussi sans pour autant me hérisser les poils comme son prédécesseur à qui il ressemble un peu dans la construction.
Bonne nouvelle, L'esprit Du Clan a réussi à se reconstruire et compose toujours des morceaux de très haut niveau. Mauvaise nouvelle, ce témoignage n'est tiré qu'à 100 exemplaires, il n'y en aura donc pas pour tout le monde...
Publié dans le Mag #36