Plus ou moins actif depuis le milieu des années 90, Embryonic Cells livre son cinquième album cette année avec un effectif réduit puisque les originaires de Troyes sont passés à ... trois. Exit les synthés, le combo s'est recentré sur les instrus "de base" (la basse de Fred, la batterie de Djo et la guitare de Max) pour poursuivre son exploration du monde métallique où l'on trouve du death (là aussi, c'est une constante vitale) mais également un peu de toutes les autres sauces métal selon les titres (pas mal d'influences black mais aussi des touches de heavy et même de rock plus posé).
Alors que j'étais resté totalement imperméable à leur précédente galette (Horizon en 2018), le fait qu'il s'éloigne d'un black porté par les claviers me sied bien davantage, on se retrouve avec une musique hybride bien difficile à "ranger" dans une case et qui met mal à l'aise de par la noirceur et la violence qu'elle dégage. Cela tient beaucoup du chant de Max qui est à l'aise dans plusieurs registres et se démarque des traditions black/death avec son chant "parlé en mode nu-wave", un chant qui fait froid dans le dos et colle parfaitement aux instruments qui, quand ils arrêtent de labourer à grande vitesse, arrivent à se faire encore plus incisifs et saignants. Ce qui est dingue, c'est que la plupart des ingrédients d'un titre comme "You're so full of fear", s'ils étaient présentés séparément, pourraient me faire hurler au scandale, chacun connaît mon horreur des chœurs et de la cold-wave mais là, les gars font en sorte que ça se tienne et qu'on se prenne au jeu, nous laissant au cœur d'un titre assez épique et parfaitement construit.
Decline est un album de reconstruction pour Embryonic Cells, il laissera peut-être sur leur faim les fans qui suivaient le groupe depuis longtemps mais devrait en toucher un autre public, amateur de sensations aussi fortes qu'étranges.
Publié dans le Mag #45