Split Envy / Thursday Envy vs Thursday, Thursday vs Envy, un affrontement discographique forcément très tentant sur le papier, concrétisé physiquement sur ce split par les gens du label Temporary Residence Ltd. (Eluvium, Explosions in the Sky, Mono...) et notamment Jeremy deVine, qui a toujours eu le nez fin pour sortir des petits bijoux discographiques... Résultat ? Sept titre oscillant entre émo envoûtant, post-rock addictif et screamo lacéré. Quatre pour les natifs du New Jersey, trois pour les Tokyoïtes et un cocktail musical servit bien frais pour le plus grand plaisir de nos écoutilles mises en alerte maximale pour l'occasion. "As he climbed the dark mountain" débute tranquillement les hostilités, les Thursday semblant ici plus en forme que jamais. Riffing saillant, mélodies brûlantes, les américains marchent sur des charbons ardents et l'intensité émo de leur musique s'en ressent. En bien... Car c'est avec finesse et maîtrise qu'ils nous envoient dans les tympans un "In silence" majestueux qui nous laisse chancelant, sans voix, encore ébranlé par la déflagration émotionnelle. Et non content de nous avoir secoué avec ses deux premiers titres, Thursday poursuit son oeuvre en baissant d'un ton certes, mais en parvenant à nous garder accroché à la platine CD ("An absurd and unrealistic dream of peace"), avant de conclure l'affaire sur un "Appeared and was gone" aussi élégant que dopé en effets sonores, puis de laisser le champ libre aux nippons d'Envy.
Ceux-ci ne tirent pas réellement leur épingle du jeu sur "An umbrella fallen into fiction" en développant la structure désormais classique et prévisible du post-rock minimaliste et doucereux qui finit par exploser sur la fin dans un véritable orgasme sonore aux geysers screamo libérateurs. Efficace certes mais un peu trop classique et prévisible dans la forme, même si ça reste meilleur que sur le split partagé avec Jesu il y a quelques mois... Le premier titre signé Envy tentait de jouer la carte du post-rock façon Mono/Mogwai et consort en y ajoutant sa touche personnelle sur la fin, "Isolation of a light source" marque une petite rupture avec son prédécesseur. Screamo hardcore rageur du début à la fin ou presque, des flots de désespoir qui s'abattent sur nos conduits auditifs alerte, Envy monte en pression et c'est sur le troisième et dernier de ses morceaux que le groupe se lâche complètement. Maniant les constructions et les crescendo émotionnels du post-rock pour les inclure dans son distillat abrasif, la formation japonaise assume son statut de figure de proue du genre et termine de cette manière un split qui tient à quelques infimes détails toutes ses promesses. On attendait de l'émo abrasif et intense, couplé à du screamo-post-rock abrasif, on a eu tout ça et même un peu plus tant les courants ascentionnels de la musique des deux groupes nous mettent au coeur d'une tornade émotionnelle comme on en voit trop peu... Classe.