Eryn Non Dae - Meliora 3 ans après l'excellent Hydra lernaia, Eryn Non Dae n'est plus chez le poids lourd Metal Blade mais n'a rien perdu de sa verve hardcore/prog métallique qui avait fait le succès (relatif) de son premier effort. Et Meliora, le deuxième opus long-format des Toulousains démontrent que ceux-ci ont toujours à l'esprit cette volonté de développer une musique organique et labyrinthique au sein de laquelle on retrouve des structures tortueuses et complexes, des ambiances chargées en tension larvée ainsi qu'une noirceur souvent palpable à peine contrastée par une luminosité fugitive.

"Chrysalis" et ses quasiment neuf minutes d'une déferlante émotionnelle inaugurale sont là pour en attester, Eryn Non Dae s'offre une plongée apnéique dans les profondeurs de l'âme humaine, tout en s'épargnant les clichés les plus éculés du genre, véhiculés par nombre de contemporains que l'on ne citera pas ici pour ne pas les humilier un peu plus. Toujours est-il que pour une première descente en rappel dans l'univers du groupe et en filigrane la thématique de la métamorphose, l'auditeur est littéralement happé par la musique de Meliora. Un album qui gagne en consistance par la suite avec notamment la ténébreuse intro qui ouvre "The great downfall", avant de laisser la place à des instrumentations qui s'emparent alors de l'espace qui leur est pour saturer l'atmosphère.

Etouffant mais d'une maîtrise qui fait dire que le groupe méritait certainement un meilleur sort que celui de ne plus être chez Metal Blade. Toujours est-il qu'après douze nouvelles minutes d'une musique ample, dense, prégnante, il a déjà largement marqué son territoire, quelque part entre hardcore/prog décharné ("Ignitus") et postcore abrasif ("Scarlet rising"), pour un résultat rugueux, protéiforme et complexe (mais pas trop non plus histoire de ne pas égarer l'auditeur), qui tend à confirmer ce que l'on pensait avant même d'enfourner Meliora dans le mange-disques, à savoir que sur la scène hexagonale, des Eryn Non Dae, il n'y en a pas des masses ("Muto"). Une quasi exception se sublimant sur "Black obsidian pyre", tout en sauvagerie apocalyptique avant que le morceau final "Hidden face" ne vienne parachever cet album de haute volée.

Que sept titres "seulement", mais quels titres ! De la densité, de la noirceur, de la maîtrise et surtout des qualités de compositions rares. Classe.