Erlen Meyer - Sang et or Même si à l'heure où j'écris ces lignes, le RC Lens est en tête du championnat de France (de Ligue 2 mais bon, c'est un détail), je ne pense pas qu'Erlen Meyer ait choisi d'intituler son nouvel album Sang et or pour rendre hommage aux couleurs historiques du club Nordiste. Le digipak offre surtout du noir et blanc et du côté des textes, si on comprend aisément pourquoi le "sang" est mis à l'honneur, je cherche encore pour le précieux métal.

Point de brillance chez les Limougeauds qui charbonnent toujours à remuer les miasmes, à faire macérer ses riffs avant de les jeter à la gueule éclaboussant tout autour sans la moindre vergogne. Ils salissent les ambiances : une basse sourde, des rythmes pesants et des guitares erratiques, seule la voix arrive parfois à donner un peu de douceur (tout est relatif) mais ça ne dure guère longtemps car le chant growlé ou écorché n'est jamais bien loin du clair. Et quand il est clair, on comprend les textes, ces derniers sont ciselés mais écrits à l'acide, la pertinence des choix de rythme (des phrases courtes essentiellement), du champ lexical ("Vipères" !) et l'impression de suivre un même personnage (un "privé" de film noir ?) dénotent un travail approfondi et une réflexion qui va au-delà du simple "texte" (que l'on trouve in extenso dans le livret, merci !). Musicalement, on se fait labourer avec un excellent post-sludge-core peut-être un peu plus sombre encore que par le passé, un ensemble qui pense chaque coup avant de le porter, histoire d'être certain qu'il fasse mal... et quand ils ne pleuvent pas, les riffs servent à construire une atmosphère lugubre où les déchirements comme les moindre craquements amènent l'inquiétude et font frissonner ("Grand duc").

Une fois de plus Erlen Meyer nous transporte dans son univers, un monde glauque et froid où il ne fait bon traîner que parce qu'ils sont nos guides. Et si on prend notre pied à vivre ce genre d'émotions aussi intensément, c'est que ce n'est que de la musique...