DustBowl - In Recoil Des musiciens hors pair, un chant de grande qualité, un groupe mature et de grand talent. Ainsi est Dustbowl... le déconcertant Dustbowl ("Zone désertique" en français). Vu l'artwork, et le nom du groupe je m'attendais naturellement à du metal sombre, brutal, probablement de qualité, avec les ingrédients habituels : distortion, passages mélodieux, ingéniosités techniques, mais pas à une telle cabriole de sons. Après la sortie de leur premier album Drops of chaos, les Dustbowl nous dévoilent de nouveau leur vision du "heavy cold rock". Et juste pour vous donner une idée de la richesse de leurs influences, on y trouve Paradise Lost, Tool, Katatonia et Radiohead. Le groupe sonne différent et enrichi à chaque piste, et pour la confrérie des chroniqueurs c'est une impression inhabituelle, surtout quand le résultat obtenu est aussi époustouflant. Pour ne rien gâcher, le chant est bien supérieur à ce que j'ai l'habitude d'entendre. Soyons honnêtes, ce chanteur est un véritable don fait au groupe.
Alors, que renferme cette surprenante galette ? Dans In recoil il y aura toujours une base métallique, des riffs rapides, lourds, cadencés avec habileté. Le premier morceau, "Irony", se déchaîne à loisir, le metal clamant sa puissance, alors quand commence le deuxième et que le souvenir des remixes de Depeche Mode me saute à l'esprit je me sens coupable. Est-ce le même groupe ? Ma playlist me joue-t-elle des tours ? L'univers change complètement, comme une seconde peau par-dessus le cœur battant du metal. Katatonia se rappelle également à moi durant l'écoute, tel un caméléon, l'album dévoile ses différentes peaux, formant un palimpseste de couches sonores. Pour la suite, le quatrième morceau nommé "Thou shalt suffer" est un vrai délice, du hardcore fourni de duos clair/saturé, comme une hache de guerre plantée brusquement derrière les 2ème et 3ème morceaux semblant sortis d'une platine remixe de NIN. Au morceau numéro 5, "Losing ground", le cœur metal de Dustbowl revêt une peau différente et dévoile le sentiment et la tempérance dans un duo masculin/féminin créant également un univers féérique comme sorti de la Fantasy. Par la suite, c'est à la comédie musicale que je pense, avec les déclamations d'une voix pure, l'imaginaire d'une scène dramatique se dressant devant moi. La piste 11, "When we finally fall", me rappelle la chanteuse de Leiden, une voix pure, latente, intervenant dans le morceau avec brio.
Puis sans attendre, la peau se déchire à nouveau pour dévoiler celle d'un metal frénétique qui reprend sa cadence sous une forme instrumentale. L'attente donne lieu à un chant suave, clair, loin des affres colériques, et c'est en apothéose que je découvre des chants grégoriens suivis de sublimes solos de guitares. In recoil est un album caméléon, émotif, animal, tendre, mature, mais toujours doté d'une rythmique propre à chaque ambiance.