Enhancer - Désobéir Après un Electrochoc explosif où le rap et le métal croisaient le fer avec une énergie débordante, les Enhancer reviennent avec un album en grande partie ... ennuyeux. Alors qu'ils avaient fait monter la pression de manière assez sympathique avec leur "Rock game" où ils proclamaient Tu veux du rock ? Ecoute du rap !, où ils jouaient la carte de l'humour avec les pseudo rock stars de la télé et où ils empruntaient des intonations et le flow des Svinkels (cette façon de balancer le subversif !), on attendait un album dans le même ton, peut-être moins punchy et puissant que le précédent mais certainement pas à cette panoplie de titres gnan-gnan où les mélodies faciles se succèdent, écrasant des guitares insipides qui ont perdu tout leur tranchant. Et si les harmonies vocales qui cassent tout l'intérêt "rap" de ces titres amorphes n'étaient pas alourdies par des arrangements (choeurs, cordes et autres bidouillages), peut-être qu'on garderait un semblant de l'esprit d'NNCR mais non. "Debout", "Petites mains", "Qu'est-ce qu'on va laisser ?", "Rêver sa vie", "Ma planète" sont donc totalement hors sujet pour quiconque apprécie le Enhancer qui se lâche, qui fait péter les rimes, qui fait clasher les flows et qui hâche ses rythmes et ses riffs pour découper ou faire jumper l'auditeur. Et si, déformation professionnelle oblige, on fait attention au texte de "Debout", on est obligé de rire jaune, jouer sur l'image de la guerre pour faire des jeunes en galère des soldats, c'est un peu rendre la guerre supportable, pas sûr que nos aînés ou les ados d'Afrique Noire jugent cela de bon goût. Bon, j'arrête la critique de vieux con réac et je passe aux quelques trucs sympas de l'album, car oui, il y a quelques bons morceaux... Celui d'où l'album tire son titre, "Désobéissant" rend hommage à la désobéissance civile et mêle Gandhi, Martin Luther King et José Bové... Les samples et le travail sur les voix est plutôt réussi, même topo pour le délirant "4444", sorte d'illustration sonore de Brazil avec un fond jazzy. "52ème" propose du rythme et de l'envie, simple et efficace malgré quelques bidouillages approximatifs sur la fin. "SUPERficiel" est un gros délire fort agréable bien dans l'esprit du groupe, tout comme "A vendre", moins délirant mais bien dans la veine de ce à quoi ils nous ont habitué...
Désobéir est soit un album en partie raté, soit un album de transition qui fait suite aux départs conjugués de Difré et E.D.A. qui se font énormément sentir, Davy (ex-Pleymo) a du pain sur la planche pour redonner de l'énergie au combo... si jamais il veut en retrouver.