Electric Wizard - Black masses Black masses, messes noires pour amateurs de stoner-doom psychédélique et enfumé, les sorciers d'Electric Wizard dépoussièrent leurs grimoires ramenés des 80's et éclairent ici à la bougie un disque ouvertement old-school et, comme souvent avec eux, un peu en marge de la production actuelle. Une huitaine de plages sonores pour une petite heure d'un voyage électrique et sensoriel à travers les années 70 et 80. Un premier titre, "Black mass", incantatoire pour se mettre en orbite et le reste pour se laisser envoûter (ou pas) par les vapeurs narcotiques de morceaux habités par le malin et quelques autres substances prohibées, les "Venus in furs", "Night child" et autres "Patterns of Evil" font la part belle à ce que le groupe sait faire de mieux. A savoir livrer des compositions nappées de riffs plutôt bien heavy et drapées dans des "mélodies" possédées, l'ensemble étant servi par une production des plus crasseuses stimulant les effets de la musique des anglais sur l'activité neuronale de l'auditeur. Diabolique.
Les membres d'EW sont des drogués notoires et comme à leur habitude, l'issue de leur album est assez incertaine : on ne sait pas trop où l'on va mais dans le doute, on les laisse faire, comme sur "Satyr IX", malsain à souhait mais lesté de ce riffing lourd et obsédant qui fait aussi la marque de fabrique du groupe, surtout lorsqu'il se met en opposition au psychédélisme latent qui s'est emparé de l'oeuvre des anglo-saxons depuis quelques années. Le chant est plaintif à l'excès, les atmosphères, ténébreuses et le groove, maléfique (le bien nommé "Turn off your mind"), Electric Wizard se complait dans ses jams psychotropes et ensorcelants, danse avec les ombres ("Scorpio rising") et délivre un stoner-doom aussi épais que saturé, fiévreux et hypnotique. Un dernier pour la route avec une plongée en apnée dans la "Crypt of Drugula", pour laquelle le cortège anglais instille une ambiance de film d'horreur à la fois elliptique et oppressante, mystique et effrayante, puis le retour de la lucidité au terme d'un album encore une fois gorgé de disto et au cérémonial raffiné. Tel est ce groupe atypique en 2011, auteur d'un mythique Dopethrone il y a quelques années et toujours enclin à enfanter de disques célébrant l'occulte qui ravissent invariablement les inconditionnels du genre.