Envy-eunoia Incontestablement Mono est la figure de proue du post rock japonais mais de plus en plus, Envy vient naviguer dans leur sillage. Abandonnant chaque jour un peu plus son chant "scream" pour davantage porter ses mots en les parlant ou en usant de la langue nippone comme d'un instrument pour créer une ambiance, le groupe fait clairement du "post rock avec des textes".

Si la référence à Mogwai était nécessaire car les Ecossais étaient les initiateurs de ce genre, il est vraisemblable qu'Envy devienne le nouvel étalon de ce style tant il en explore les différentes possibilités. Du classique "comme un sample" puisque certaines phrases sont parlées comme si elles étaient extraites d'un film ou d'une lecture, quelques hurlements (quand même, on ne se refait pas) et des mélodies délicates qui sonnent à nos oreilles comme des nappes de douceur. Sans comprendre le sens des textes (à moins de lire la traduction qu'ils nous proposent dans le livret), les sonorités glissent et on les perçoit comme une ligne musicale supplémentaire dans la construction de l'atmosphère. Une des principales forces d'Envy, c'est de faire passer des émotions, des sentiments et si on conserve l'esprit d'écorchés vifs, leur côté brutal post-HardCore se limite à quelques passages de "Imagination and creation" et "Whiteout", cet Eunoia penche donc bien plus vers la mélancolie et le réconfort (qu'ils le cherchent ou le procurent). Au-delà de l'importance du chant, élément non négligeable, la musique proposée accapare une grande part de l'intérêt que l'on doit porter à Envy avec des rythmiques très organiques et des sonorités de guitares sublimissimes, comment ne pas tomber sous le charme ? Que les notes soient déliées ou se superposent dans des accords soyeux, je pourrais me satisfaire de l'album dans sa version instrumentale tant tout y est précis, délicat et bien pensé. Avec beaucoup de morceaux courts (quatre de moins de 3 minutes 15, un seul autour de 6 minutes), Eunoia chasse l'ennui et ne cesse de rebondir avec de nouvelles idées, ne laissant jamais les riffs s'installer et prendre leurs aises, quand bien même ils seraient excellents ("The night and the void").

Avec un énième album de grande qualité, j'ai encore plus l'envie de voir Envy (comme disait l'autre), peut-être dans quelques mois car ils seront sur les scènes de quelques beaux festivals européens. Ce désir est une autre forme d'empressement, traduction possible du grec Eunoia...