Earthship -  ... As if she were a black bird Après deux albums plutôt remarqués, parus par l'intermédiaire du très recommandable Pelagic Records (Abraham, Coilguns, EF, The Ocean), soit Exit eden puis Iron chest, Earthship poursuit son cheminement musical chez Raddatz Records (Arcade Eyes) en raccourcissant son format à l'heure de livrer cet ... As if she were a blackbird, composé de trois petits titres seulement. Mais une tierce majeure pour un groupe distillant ici et mieux que jamais au cours de sa carrière son si fascinant cocktail mélangeant doom-hardcore racé, metal alternatif fuselé et prog'n'roll vénéneux (l'excellent "The descent").

Organique et nébuleuse, la musique du groupe se veut à la fois mouvante et posée, tantôt aérienne, tantôt plus terrestre sinon tellurique, effleurant les contours d'un stoner/sludge en s'abandonnant ci et là dans un psychédélisme heavy du plus bel effet ("Coyotes"). Non conventionnel mais pas non plus complètement borderline, le travail Earthship se révèle d'une cohérence redoutable quand bien même il aime jouer de ses paradoxes créatifs pour mieux se réinventer en permanence. Preuve de cet état de fait, le troisième et dernier titre de l'EP, soit l'éponyme "... as if she were a black bird", qui convoque sur une même piste audio math-rock surpuissant, (post)metal instrumental de haute volée et rythmique particulièrement soutenue, au bord de la frénésie mesurée et surtout d'un choc des styles parfaitement administré. On valide.

Trois morceaux pour même pas douze minutes d'une excellente proposition musicale, une formule intelligente et parfaitement inspirée servie à point par un trio qui depuis ses débuts et encore plus aujourd'hui assume la pleine maîtrise de son sujet, cela reste court. Mais plutôt que de se perdre en longueurs dispensables comme certains de ses contemporains que l'on ne citera pas ici, Earthship préfère la concision aux développements inutilement interminables, l'efficacité au faux-semblant, à l'artifice éculé, ce que l'on avait du reste déjà entrevu sur ses deux précédents opus. Et le fait très bien tout au long de cet ... As if she were a black bird plutôt jouissif dans son genre. Preuve que quand on a le talent, le savoir-faire et les idées, le format importe finalement assez peu...