NNCR live NNCR live Alors, vous êtes les fondateurs de la Nowhere, en fait au départ c'est une asso comme il en existe partout en France, pourquoi y-a-t-il eu un tel retentissement ?
David : A la base, c'est pas une asso du tout (rires)
Tony : C'est une asso informelle
D : A la base, on s'est mis ensemble avec pas mal de groupes, on a fait en sorte que tout le monde se rencontre, tout le monde s'est apprécié et plutôt qu'une asso, c'est devenu un groupe dans lequel on est tous. C'est peu comme si dans Enhancer chacun avait un groupe à côté. Ca s'est fait natuterellement, on a fait la promo de Nowhere avant la promo du groupe, "on sera plus fort si tout le monde se met derrière le même nom". Après ce qui fait dans un premier temps la différence c'est, je pense, le fait que où qu'on soit il y avait toujours un peu les groupes de chacun, à une soirée tu peux voir Keufran de Pleymo débarquer avec Franklin de Noisy Fate, tout le monde se mélange tout le temps, il n'y a plus vraiment la notion de "groupe".
Matt : Pour aussi s'apprécier plus sans se dire "ouais, c'est un groupe concurrent", alors que c'est des gens comme nous, on voulait pas juger entre les groupes, ça sert à rien. Le fait de faire ça, ça nous a permis de nous connaître beaucoup mieux.
T : Ce qui fait qu'il y a eu un retentissement c'est aussi le fait que si on avait été 5 groupes isolés à galérer chacun dans son coin, ça aurait eu moins d'impact, là dés qu'un groupe marchait, ça aidait les autres. Tout ça fait qu'aujourd'hui ça commence à avoir une petite ampleur.
D : Je pense aussi que c'est un mouvement qui était sous-jacent en France et les gens se sont reconnus dans cet esprit là, pas une association mais un groupe de potes qui s'amuse ensemble. Maintenant, chacun a pris de l'ampleur...
T : Et c'est devenu une asso
D : Nan, toujours pas, on n'a pas les statuts d'asso, les noms sont protégés mais on ne veut pas devenir une asso ou un collectif. On veut rester comme on est, c'était un truc pour se fédérer...
Fédérer c'est aussi pour les Kids en mal d'identification ?
D : Je ne sais pas s'ils sont en mal d'identification, c'était un peu brinque-balant en France, y'avait Watcha qui commençait à s'imposer un peu, bon il y avait Mass Hysteria et Lofo mais ils sont là depuis plus longtemps, voilà les gens voulaient du nouveau et ils se sont mis dans ce délire-là.

Le délire, Enhancer, c'est du rap métal festif, alors c'est pour juste faire la fête ou y'a autre chose derrière ?
D : Y'a autre chose derrière ! Le truc, c'est qu'on ne veut pas se prendre la tête, on est là pour s'amuser mais c'est sûr qu'il y a autre chose derrière. Ca fait super longtemps qu'on se connaît, au début on est parti dans l'idée de s'amuser à jouer ensemble, on était assez nombreux, c'était pour le délire "on va faire un groupe, sortir un album", et puis petit à petit ça a pris de l'ampleur, on a travaillé de plus en plus, une première démo, une deuxième démo, de plus en plus de concerts jusqu'à aujourd'hui. Un groupe quand on veut en faire son métier, il y a des points négatifs, mais les trois quarts du temps, on est là pour s'amuser et on est là "wouaaaais" avec le sourir plutôt que "beuuuu". On vient là pour faire la fête et pas pour faire une démo de style.
T : Ou un concert "Satan"....
M : C'est vrai que c'est une musique qui est assez violente et il y a une espèce de contradiction, parce qu'on vit une époque dure, mais on a envie de faire la teuf, donc on se retrouve dans le côté violent et en même temps dans le côté festif. Tout n'est pas si désespéré !
(rires)

Vous avez enregistré dans 2 studios, ça n'a pas du être facile à gérer ?
M (sur un ton pas du tout convaincu) : Si, c'est très bien
(rires)
Question suivante ?
(rires)
T : Non, on est satisfait, en Belgique, ça a été enregistré en août 99 et à Paris, c'est des trucs qu'on a rajouté après, le temps que l'album murisse, on a pu rajouter d'autres titres.
D : Je pense que l'album est un tout, il n'y a pas deux parties séparées, l'un sans l'autre ça n'aurait pas été Enhancer, c'est un premier album, tout le monde est satisfait pour un premier album...
T : On a trouvé une bonne unité
D : Pour le prochain album, il y aura peut-être encore plus de mélanges. Le fait de travailler dans 2 studios différents, je trouve ça intéressant pour nous, rien que de travailler avec différentes personnes pour une première prod', ça nous permet de comparer. Et là je pense que Stephan est très bon pour faire du métal, des grosses guitares, et après on a bossé au Twin qui est un studio qui a fait les trois quarts des groupes de rap en France qui tournent, ça apporte quelque chose. On a appris différentes choses à la voix mais aussi aux instrus, des trucs qu'on aurait pas travaillé ailleurs. C'est un tout.

C'est un tout mais il y a des morceaux très rap et d'autres très métal, le public rap comment reçoit-il les morceaux ?
D : Le public rap... ? C'est plus des gens qu'on connaît qui sont dans ce milieu-là, pour l'instant, j'en ai pas vu qui m'ont dit "ouais, tu te fous de ma gueule ou quoi ?" ! Pour l'instant, les mecs qui managent des groupes de rap de chez nous, des groupes de la région, ça ne les dérange pas qu'on fasse du rap en même temps que du métal. Là, il y en a qui nous ont proposé de faire des instrus sur des nouveaux morceaux, peut-être qu'il y aura un featuring avec des mecs qui font plus du rap, ça ne les dérange pas. Je pense que le public rap de base est encore plus fermé que le public métal, et le public métal n'est pas toujours ouvert...
T : Là, la semaine dernière on a fait un petit concert au club Dunois en tant qu'invité. Il y avait des purs hardcoreux, HxC, straight edge et ils ont fait "pourquoi vous dîtes HardCore, c'est pas bien", à la limite, ils sont moins ouverts que les gens du rap avec qui on est bien.
D : Moi, je pense qu'il y a des gens extrêmes dans les deux cas. Après on est pas là pour se revendiquer Hard Core, on n'est pas du vrai Hard Core New Yorkais ou je ne sais quoi, on ne fait pas du vrai rap. On fait ce qu'on a envie de faire et si quelqu'un n'est pas content, bah, qu'il n'écoute pas et voilà.
Les Français sont beaucoup plus frileux que les américains dans ce style...
T : Ouais, malheureusement...
Q : On n'est pas aussi ouvert en France qu'aux Etats-Unis, ça se voit, ce qui marche en ce moment aux States, c'est vraiment de la fusion rap et métal, en France, disons qu'il n'y a que des formations de gens qui ont fait ça dès le début, mais il n'y a pas beaucoup de rapeurs qui vont voir des groupes de métal et qui font des trucs, ça ça ne se fait pas.
D : Des deux côtés, la vague de rap en France est plus récente qu'aux Etats-Unis, il n'y a pas le même travail derrière, pareil pour le milieu du néo-métal entre guillemets qui est plus récent en France. Ca se fait avec un décalage, d'ici peu, les gens vont s'ouvrir sur d'autres musiques, ça aidera ou pas, ce sera pas trop grave pour nous (rires)... Mais je pense que si aux USA ça ne dérange pas que Method Man chante avec Limp Bizkit, ici ça dérangerait peut-être que Oxmo Pucino ou Passi chante avec Pleymo ou j'en sais rien, même si ce n'est pas des références...
Pleymo ?
(rires)
M (qui en rajoute une couche) : Tu parlais de Pleymo !!!
(rerires)
D : Ah, le lapsus...
M (faussement sérieux) : Passi est une très grande référence...

Comme il y a un décalage, la comparaison est systématique avec le néo-métal entre guillemets américain, ça doit gaver non ?
T : Ce matin, on a reçu un mail d'un mec qui fait "vous devriez bosser encore pour être à la hauteur des Américains" mais c'est pas le but recherché, c'est pas la guerre, on lui répond : "on a qu'à foutre une bombe sur les Etats-Unis !"
(rires)
T : On est français point, les frontières on s'en branle, on essaye de faire notre truc. Les américains ont de l'avance, y'a des trucs qu'on écoute depuis longtemps, où est le problème ?
M : La fusion qu'on a faite nous, et c'est pas pour dire "putain on l'a fait, super", on ne s'est jamais dit "eux ont fait de la fusion", ça c'est fait naturellement, ça ne plaît peut-être pas à des gens mais ça s'est fait naturellement, on ne s'est pas posé la question, on ne s'est pas dit "ouais, chopons 3 gars qui font du rap", non, on se connaissait tous avant, on avait envie de faire de la musique, on a fait ça parce que ça nous plaisait, on aurait pu faire de la bossa ou du reggae, j'en sais rien. On n'a pas fait ça parce que "ça va marcher" ou parce que "ça marche aux Etats-Unis" la preuve, c'est que c'est pas l'explosion, nous ça nous plaît alors on le fait.
D : Et un jour il va falloir arrêter de faire des comparaisons avec les américains parce qu'on n'est pas au même niveau. Le jour où on aura les mêmes prod' et les mêmes moyens, là on pourra peut-être commencer à comparer. Moi je ne me sens pas moins fort qu'un Limp Bizkit ou un KoRn, je ne me sens pas plus fort non plus, je fais ce que j'ai envie de faire, on fait comme on peut, on apprend, c'est un premier album. Après dans la musique, si tu veux avoir le son, il faut les sous, c'est tout. C'est aussi bête que ça, t'auras pas le son en enregistrant dans ta chambre. Ca reste une question de prod' et de moyen, le jour où les maisons de disques en France s'investiront autant qu'aux Etats-Unis... En France, les mecs veulent pas se mouiller tant qu'ils ne sont pas sûrs que ça rapporte.
T : Et je pense que c'est un complexe un peu français, se dire "les américains nous niquent", c'est le complexe qu'on a, que ce soient les agriculteurs ou d'autres, en musique t'as des groupes comme Meshuggah, c'est pas des Américains, c'est des Suédois et ce qu'ils font ça butte pas mal d'américains dans le genre... A l'époque des groupes comme No Return allaient enregistrer leur album aux Etats-Unis et les Américains les respectaient, il n'y a pas de guerre, c'est un complexe un peu français...
Q : Depuis qu'on a gagné la coupe du monde, ça a changé !
(rires)

NNCR live NNCR live Tu parlais des mecs qui enregistrent dans leur chambre et sur l'album il y a les interventions de VOST et de EDA qui enregistrent certainement dans leur chambre (rires), pourquoi avec Enhancer et pas un autre groupe de la Nowhere ?
M : Ils se sont mis sur nous parce que c'était l'occasion de les faire connaître à travers tous les albums qu'on essaye de sortir, c'est l'intérêt et c'est celui de Nowhere. On les a mis dessus parce que notre album sortirait avant le projet qu'ils vont concrétiser ou qui va se faire sous un album Nowhere. On essaye déjà de les mettre en avant pour s'aider tout simplement et pas se faire de la pub' entre nous. Pour que tout le monde y arrive, s'il n'y a qu'eux qui y arrivent et bah, tant mieux, au moins on aura essayé de faire ça.
T : En fait il nous manquait 2 titres...
(rires)
D : C'est un plus pour tout le monde, c'est un plus pour les gens, on leur offre deux titres en plus et l'album fait 74 minutes ! Même si on se tape un délire de 10 minutes à la fin. On a fait tout ce qu'on avait envie de faire. VOST, il est guitariste dans Pleymo avant il était dans Enhancer... Etienne s'occupe des samples, les gens ne le voient pas avec nous sur scène mais il est avec nous sur les photos
M : On l'appelle souvent le demi d'ailleurs
(rires)
D : Parce qu'il fait 1 mètre... (rires) On l'a appelé EDA, c'est un projet parallèle.
M : Ca montre notre ouverture aussi, on n'est pas limité à faire de la guitare à fond du début à la fin.
T (qui interpelle Matt parti dans un beau discours) : Et tes chevilles ça va ?
(rires)
T : Tu parles de notre ouverture d'esprit, de notre largesse tout ça...

Là on parle d'ouverture d'esprit et vous jouez avec Biocide qui ont une musique très barrée et même "mentale" je dirais
M : Ca se passe très bien avec eux !
Ca s'est fait comment ?
M : La première fois qu'on les a vu, c'était à Paris... Ils ont un accent, ça nous a fait du bien, heureux d'avoir un accent du sud chez nous...
Q : Et comme Paris venait de battre Marseille
(rires)
Anticipe pas les questions !!!
(rires)
M : Et voilà, on les a hébergé un soir, ils étaient ravis et nous on est contents, ils nous aident...
Q : En plus ils nous prêtent des amplis...
(rires)
M : Je ne dis pas qu'on est les meilleurs potes, ce n'est pas vrai mais on s'entend très bien, ils sont très sympas et c'est pas parce qu'ils font une musique différente de la notre qu'on ne doit pas les apprécier
Et donc ça se passe bien entre supporters de l'OM et du PSG ?
(rires)
M : On leur propose de faire des foots mais...
Q : ...Pour l'instant on en est qu'aux batailles de pelochon dans les hôtels à 4h du mat'
M : Ce soir, on leur réserve une petite surprise...

Paris, Marseille, la province, quid du parisianisme que toute la province envie ?
M : Mais c'est débile !
D : C'est légitime de la part de toutes les personnes qui sont en province d'envier les gens de Paris pour les moyens professionnels. Tu peux pas le nier, les magazines sont à Paris, on est copain avec une fille, Nathalie Vincent, qui bosse chez RockSound et quand on l'a rencontré, on ne savait pas qu'elle bossait chez RockSound, on l'a rencontré par hasard, donc être sur Paris, ça aide. Après on essaye de filer des coups de main à des groupes en province avec la street-team. Le truc commence à acquérir un peu de notoriété, c'est pas énorme mais on essaye de recruter toutes les personnes intéressées pour filer des coups de main, tous les gens qui sont un peu actifs dans ce milieu et après on renvoie à tout le monde les adresses de chacun pour essayer de travailler ensemble et agrandir le réseau pour ne pas faire de différences entre Paris et la province. Beaucoup de gens qui sont en province aimeraient bien être à Paris mais nous des fois on aimerait bien être en province.
M : Nous, on aimerait bien être en province des fois parce que Paris c'est bien pour ça mais ... ça pue.
(rires)
Q : Mais ce n'est pas forcément vrai, parce que t'as des groupes qui étaient underground et qui ont bien marché, Mass Hysteria c'est Paris (Et y'a des bretons) mais Noir Désir c'est Bordeaux, Dolly c'est Nantes, Burning Heads c'est Orléans, finalement dans ceux qui ont vraiment cassé la baraque ils ne sont pas que de Paris.
M : A Paris, pour l'underground, il y a peut-être plus de réseaux, plus de salles dans la région mais après l'ambiance...
Q : Y'a aussi plus de monde qui joue
M : Il faut relativiser entre le gars qui habite effectivement un bled paumé qui adore le métal, mais y'a pas de salle à moins de 100 bornes et des endroits en province où on a fait d'excellents concerts
Q : Je suppose qu'ici ça bouge quand même pas mal... C'est une grande ville
C'est vrai, on n'a pas à se plaindre
M : Y'a la Belgique pas loin, ça bouge bien aussi.

Internet, vous voyez ça comment ? Est-ce que vous allez y mettre les démos qui sont épuisées depuis perpét" ?
D : On a réfléchi et on a proposé au label de les mettre et là-dessus y'a un truc que je comprends très bien parce que les gens du label sont comme nous, ils nous disent que le fait de mettre des démos et de dire "allez-y, gravez-les", ils ont peur que ça incite les gens à graver les disques. Eux, ils vont essayer éventuellement de les represser, pour l'instant on ne s'avance pas parce qu'il n'y rien de fait du tout mais peut-être qu'on les repressera, qu'on refera un mixage. Pour l'instant, on ne sait pas du tout, mais on s'est posé la question et on ne sait pas comment faire.
M : Internet, c'est vraiment utile, Fredéric, notre guitariste a fait un site et c'est vraiment intéressant pour communiquer. Là, on a eu un problème avec une date annulée, on a pu tout de suite le dire sur Internet, même si ça ne devrait pas être à nous de le faire, ça va permettre aux gens de ne pas se pointer pour rien. Mais ça va aussi servir pour des coups de gueule, de l'aide, pour la street-team, pour pleins de trucs, c'est un outil intéressant et qui va encore évoluer. Tu vois, on fait de plus en plus d'interview pour les gens sur Internet ! Il y a 2 ans, je pense que t'en faisais jamais...
Bah, y'a deux ans, on n'avait pas commencer les interviews...
T : Internet, c'est interactif et le public de hard core, de métal est vachement actif et qui est branché sur Internet.

Quelque chose à rajouter ?
D : On va faire une petite dédicace au team Nowhere si tu peux tous les citer ce sera très bien (NDNoisy Fate, Wunjo, AqME, Pleymo, EDA et VOST) et une autre pour les gens de Rumble, c'est une marque qui fait du hiphop qui nous a filé beaucoup de coups de main et qui ont un super esprit, et une boîte qui s'appelle Réfléchis'sons qui nous aident grave sur la matériel parce qu'en ce moment on est en galère.
M : On n'est pas un panneau publicitaire, c'est des gens sains, c'est pas des boîtes comme Sony, c'est des gens qui se défoncent comme nous.